Brétigny, Trappes, Brive : les canadairs médiatiques affrétés par le gouvernement pourront-ils circonscrire l’incendie ?
S’il est un paradoxe pour le moins frappant en cette ère de mondialisation, c’est qu’alors que de nombreuses frontières ont sauté entre les pays qui constituaient la vieille Europe, tandis que le global english permet de commander les mêmes hamburgers dans la plupart des nations du monde, où il est possible de coucher dans les mêmes lits de chaînes d’hôtels standardisés à Rio comme à Hong-Kong, et que toute distance a été drastiquement réduite par l’usage du kérosène, de nouvelles frontières se dressent pourtant à l’intérieur même des plus antiques nations et des mieux unifiées, comme la nôtre. Ces « nouvelles frontières », pour ceux que désespérerait cette uniformisation du monde, non seulement se trouvent souvent à quelques stations de RER de la capitale, mais en plus, si l’on ose les franchir, ces nouvelles frontières offrent même la possibilité d’un voyage dans le temps. Tout le pittoresque et la barbarie des pilleurs d’épave, des assauts de Fort Apache et des antiques solidarités tribales renaissent au cœur du « vivre-ensemble » et d’une république « normale ». Quoiqu’exotique et singulièrement multiculturelle, cette nouvelle réalité battant en brèche l’idée d’une France moisie, réactionnaire et repliée sur elle-même, ne correspond pas au panorama édicté par la nomenclature. Le pouvoir médiatique qui, à quelques exceptions près, est l’allié objectif du pouvoir politique en place, joue donc le rôle de pompier illusoire quand il s’agit d’éteindre les incendies véritables, et de pyromane lorsqu’on exige de lui d’allumer au contraire des contre-feux, lesquels accréditeraient une vision conforme à l’idéologie tout en obéissant à une stratégie de diversion.
Brétigny : les pilleurs d’épave
Le 12 juillet : déraillement du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orges. Comme à chaque fois que l’on doit dépêcher des secours en certains lieux à forte population immigrée, et cela depuis des années, il faut également dépêcher des secours pour les secours, c’est-à-dire permettre aux pompiers de travailler derrière des rangées de CRS. Cette réalité, proprement scandaleuse, semble pourtant désormais parfaitement intégrée et ne pas susciter davantage d’indignation de la part d’ « indignés » professionnels, sans doute soucieux de ne pas « stigmatiser » symboliquement des populations habituées à stigmatiser à coups de pierre des hommes coupables de porter secours. Toujours est-il que derrière ce premier scandale invisible s’en déroule un autre un peu plus criant car ce coup-ci, on dépouille secouristes, blessés et cadavres. Ce drame, qui fera six morts, semble n’être perçu par la racaille que comme un festin de charognards, une aubaine, une animation estivale impromptue. Comme lors de l’affaire Méric, les faits sont avérés, connus, rapportés par des témoins directs ou, ici, des victimes. Comme lors de l’affaire Méric, le gouvernement pond pourtant illico une version officielle et les médias la relaient. « Incidents mineurs » pour BFMTV, quelques « badauds indisciplinés » twitte Jérôme Guedj, le président PS du conseil général de l’Essonne, des « actes isolés », minimise le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, expression reprise en titre par le 13h de France 2, le 13 juillet. « Actes isolés » : il n’est pas nécessaire d’être cinquante pour voler l’ordinateur d’un homme saignant à terre, aussi ces actes sont-ils forcément le fait d’individus. Mais ces individus ne sont pas des éléments exogènes infiltrés dans une foule pour profiter du nombre et perpétrer des exactions, ils appartiennent à cette foule qui les couvre, qui ne se désolidarise aucunement, qui participe du même élan, aussi la responsabilité est-elle éminemment collective. Si ce n’était le cas, pourquoi certains « jeunes » n’auraient-ils pas dénoncé les auteurs des déprédations ?
