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États-Unis : une guerre de sécession en cache une autre, la vraie !

23 juillet 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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États-Unis : une guerre de sécession en cache une autre, la vraie !

Temps de lecture : 6 minutes

En cette période de vacances alors que Joe Biden vient de renoncer à sa candidature, nous sortons de l’univers médiatique et vous proposons une œuvre de fiction. Le billet que nous postons est bien entendu fictif, quoique… Nous remercions notre correspondant en Amérique du Nord pour cette fable estivale, qui comme toute fable comporte sa morale.

Tout com­mença il y a très, très, longtemps, lorsqu’un cer­tain Guten­berg inven­ta les pre­miers médias soci­aux. L’impression de la Bible de Guten­berg court-cir­cui­ta impi­toy­able­ment la très impéri­ale et agri­cole église de Rome, celle-ci fondée sur le cycle des saisons, la trans­mis­sion orale et les enluminures .

Destinée manifeste et nouvelle Terre promise

Et le virus biblique se propagea, se propagea, et se propagea encore, tan­dis que les bou­tiques pro­liféraient. De ce chaos sur­git une idée nou­velle et fon­da­men­tale : la prédes­ti­na­tion. Très vite mal com­prise (car le protes­tantisme clas­sique esti­mait qu’il fal­lait tout de même la mérit­er par une pra­tique religieuse assidue), la prédes­ti­na­tion des incultes fit le lit de cer­tains grou­pus­cules semi-ter­ror­istes anglais – les puri­tains – qui se con­va­in­quirent qu’ils étaient le marteau d’une des­tinée man­i­feste. Cela exigeait d’eux d’abord d’abolir les monar­chies jugées con­traires à l’ancien tes­ta­ment, et ensuite de restau­r­er la Terre Promise qui deviendrait le gen­darme du monde.

Et ces prédes­tinés embar­quèrent courageuse­ment sur des coquilles de noix, faisant un bras d’honneur au roi d’Angleterre (et à tous les autres). C’est ain­si que naquirent les pre­mières colonies améri­caines, celles des pères pèlerins, au tout début du XVI­Ie siè­cle. Et c’est ain­si que naquit la Révo­lu­tion améri­caine, près de deux siè­cles plus tard (on est loin de Don­ald Trump, mais nous allons y venir dans quelques instants).

Le couple isolationnisme/interventionnisme

La mer­veilleuse révo­lu­tion améri­caine réus­sit un prodi­ge : créer une con­sti­tu­tion sta­ble pen­dant deux-cent cinquante ans, assise sur un peu­ple divisé en deux. Le pays a con­stam­ment dû arbi­tr­er pen­dant deux siè­cles et demi entre l’isolationnisme et l’internationalisme, le pro­tec­tion­nisme et le libre-échangisme, le fédéral­isme et le cen­tral­isme. Ce que nous nom­mons « la guerre de séces­sion de 1861–65 » n’en fut qu’un épisode, certes paroxystique.

Ce qui n‘empêcha pas le pays de con­quérir tout un con­ti­nent. Parce qu’au fond, les États-Unis ne sont pas un pays, mais une entre­prise en déficit chronique avide de nou­veaux pil­lages afin d’assoir sa survie. Le mod­èle d’affaire du pays – après ses guer­res con­tre les « sauvages » et les Mex­i­cains – fut pen­dant deux siè­cles de se créer des alliés puis de les asservir, voire de les dépouiller. Les obser­va­teurs européens se sont d’ailleurs tou­jours demandé pourquoi l’Amérique choi­sis­sait (très sou­vent) ses ambas­sadeurs par­mi leurs chefs d’entreprises. Réponse : ça fai­sait par­tie du « busi­ness plan ».

Des alliances aux changements de régime

Mais, depuis l’ère Clin­ton, sa crois­sance économique n’a plus été fondée sur les alliances, mais sur la machine infer­nale des « change­ments de régimes » y com­pris aux États-Unis. Le 13 juil­let 2024 a ain­si mar­qué dans le sang le retour parox­ys­tique de cette stratégie sur le sol améri­cain. Un jeune homme qui comme des mil­liers d’autres gauchistes s’était enreg­istré comme répub­li­cain pour pou­voir vot­er aux pri­maires répub­li­caines con­tre Don­ald Trump, avait ain­si décidé de répar­er le toit d’un entre­pôt non loin d’un champ ou se déroulait une céré­monie satanique présidée par un homme orange. Util­isant la crosse de son fusil pour enfon­cer des clous, un coup malen­con­treux par­tit. La balle zigza­gua douze fois, tuant un pom­pi­er et blessant deux autres indi­vidus ain­si que l’oreille de l’homme orange. Et l’homme orange refusa de présen­ter ses excus­es. Cela n’était pas dans le film, il aurait dû mourir, procla­maient les anti-haine, et les pleureuses au compte d’autrui.

