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Européennes et médias : quelles propositions par parti ?

6 juin 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Européennes et médias : quelles propositions par parti ?

Temps de lecture : 5 minutes

Ils consacrent une part de leur programme à la question des médias : le 9 juin 2024, l’élection des députés européens comportera également des enjeux médiatiques. Quel est le programme des différents candidats en la matière ?

À l’approche des élec­tions européennes, un panora­ma des pro­grammes des futurs députés européens en matière de médias s’impose. Par souci de clarté, il a été décidé de ne traiter que les can­di­dats pressen­tis pour dis­pos­er de sièges.

Quelles propositions à gauche (ex NUPES) ?

Manon Aubry (La France insoumise)

Sans sur­prise, eu égard à la posi­tion de ses col­lègues à l’Assemblée nationale, la can­di­date LFI Manon Aubry entend farouche­ment lut­ter « con­tre la con­cen­tra­tion des médias dans les mains de quelques ultra-rich­es » : c’est même une mesure clef de son pro­gramme, inscrite au chapitre 6 dénom­mé « Éten­dre les droits et lib­ertés face aux réac­tion­naires ». Dans cette per­spec­tive, elle entend inter­dire « toute prise de con­trôle de plus de 20 % du cap­i­tal par une même per­son­ne physique ou morale dans les médias et indus­tries cul­turelles ». La can­di­date espère aus­si « créer un sys­tème de pro­tec­tion de l’espace infor­ma­tion­nel démoc­ra­tique face aux régimes autori­taires » et aspire à soutenir finan­cière­ment les médias en engageant « les États mem­bres à con­sacr­er 1 % de l’aide publique au développe­ment au sou­tien en faveur de médias indépen­dants ».

En matière d’intelligence arti­fi­cielle, Manon Aubry fait d’une mesure clef de son pro­gramme la con­ser­va­tion de prise de déci­sion humaine en toute cir­con­stance dans les entre­pris­es et ser­vices publics util­isant l’IA. « Impos­er des règles con­tre les biais dis­crim­i­na­toires des intel­li­gences arti­fi­cielles » fait par­tie de cette bataille.

Raphaël Glucks­mann (Par­ti Socialiste)

Dans son volet, « Pour une Europe démoc­ra­tique et intè­gre », Raphaël Glucks­mann est égale­ment soucieux de lut­ter con­tre la con­cen­tra­tion de la pro­priété des médias (points 304 et 305). Il entend appro­fondir le règle­ment sur la lib­erté des médias (Media Free­dom Act) en « exigeant une trans­parence totale de l’actionnariat des entre­pris­es médi­a­tiques, via une divul­ga­tion oblig­a­toire de celui-ci et la con­sti­tu­tion d’une base de don­nées unifiée dans l’UE. » Il aspire aus­si à soutenir finan­cière­ment le « jour­nal­isme d’investigation », par le truche­ment d’une créa­tion de « fonds européen pour le jour­nal­isme d’investigation per­me­t­tant de financer de véri­ta­bles enquêtes européennes. » Ce fonds servi­rait aus­si au sou­tien d’organisations de la société civile lut­tant con­tre la dés­in­for­ma­tion (point 10). Il entend aus­si « coor­don­ner la lutte européenne con­tre les manip­u­la­tions de l’information, via notam­ment la créa­tion d’un cen­tre d’excellence de l’Union européenne pour la lutte con­tre les manip­u­la­tions de l’information et les ingérences étrangères (FIMI) » (point 9).

Raphaël Glucks­mann entend aus­si évo­quer l’intelligence arti­fi­cielle, en « engageant à l’échelle européenne une réflex­ion com­mune sur les intel­li­gences arti­fi­cielles dans le secteur cul­turel et artis­tique », en assur­ant « la pro­tec­tion des créa­teurs et ayants droit dans le marché européen de l’intelligence arti­fi­cielle généra­tive » et en s’assurant « qu’un con­trôle humain et une approche non-dis­crim­i­na­toire sont appliqués à l’ensemble des ser­vices numériques faisant appel à l’intelligence arti­fi­cielle – et en par­ti­c­uli­er l’intelligence arti­fi­cielle généra­tive » (points 257 à 259 du pro­gramme).

Renaissance, LR, Reconquête, RN : un programme famélique en matière de médias

Pour Valérie Hay­er, can­di­date de la liste « Besoin d’Europe » issue du camp prési­den­tiel, la pro­tec­tion du droit à une « infor­ma­tion juste impar­tiale » est néces­saire (propo­si­tion n°38). La can­di­date pro­pose de créer une nou­velle agence « visant à prévenir et à lut­ter de manière plus effi­cace con­tre les ten­ta­tives d’ingérence infor­ma­tion­nelle présentes sur les réseaux soci­aux et les médias. »

Du côté du PPE, auquel appar­tient la tête de liste Les Répub­li­cains François-Xavier Bel­lamy, l’information et les médias ne sem­blent pas être au ren­dez-vous de ses propo­si­tions.

Il en va de même pour la tête de liste Recon­quête ! Mar­i­on Maréchal, qui ne fait pas de propo­si­tions sur les médias dans son pro­gramme. Il en va de même pour le can­di­dat RN Jor­dan Bardel­la, qui n’en fait pas men­tion.

Des mesures sur l’intelligence artificielle

Cette absence de con­sid­éra­tion pour la sphère médi­a­tique peut s’expliquer par la nature du scrutin, les Européennes ; les enjeux liés aux médias peu­vent appa­raître essen­tielle­ment nationaux aux yeux des can­di­dats n’ayant pas émis de propo­si­tions sur les médias.

Les mesures à pren­dre face aux défis de l’intelligence arti­fi­cielle appa­rais­sent comme les élé­ments liés à cette sphère médi­a­tique dont les can­di­dats au pro­gramme famélique en matière de médias se sont emparés.

Souveraineté et recherche

Le RN entend ain­si « défendre la con­sti­tu­tion d’un cloud sou­verain européen » qui échap­perait aux ingérences juridiques, améri­caines et chi­nois­es ; il entend égale­ment se ser­vice de l’IA pour combler les dépen­dances stratégiques dans le domaine de la Défense, créer des « cham­pi­ons européens du numérique » et créer un envi­ron­nement com­plet en faveur de l’intelligence arti­fi­cielle (p.16 du programme).

Recon­quête ! espère aus­si « faire de l’Europe, le par­adis des ingénieurs et de la recherche dans le numérique et l’intelligence arti­fi­cielle ». La rené­go­ci­a­tion de l’IA Act, la per­spec­tive d’instauration d’une sou­veraineté hard­ware / soft­ware pour les insti­tu­tions et cer­tains secteurs stratégiques européens comme la relo­cal­i­sa­tion sur le sol européen des don­nées numériques des sociétés et par­ti­c­uli­er européens comptent par­mi leurs propositions.

De même, les LR enten­dent inve­stir mas­sive­ment dans l’intelligence arti­fi­cielle. Appelant à ce que l’UE investisse dans des pro­jets, les LR appel­lent à la créa­tion d’un « Fonds européen pour l’accompagnement des trans­for­ma­tions de l’économie liées à la révo­lu­tion de l’IA ». Comme le RN, ils appel­lent à faire émerg­er « des cham­pi­ons européens dans l’IA » mais aus­si la cybersécurité.

Voir aus­si : Le désamour des médias pour la cam­pagne des européennes

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