Des « badauds indisciplinés » aux bandes ethniques
Comme lors de l’affaire Méric, on assiste à un beau cafouillage médiatico-politique et dix jours plus tard, les nouvelles preuves collectées ne font que confirmer l’univocité des premières… Le quotidien belge Express évoque la « confusion (qui) règne dans les médias français », alors que Libération a purement et simplement réfuté l’hypothèse du pillage des victimes. Le 18 juillet, Le Point, s’étant procuré un document officiel de la direction générale des CRS, peut affirmer : « A‑t-on voulu cacher une réalité trop dérangeante ? Contrairement à la version officielle véhiculée par les autorités politiques, policières et sanitaires, il y a bel et bien eu des scènes de vol et de caillassage après le déraillement du train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge. » Le lendemain, Le Figaro récolte des témoignages provenant des syndicats policiers de droite comme de gauche, confirmant encore les faits, ainsi que de nouvelles preuves tangibles comme ce SMS retrouvé sur le portable d’un suspect : « T’as trouvé quoi dans les bagages ? ». Au sujet de ces vols réfutés par Libération, le procureur de la République d’Évry affirme le 24 juillet en avoir désormais la certitude. Puis ce sont les caméras de surveillance qui confirment encore cette sinistre réalité. On apprendra en même temps sur RMC que les pompiers, en plus de pierres, ont dû subir des insultes parmi lesquelles : « sale blanc ». Voilà qui fait beaucoup d’actes isolés, induit étrangement l’idée de lynchages racistes et donne l’impression d’avoir affaire, plutôt qu’à quelques « badauds indisciplinés », à de véritables bandes cohérentes agissant en fonction de critères ethniques. Des bandes qui, sans aucun doute, ne résument pas la population immigrée des banlieues françaises mais que celles-ci, quoi qu’il en soit, sécrètent.
Trappes : Fort Apache
Le 18 juillet, un contrôle de Niqab dégénère à Trappes. Les policiers affirment avoir été agressés physiquement par le mari, emmené au poste. Le couple, accompagné de la mère de Cassandra, la femme contrôlée, prétend de son côté avoir subi insultes et brutalités. Quoi qu’il en soit, et avant que la situation soit davantage éclaircie, les rumeurs rameutent dès le lendemain entre 200 et 400 personnes (selon Rue89) qui, après pression des autorités religieuses locales, assiègent le commissariat des Merisiers transformé en Fort Apache. Trois nuits d’émeutes embrasent la ville natale de Djamel Debbouze. Réaction du gouvernement, par la voix de sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem : « Pas d’amalgame. » Réaction de la justice : une seule peine de prison ferme réellement exécutée, soit un « jugement d’apaisement » d’après l’un des avocats des jeunes gens ayant jeté des pierres ou tiré au mortier sur les policiers. Pour trois nuits d’émeutes. S’il ne faut pas faire d’amalgame, on ne comprend pas ce qui a retenu le bras de la Justice de s’abattre sévèrement sur les émeutiers et autres chasseurs de flics comme l’avait pourtant promis Manuel Valls qui a si bien su corriger les militants de la Manif pour tous. « Face à ce type de violences, il est très important d’avoir une réponse forte et rapide. » martelait le ministre dans un entretien accordé à Aujourd’hui en France, le 21 juillet. S’il n’y a pas d’amalgame, il ne devrait n’y avoir ni « stigmatisation » de la communauté musulmane, ni crainte de la « stigmatiser » en punissant des actes auxquels elle demeurerait étrangère.
