L’exaflop n’est pas un équidé asiatique disparu, ni un échec personnel retentissant, mais une mesure de puissance de calcul. Mesure utilisée pour calibrer la rapidité des ordinateurs qui régissent en partie nos vies. Un exaflop c’est un milliard de milliards de calculs par seconde. Maîtriser cette puissance, c’est s’assurer une partie des moyens de domination sur le monde. Voyage au pays des supercalculateurs et découverte de Frontier, l’athlète de l’exaflop.
Mon flop a plus de flops que ton flop
C’est le match États-Unis/Chine. Une sorte de finale. S’il y a encore un acteur japonais, il n’y a pas de challengers européens… Remontons en 2016, une époque qui semble presque ancienne en matière de technologie. C’est alors Beijing qui domine avec un système joliment appelé Sunway Taihu Light, la lumière du lac Taihu.
Mais arrive en 2019 IBM avec deux nouveaux systèmes, Summit et Sierra, bien nommés pour atteindre les sommets. Mais, — on a l’impression de suivre une course de chevaux — dans le virage d’Auteuil arrive en 2020 Fugaku (un des noms du Mont Fuji) de Fujitsu, qui atteint la vitesse de 442 pétaflops, soit la moitié de Frontier.
Arrive Frontier
Frontier, frontière c’est le Tennessee, la ville d’Oak Ridge précisément, trente mille habitants, connue pour abriter (tiens, tiens) le principal centre d’études nucléaires américain. Son existence fût gardée secrète jusqu’à la seconde guerre mondiale et elle est surnommée Atomic City, Secret City ou City Behind the Fence (la ville derrière la barrière)
C’est dans un centre de recherches de la ville qu’est installé le gros Frontier, assemblage de 74 casiers juxtaposés équipés de microprocesseurs AMD et qui atteint la vitesse de 1,1 exaflops. Les chinois disposeraient de deux superordinateurs atteignant eux aussi l’exaflop, mais ils ne communiquent pas sur leurs performances.
Il existe une liste des 500 ordinateurs les plus puissants du monde. Parmi les dix premiers, on compte 7 américains (dont deux installés en Europe, mais de technologie US Cray), deux chinois et un japonais ; et toujours aucun fabricant européen.
Source : Siècle Digital, 31 mai 2022
Supercalculateur Summit (ou OLCF‑4) développé par IBM pour une utilisation au Oak Ridge National Laboratory. Puissance : 122,3 pétaflops, nombre de nœuds : 4 356. Photo : Carlos Jones/ORNL. Licence : Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)