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États-Unis : quand la guerre révolutionnaire se profile derrière l’élection

5 octobre 2024

Temps de lecture : 9 minutes
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États-Unis : quand la guerre révolutionnaire se profile derrière l’élection

Temps de lecture : 9 minutes

Foire aux questions.

1. Quel est le bilan des dernières semaines ?

Sep­tem­bre 2024 a com­mencé par une reprise en main de la cam­pagne de Trump. Son entourage direct  — en par­ti­c­uli­er son fils Don­ald junior et Tuck­er Carl­son — ont large­ment con­tribué au ral­liement de RFK junior, de Tul­si Gab­bard, ain­si que d’Elon Musk, tous orig­inelle­ment démoc­rates. Ceci a pu com­penser le péplum hol­ly­woo­d­i­en d’une sur­prise qui n’en était pas une : la canon­i­sa­tion de Madame Kamala Har­ris par le sovi­et suprême des médias de grand chemin.

Trump était alors en mesure de mon­tr­er qu’il  dis­po­sait d’une équipe de poids lourds capa­ble de régénér­er la san­té d’un peu­ple  améri­cain voué dès l’enfance aux aux mal­adies chroniques et à  l’obésité (plan de Kennedy, visant à stop­per la « guerre con­tre la jeunesse » menée par les multi­na­tionales de la mal­bouffe, de la pol­lu­tion, et du médica­ment), opti­miser le gou­verne­ment  – c’est-à-dire faire le ménage au sein des min­istères et des agences gou­verne­men­tales (pro­jet d’Elon Musk), met­tre fin aux guer­res payées par les uns au prof­it des autres ( ambi­tion de Tul­si Gab­bard), lut­ter con­tre la cen­sure exer­cée par la « nomen­klatu­ra » représen­tée par ceux qui ont le mono­pole du faire et du dire (idée-clé de Trump, de son vice-prési­dent JD Vance, en fait de toute l’équipe trumpi­enne), sans oubli­er le con­trôle des frontières.

Puis survint le débat prési­den­tiel du 10 sep­tem­bre com­man­dité  par les fonds Van­guard, Black­rock et State Street, (par­don, Dis­ney Enter­tain­ment, re-par­don, la chaîne ABC!). Con­traire­ment aux avis de ses proches qui lui recom­mandaient d’ignorer Kamala Har­ris pour s’at­ta­quer à son véri­ta­ble adver­saire, autrement dit au sys­tème du « marécage » déten­teur du vrai pou­voir, représen­té ce soir-là par les jour­nal­istes de la fil­iale de Dis­ney, il s’est rabais­sé au niveau de la can­di­date caméléon, choi­sis­sant (par dés­espoir?) de martel­er l’idée que les haï­tiens illé­gaux mangeaient les chats et les chiens de la ville de Spring­field, Ohio. Ce sur quoi se sont focal­isés les médias qui enfourchèrent de plus belle le destri­er de l’antiracisme.

Dans ce tin­ta­marre, les révéla­tions par déc­la­ra­tion asser­men­tée d’un lanceur d’alerte employé par ABC, dif­fusées la veille du débat aux par­lemen­taires, ont eu très peu d’écho : l’intéressé en ques­tion affir­mait dis­pos­er d’un enreg­istrement prou­vant que la chaîne de télévi­sion et la cam­pagne Har­ris s’étaient enten­dues d’avance sur le dos de Trump. Ce qui a été nié par ABC, la com­pag­nie étant par ailleurs préoc­cupée par le fait que le mil­liar­daire Bill Ack­man (fon­da­teur du fonds Per­sh­ing, démoc­rate de tou­jours mais ral­lié à Trump pour sa défense d’Israël) venait de s’in­sér­er dans la polémique en met­tant en cause la crédi­bil­ité de Bob Iger, PDG de Disney.

2. Trump a‑t-il raté son coup dans le débat ?

Les avis sont partagés. Cer­tains, furieux comme le chroniqueur Bill O’Reil­ly, l’affirment. Ils lui reprochent d’avoir per­du un temps con­sid­érable à se jus­ti­fi­er et à appa­raître comme un nar­cisse revan­chard, sanc­ti­fi­ant ain­si l’incompétence de Kamala Harris.