La version « locale »
Parallèlement à la version des policiers, retenue par la justice et non désavouée par le ministre de l’intérieur, une télévision locale va permettre au mari de Cassandra d’exposer sa version personnelle. Le jeune converti de 21 ans affirme n’avoir jamais tenté d’étrangler un policier mais être seulement venu au secours de sa femme et de sa belle-mère au cours d’un contrôle particulièrement viril. Arguant que les nombreux contrôles auxquels lui et sa femme ont été soumis se sont toujours déroulés sereinement et qu’ils ont toujours payé l’amende relative à l’interdiction du voile intégral, celui-ci semble convaincu de se présenter ainsi en citoyen irréprochable. L’idée qu’un bon citoyen n’enfreint pas systématiquement la loi de son pays en toute bonne conscience ne semble même pas lui traverser l’esprit. Tout chez ce jeune homme évoque la pratique d’un islam « sécessionniste », ne serait-ce que son « mariage » exclusivement religieux : « Ce mariage réputé « hallal » (licite) n’a aucune valeur légale mais permet aux jeunes de se fréquenter sans témoins (…) » lira-t-on dans Le Point du 25 juillet. Personne, dans la presse, n’a semble-t-il relevé cette autre infraction manifeste aux lois de la République : « L’article 433–21 du code pénal punit de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende tout ministre d’un culte qui procède, de manière habituelle, aux cérémonies religieuses de mariage sans que lui ait été justifié l’acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l’état civil. » C’est l’interférence, en définitive, entre le régime français et le régime d’un Islam autonome au sein de la nation qui paraît scandaleuse à Mickaël comme à ses intervieweurs. Deux perspectives inconciliables s’affrontent, chacune de bonne foi. Celle des policiers mandatés pour faire appliquer la loi de la République, même en territoire islamisé, et celle de musulmans réclamant une coexistence pacifique avec une République mécréante dont ils ne reconnaissent ni la légitimité ni les lois (mais dont ils acceptent les subsides).
Solidarité islamique
« Pas d’amalgame », n’ont cessé de répéter les ministres socialistes, pourtant, l’amalgame va être immédiatement réalisé par un certain nombre d’associations musulmanes, lesquelles vont s’inscrire dans un rapport de solidarité instinctif avec le couple contrôlé et les émeutiers. La pression de ces associations qui agissent comme des lobbies religieux va donner lieu à une étrange relation des faits par les médias. À parts égales, vont être présentées deux versions qui s’affrontent : la première, celle de la police, soutenue par un gouvernement rappelant l’importance de faire une distinction entre les événements de Trappes et l’Islam en France. La seconde, celle du couple, transmise par les associations musulmanes solidaires qui expliquent les émeutes comme une conséquence de l’islamophobie… Ainsi, le 20 juillet, on trouvera par exemple la mention du site musulman « Al-Kanz » sur Rue 89, une réfutation de la version de la police soutenue par le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) sur Mediapart et dans Le Monde s’ajoute encore le soutien du CRI (la Coordination contre le racisme et l’islamophobie), quand chez 20 minutes, c’est Abdallah Zekri, président le l’Observatoire de l’islamophobie, qui vient au secours du couple. L’enchaînement des faits est donc assez éclairant : un couple pratiquant un islam sécessionniste se confronte à la police. Le « mari » arrêté, les autorités religieuses viennent à son secours. Celles-ci rebutées, ce sont les émeutiers qui brûlent et assiègent le commissariat. L’affaire relayée dans les médias, ce sont ensuite les associations musulmanes qui font corps derrière leurs coreligionnaires.
Le danger islamophobe