Trump, plus romain que post-moderne

Trump avait maintes fois affir­mé son mépris pour la ver­sion post-mod­erne de l’impérialisme améri­cain, celle des change­ments de régime. Trump était un prim­i­tif, il apparte­nait à la vielle école de l’impérialisme romain entrant en déca­dence : je con­quière un ter­ri­toire, j’y prélève des sol­dats pour en con­quérir d’autres ou pro­téger les limes de l’empire. Et, quand ça va mal, je me replie en pil­lant et volant tout ce que je peux pren­dre de mon « allié ».

Quel imbé­cile, ce Trump, quel plouc! Au con­traire, s’exclament les post-mod­ernes hors-sol, ce qu’il faut main­tenant, c’est piller tout le monde, à com­mencer par les États-Unis : la con­sti­tu­tion du pays, c’est ce que je dis, la bureau­cratie des États-Unis, c’est mon busi­ness, la police et les ser­vices secrets c’est mon busi­ness, les tech­nolo­gies, c’est mon busi­ness, l’armée et les médias c’est mon busi­ness. Et mon busi­ness aujourd’hui c’est la con­quête de l’Eurosibérie avant que la Chine ne le fasse. Et les Européens sont trop couil­lons pour le faire eux-mêmes. Kiss My Ass, point final!

La nouvelle guerre américaine

Tel est le cadre de la récente méta­mor­phose de la guerre civile améri­caine. Une guerre entre deux caté­gories de prédes­tinés. D’un côté (Trump) les impéri­al­istes « débon­naires », de l’autre, les pré­da­teurs util­isant les insti­tu­tions afin d’organiser les prochains boule­verse­ments du monde pour leur seul bénéfice.

On ne saura jamais la vérité sur l’attentat du 13 juil­let. Si Trump avait péri, il est prob­a­ble qu’un dia­ble néo­con­ser­va­teur flat­teur du trump­isme – il y en a toute une palan­quée – aurait alors sur­gi lors de la Con­ven­tion répub­li­caine, sai­sis­sant l’occasion de con­sol­er les mass­es. Et prob­a­ble­ment qu’une crise inter­na­tionale majeure serait égale­ment sor­tie de la boite du dit diablotin.

Républicains archéofuturistes

Mais la prov­i­dence en a voulu autrement. Ain­si vont ces rus­es de l’histoire que l’on nomme hétérotélies. Mais les dieux ont encore du boulot. Les répub­li­cains de Trump ressem­blent désor­mais à des soci­aux-démoc­rates « archéo­fu­tur­istes » (pro tra­di­tions, pro con­sti­tu­tion, pro tech­nolo­gies) ce qui explique les grands bas­cule­ments récents dans leurs finance­ments poli­tiques aigu­il­lon­nés par Elon Musk, Davis Sachs, et Tuck­er Carl­son. Les démoc­rates ne ressem­blent désor­mais plus à rien. Morts-vivants agi­tant leurs vieux mythes comme des moulins à prière, ils sont cepen­dant assis sur une machine élec­torale hyper­puis­sante et impi­toy­able, dis­posant encore des sou­tiens du cap­i­tal­isme médi­a­tique, main­tenant avec un can­di­dat qui ne sera plus Joe Biden, trop ensom­meil­lé pour con­quérir et sans doute aus­si pour gouverner.

Mais un fait demeure, têtu : une nou­velle guerre de séces­sion sort de l’œuf géopoli­tique de Sal­vador Dali, celle d’un monde qui veut s’émanciper de l’empire des prédes­tinés. Ain­si, vocif­érant et bavant ces huit dernières années, les brutes anti-Trump ne se rendirent pas compte que le monde avait déjà pris une autre direc­tion. Tout comme la mal­heureuse Marie-Antoinette dans sa berg­erie. Bonnes vacances à tous.

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