D’autres, au con­traire, pensent que Trump, con­scient que l’aveugle droite bobo ne votera jamais pour lui, a délibéré­ment choisi de vis­er les pop­u­la­tions démoc­rates encore à con­quérir des états piv­ots de la prési­den­tielle (Ari­zona, Neva­da, Wis­con­sin, Michi­gan, Penn­syl­vanie, Car­o­line du Nord, Géorgie, et.) ain­si que de ceux qu’il faut repe­u­pler d’élus répub­li­cains, en par­ti­c­uli­er l’État de New York ou la Cal­i­fornie. Ces pop­u­la­tions démoc­rates ressen­tent, con­sciem­ment ou non, qu’il y a quelque chose d’opaque dans l’ob­ses­sion des élites à ouvrir les fron­tières.  Les états piv­ots ont en effet changé  depuis 2016 et 2020. Tout obser­va­teur remar­quera en effet que la stratégie fron­tières-ouvertes des démoc­rates, ain­si que l’expliquent très bien JD Vance, Tuck­er Carl­son, ou Elon Musk, a eu pour com­plé­ment le « mas­sage” des dis­posi­tifs admin­is­trat­ifs exis­tants afin de « légalis­er » d’un trait de plume les nou­veaux entrants qui dis­posent alors de tous les avan­tages, aides et pro­tec­tion sociale dont béné­fi­cient d’autres caté­gories, tels les deman­deurs d’asile. Or ces immi­grants sont ensuite trans­portés par le gou­verne­ment fédéral là où ils seront poli­tique­ment utiles dans la mesure où il est rel­a­tive­ment facile dans beau­coup d’États de s’inscrire sur les listes élec­torales lors de deman­des de doc­u­ments admin­is­trat­ifs (per­mis de con­duire en par­ti­c­uli­er). En sup­posant qu’ils voteront mas­sive­ment démoc­rate, ce qui reste à démontrer.

3. L’affaire des chats et des chiens ne serait donc pas une gaffe ?

Prob­a­ble­ment pas. L’af­faire des chats et des chiens, parce qu’elle a été mas­sive­ment relayée par les grands médias, aura eu un effet boomerang, ayant per­mis aux pop­u­la­tions des petites et moyennes villes de ces états piv­ots (qui vont faire l’élection) pren­dre con­science des trans­for­ma­tions démo­graphiques bru­tales qui inquiè­tent les cols  à bleus, démoc­rates comme répub­li­cains, et de toutes orig­ines eth­niques. En trois semaines la pop­u­la­tion a ain­si pu réalis­er  com­bi­en, du jour au lende­main, un immi­grant « illé­gal » devient « légal  »… là où il faut! Ce qui est le prob­lème de la ville de Spring­field, dans l’Ohio.

4. Pourquoi doit-on parler de guerre révolutionnaire et non d’élections ?

Cette élec­tion n’a rien à voir avec le choix entre deux per­son­nes jugées sur leur com­pé­tence ou leur ama­bil­ité. Cette page a été tournée  depuis Oba­ma. Deux sys­tèmes s’affrontent : le sur­saut démoc­ra­tique représen­té par Trump, qui ose con­fron­ter le « par­ti unique à vie » aujourd’hui coal­isé autour de Dick et Liz Cheney, ain­si que des oli­gar­ques du « swamp » qui manip­u­lent effi­cace­ment la for­mi­da­ble machine du par­ti démoc­rate. Des deux côtés tous les coups sont per­mis. Ceci s’explique par le fait que les États-Unis ressem­blent de plus en plus å une Union Sovié­tique ver­sion high tech. L’on y véri­fie de plus en plus la pré­dic­tion de Brecht : si le peu­ple démérite du pou­voir parce qu’il veut chang­er ses dirigeants, ne faudrait-il pas plutôt chang­er de peu­ple? L’oligarchie sem­ble avoir décidé. Et choisi son glad­i­a­teur : le par­ti démoc­rate, trans­ver­sal et hors sol, qui coalise les hyper-rich­es et les hyper-pau­vres (ces derniers agis­sant comme les troupes de choc des précédents).

L’arrivée du phénomène Trump a tout boulever­sé,  quand bien même le per­son­nage s’avère par­fois bien mineur eu égard à la vague d’espérance qu’il a sus­citée. Il n’en reste pas moins que Trump, avec ses méth­odes de trot­skiste, est depuis huit ans un empêcheur de chang­er de peu­ple. Son mou­ve­ment a dérouté la ten­dance au monopar­tisme. C’est pourquoi nous esti­mons que deux mou­ve­ments révo­lu­tion­naires s’affrontent aux États-Unis  sous le masque d’une par­o­die d’élec­tion libre. La fin y jus­ti­fie les moyens. Et comme en toute révo­lu­tion on assiste dans les deux camps à une lutte pour un change­ment de régime. Le pre­mier camp, le plus riche, veut rem­plac­er le pays et l’État par un blob hégé­monique impi­toy­able mais ruis­se­lant de moral­isme. Le sec­ond, le moins for­tuné, croit pou­voir rem­plac­er l’oligarchie en revenant à la con­sti­tu­tion orig­inelle afin de pou­voir relancer la machine impéri­ale, la clas­sique, de l’intérieur. Le pre­mier ne voit dans la démoc­ra­tie que for­mal­ité pra­tique, le sec­ond y voit une pos­si­ble régénéra­tion du peuple.