Devant une telle offensive contre la légitimité républicaine mobilisée spontanément en fonction d’un référent religieux, jouant sur un chantage à la destruction et un chantage moral à l’islamophobie (terme forgé en 1979 par les Mollah iraniens), on aurait pu s’attendre à une contre-offensive sérieuse du gouvernement ne serait-ce qu’au nom de la défense de son autorité et de sa légitimité. Non seulement, une seule peine de prison a sanctionné les émeutes, mais de surcroît, la rhétorique fallacieuse servant la cause d’un islam sécessionniste, a été reprise et validée en partie par les médias de gauche : « Le contexte islamophobe joue-t-il un rôle ? » s’interroge Libé le 22 juillet. Pire, c’est bientôt la loi musulmane qui est défendue prioritairement à celle de la République par certains élus de la République. Ainsi : « La sénatrice EELV Esther Benbassa a tweeté samedi : «Trappes brûle. Quand notre ministre Valls comprendra-t-il les dérives auxquelles donne lieu le contrôle d’identité injuste et injustifié ?» peut-on lire dans le Figaro du 21 juillet. Plus radical encore, le sociologue Hugues Lagrange exprime dans Le Monde du 24 juillet des idées pour le moins originales : « Ce qui s’est passé à Trappes révèle d’abord l’absurdité de contrôles opérés en plein Ramadan (…) ». La loi ne s’appliquerait donc plus pendant le Ramadan ? Mieux, les coupables ne sont plus les délinquants mais la population autochtone rétive à accepter une sécession islamique sur son propre territoire : « Dans les sociétés européennes, les réactions ethnocentriques des populations autochtones à l’égard des musulmans se sont multipliées ». Dans l’Humanité du 22 juillet, Bruno Vincens désigne le véritable fauteur de troubles : « Le FN s’est précipité pour déverser sa haine sur, pêle-mêle, la religion musulmane et l’immigration. Le contrôle d’identité de Trappes, tel qu’il s’est déroulé, s’inscrit-il dans le climat islamophobe actuel, comme le dénoncent les associations musulmanes ? » Quand la gauche politique se retrouve dans une position schizophrénique, la gauche médiatique prend le parti de la sécession religieuse et accuse le peuple originel. Mais cette tentative de sécession visera-t-elle uniquement la société française ? En effet, dans Vosges Matin, le 23 juillet, on apprend qu’ « une autre tension, latente, existe à Trappes. Depuis une quinzaine d’années, la communauté maghrébine, principalement d’origine marocaine et algérienne, a vu arriver de nombreux Congolais. “Ils vendent de l’alcool sous le nez de nos enfants”, conteste Mostapha, 59 ans. »
Brive : la France tribale
15 juillet, Brive-la-Gaillarde : dans la journée, des « jeunes » du « quartier populaire » des Chapélies, s’introduisent dans une résidence privée pour profiter de la piscine et sèment un certain désordre. L’un des résidents, appartenant au 126ème régiment d’infanterie, s’imagine sans doute, alors qu’il vient d’expulser les islamistes du Mali, en mesure de repousser ces « jeunes » hors de sa propriété privée. Mal lui en prend, le voici passé à tabac. Sa femme, enceinte de trois mois, suite à ces événements, fait une fausse couche. Le lendemain, ses frères d’armes l’accompagnent aux Chapélies pour régler leurs comptes. S’en suivent des affrontements entre plusieurs dizaines de personnes dans la nuit de 16 au 17 juillet, puis l’interpellation de sept prévenus. Les policiers et les pompiers venus pour interrompre la rixe seront bien sûr victimes d’agressions de la part des « jeunes » qu’ils sont venus défendre… L’un des soldats exprimera son désarroi sur le site Contrepoint : « À notre plus grande surprise – mauvaise surprise –, les médias laissent entendre que les fauteurs de trouble seraient les militaires ! (…) Pourquoi les médias nous salissent-ils comme ça ? » D’un autre côté, « on peut s’étonner que cette affaire soit peu relayée par la presse nationale », relève le même site. La raison en est pourtant simple : quand elle ne tente pas de nier les faits comme à Brétigny, ni d’en manipuler la réception comme à Trappes, la presse aux ordres se contente de les taire. Encore une fois, le souci n’est ni la justice ni la vérité mais de « calmer les esprits des deux côtés » et de « ne pas stigmatiser » en « montant une communauté contre une autre ». Où l’on peut constater que la municipalité de Brive a entériné une division communautaire de la nation française.
