La web-télévision officieuse de LFI, en crise permanente depuis sa création en 2018, entre conflits de personnes et conflits financiers et juridiques, vient à nouveau de perdre l’un de ses cadres.
Après les départs de la première rédactrice en chef, Aude Rossigneux, de Sophia Chikirou, puis de Aude Lancelin, c’est le journaliste Denis Robert, directeur de la rédaction depuis avril 2019, qui vient d’être gentiment (brusquement dit-il) démis de ses fonctions.
Denis Robert, de l’investigation au Média
Journaliste d’investigation passé par Libération, Denis Robert s’est fait connaître en étant à l’origine de la révélation du scandale financier Clearstream au début des années 2000. Il a aussi préfacé l’ouvrage “Crépuscule” de Juan Branco, rédigé plusieurs livres et co-réalisé divers documentaires, en particulier sur le monde des finances.
Un “forfait jour à temps réduit” qui passe mal
Au Média, c’est le “forfait jour à temps réduit” qui semble la règle en matière de droit du travail. Le problème est que, dès la moitié de l’année, le temps de travail annuel prévu a déjà quasiment été fait par une partie des employés de la structure. Ce qui dans un média de gauche passe évidemment mal, au moins en théorie on ne joue pas avec le droit du travail. Dès juin 2020, Denis Robert et Serge Faubert (représentant du Syndicat national des journalistes au sein du Média) ont exprimé leur mécontentement à Julien Théry, le président de la structure juridique employant les journalistes du Média.
Début septembre, Serge Faubert a accusé la direction, dans un communiqué, de “mépriser le droit du travail”, de ne pas assez considérer les intermittents, d’avoir une rédaction “exclusivement masculine” (sic), etc.
Mise au placard
Quelques jours plus tard, la riposte était lancée, Denis Robert a reçu de Julien Théry un courrier ayant pour intitulé “Changement de tes fonctions dans l’entreprise” (autrement dit, sa mise au placard si il ne quitte pas le média de lui-même) accusant aussi le directeur de la rédaction d’avoir “une mauvaise gestion” de son temps de travail, d’être “agressif”, etc. Il aurait eu une “conception trop classique et hiérarchique de la fonction” qui sera d’ailleurs supprimée après son départ pour “travailler de manière plus collégiale”. Denis Robert a répliqué dans une vidéo Facebook du 18 septembre 2020 :
« Je ne renonce pas, et je ne renoncerai pas. Je suis victime d’une cabale à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Il est temps de mettre les socios et ceux qui nous financent au cœur du projet Le Média ».
S’appuyant sur une augmentation de l’audience, il souhaite faire appel aux associés du Média pour trancher le conflit qui l’oppose à la « direction ». La section CGT de l’entreprise a pris parti pour la direction et contre Denis Robert, ambiance …
Nihil novi sub sole, « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais” comme l’avaient déjà montré les précédents règlements de comptes.
Voir notre article de novembre 2018 sur une crise précédente.