5. Où en est l’état des forces en présence ?

Le mois de Sep­tem­bre à été per­tur­bé par une deux­ième ten­ta­tive d’assassinat de Don­ald Trump, suiv­ie de sondages beau­coup moins défa­vor­ables à ce dernier. Il sem­ble désor­mais assez clair au par­ti unique que Kamala Har­ris, bien qu’ex­cel­lente actrice de ciné­ma, ne soit pas à son aise sur une scène de théâtre. Le direct la paral­yse quand bien même  pub­lic et jour­nal­istes lui seraient déjà acquis. Sa cam­pagne est faite par les médias, Hol­ly­wood, et les insti­tuts de sondages qui ten­tent de démoralis­er les électeurs de Trump.

La cam­pagne de Trump mise de plus en plus les pod­casts, cepen­dant que ses alliés par­lent de plus en plus sur les grands médias, et avec suc­cès. Trump vise le col­lège élec­toral et donc les états piv­ots qui sem­blent bas­culer en sa faveur. Mais les deux camps atten­dent la tra­di­tion­nelle « sur­prise d’octobre”.

6. Quelle sera la surprise d’octobre?

D’abord il est tou­jours pos­si­ble que Trump, saisi du démon de la jalousie à l’égard de la pop­u­lar­ité gran­dis­sante de ses alliés (Vance et Kennedy en par­ti­c­uli­er) sabor­de sa pro­pre cam­pagne. Mais ses deux fils sem­blent veiller à ce que cela n’ar­rive pas.

Plus sérieuse­ment, l’on peut envis­ager deux pos­si­bles types de « surprises ».

Dans le pre­mier cas, la sur­prise pour­rait jail­lir de la boîte de pan­dore judi­ci­aire mon­tée depuis un an par la cam­pagne Biden afin d’épuis­er et ruin­er Trump. Les procé­dures n’ont pas don­né grand-chose, et il sem­ble désor­mais très  peu prob­a­ble que Trump puisse pass­er qua­tre cent années sous les bar­reaux. Ces procé­dures auront toute­fois démon­tré les com­plex­ités sou­vent viciées du sys­tème judi­ci­aire des États-Unis qui, selon la maxime des juristes, peut incar­cér­er pra­tique­ment tout le monde, « jusqu’à un sim­ple sand­wich au jambon ».

Dans le sec­ond cas, poussée au dés­espoir, l’oligarchie déplac­erait la cam­pagne sur le front mil­i­taire. Con­tre la Russie et/où con­tre l’I­ran. L’intérêt d’une guerre ouverte avec  Moscou via l’Ukraine per­me­t­trait d’or­gan­is­er quelques gigan­tesques rafles par­mi les sup­port­ers de Trump, et de se débar­rass­er de Trump comme des iso­la­tion­nistes de haut niveau (Gab­bard, Carl­son, Musk, Kennedy), les accu­sant de trahi­son. L’intérêt d’une guerre ouverte avec la Russie via l’I­ran per­me­t­trait au con­traire de faire tourn­er casaque à Trump et de le lancer lui-même con­tre l’I­ran, donc se coupant de ses alliés paci­fistes, et surtout de remet­tre en selle Mike Pompeo.

Ce ne sont ici que des hypothès­es, mais par­i­ons que les appren­tis-sor­ciers caressent de tels rêves.

7. Que conclure provisoirement ?

Lais­sons ici la parole à Elon Musk. Dans un mes­sage du 29 sep­tem­bre, il précise :

« Bien peu d’américains le réalisent, si Trump n’est pas élu, ce sera la dernière élec­tion. Loin d’être une men­ace pour la démoc­ra­tie, il représente le seul moyen de la sauver! Je m’explique : si 1 sur 20 immi­grants illé­gaux est nat­u­ral­isé amėri­cain chaque année (…), cela fait 2 mil­lions de nou­veaux électeurs en 4 ans.

La marge de vote per­me­t­tant de gag­n­er dans les états piv­ots est sou­vent inférieure à 20.000 voix. Cela sig­ni­fie que si le par­ti « démoc­rate » gagne cette année, il n’y aura plus jamais d’états piv­ots! Or, l’administration Biden Har­ris a con­stam­ment trans­porté par avion nom­bre de « deman­deurs d’asile » dans des états piv­ots tels que la Penn­syl­vanie, l’Ohio , le Wis­con­sin et l’Ari­zona. Voilà bien une façon sûre de gag­n­er chaque élection.

L’Amérique devien­dra alors un pays mono-par­ti et la démoc­ra­tie sera ter­minée. Les seules élec­tions à venir seront les pri­maires du par­ti démoc­rate. C’est ce qui est arrivé en Cal­i­fornie il y a des années, à la suite de l’am­nistie de 1986. Alors toute L’Amérique devien­dra comme le cen­tre-ville de San Fran­cis­co, un cauchemar ».

Voir aus­si : Élec­tions améri­caines 2024 : la dernière chance de Barak Oba­ma ? (FAQ)

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