Contre-feux / 1 : Vikernes
La dislocation du territoire selon des normes ethnico-religieuses est donc sérieusement avancée, et les nombreuses explosions qu’un tel processus entraîne se sont multipliées en ce mois de juillet. La plupart des médias joue le jeu du gouvernement dans sa volonté de masquer ce véritable désastre politique, historique et national. Tous les moyens sont bons pour parvenir à dissimuler ou maquiller cette réalité aux yeux du peuple. Mais l’une des techniques les plus remarquables que le système médiatico-politique emploie, est celle d’allumer également des contre-feux pour focaliser l’attention sur de faux dangers et s’arroger une légitimité à bon compte en dépit de ses trahisons. Le levier a beau être grossier et rouillé jusqu’au bout du manche, il est actionné sans cesse dans une espèce de panique hagarde, en criant au retour de la bête. Ainsi, après la comparaison des Manifs pour tous avec les ligues des années 30, après l’imposture flagrante de l’affaire Méric pour faire croire à un déferlement sanglant des chemises brunes sur le pays, l’antifascisme d’apparat et de diversion a‑t-il créé de toutes pièces, en moins d’un mois, un symptôme illusoire et une menace factice. Les vrais néo-nazis étant décidément difficiles à recruter pour les besoins de la propagande, il a fallu se rabattre sur un musicien de black metal norvégien reclus dans une ferme corrézienne. L’interpellation a eu lieu le 16 juillet et a bénéficié d’une très forte couverture médiatique juste après les pillages de Brétigny et en même temps que les rixes entre militaires et « jeunes » à Brive étaient au contraire occultées. Après avoir dû se justifier au sujet de photos montrant ses enfants occupés à jouer avec des épées en bois et des armes en plastique, Kristian Vikernes affirme avoir été bien traité par des policiers qui, selon lui, « avaient des ordres «d’en haut» et «ont juste tenté de clarifier les choses». En attendant, « chaque semaine, la DCRI interpelle puis relâche sans bruit des islamistes radicaux : depuis janvier, plus de 40 interpellations ont eu lieu… mais moins d’une quinzaine de personnes ont été écrouées », précise Le Monde. Les quinze vrais terroristes islamistes auront donc, depuis janvier, été interpellés, eux, dans un parfait silence médiatique. Bel exemple d’usage des faisceaux des médias en fonction d’intérêts purement idéologiques.
Contre-feux / 2 : Bourdouleix
À partir du 22 juillet, et alors que Trappes sort tout juste de sa phase incendiaire, va être intensifié le lynchage médiatique et politique du député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix. Après l’installation illégale de 150 caravanes de « gens du voyage » sur sa commune et une confrontation pour le moins tendue avec les Roms le traitant de nazi, le maire marmonne un « Hitler n’en a peut-être pas tué assez » illico retranscrit et dénoncé par Le Courrier de l’Ouest. La considération est, bien entendu, parfaitement immonde. Néanmoins, nul besoin d’être un éminent psychologue pour comprendre qu’elle trahit moins le fond de la pensée de l’élu que son exaspération. Si l’on respecte un minimum le sens des mots, il est impossible de considérer des mots marmonnés qui échappent à leur auteur dans un contexte de tension comme une « apologie ». Néanmoins, cette accusation grotesque va être portée par Jean-Marc Ayrault, le premier ministre français se devant, en effet, de s’attaquer frontalement aux problèmes qui minent le pays. « Il doit être sanctionné très lourdement par la justice », fulmine Manuel Valls sur i>Télé. Contrairement aux émeutiers de Trappes, insinue sans doute le ministre de l’intérieur… Et voilà comment la malheureuse phrase va obséder les médias, polariser l’indignation sélective, nourrir le fantasme obsessionnel du retour de la Bête immonde, et recouvrir d’un invraisemblable vacarme les graves questions soulevées par un commissariat assiégé ou des cadavres dépouillés par des bandes ethniques.
Conclusion
Le mois de juillet 2013 s’achève donc sur la condamnation unanime du maire de Cholet, sa mise en accusation par le préfet du Maine-et-Loire pour « apologie de crime contre l’humanité » qui pourrait lui valoir cinq ans de prison ferme et 45 000 euros d’amende, ainsi que sur la traque des policiers ayant pu commettre des « bavures verbales », comme l’énonce joliment Le Courrier Picard du 24 juillet, suite aux émeutes de Trappes (Après les violences urbaines qui ont frappé la ville de Trappes, suite au contrôle d’une femme intégralement voilée, des commentaires « au contenu violent et parfois raciste » ont été postés sur une page Facebook intitulée « Forum police-info.com ») Tout ce qui peut faire office de bouc émissaire est donc surexploité dans sa fonction de diversion. Tandis que les émeutes qui ont embrasé la ville de Creil entre le 25 et le 27 juillet ont fini par s’éteindre, il y a cependant fort à parier qu’il faudra encore dénicher de nombreux prétendus fascistes, sectateurs de la Bête et autres dérapeurs impénitents, pour continuer de détourner le regard d’un peuple dont la nation presque bimillénaire se décompose chaque mois davantage, d’une flambée à l’autre, dans l’indifférence de ses propres gouvernants.
M.D.
Crédit photo : zigazou76 via Flickr (cc)