Le 5 juin, Le Parisien, propriété de Bernard Arnault, a consacré un article aux expulsions des étrangers en situation irrégulière. L’article fait suite à un rapport réalisé par deux parlementaires de la majorité présidentielle (LREM, Modem).
Dès le titre, c’est le coût des expulsions qui est mis en avant, « 500 millions » en 2018. Des expulsions forcées qui couteraient « six fois plus cher qu’un retour aidé dans le pays d’origine ». Le rapport des parlementaires a depuis été présenté en commission des Finances de l’Assemblée nationale. L’hebdomadaire L’Express a consacré un article au même sujet, avec quasiment les mêmes termes.
Point de vue univoque
Les deux journaux consacrent un article sur le sujet des expulsions de clandestins à l’occasion de la sortie d’un rapport parlementaire de députés de la majorité. Soit. Mais seul le point de vue de ces derniers est donné. La position d’un député d’un autre bord politique n’est pas demandée sur ce sujet. Dommage : dans une interview au Figaro le 11 juin, un député LR parle des obstacles juridiques que la France s’est elle-même créés et qui sont un frein aux expulsions ainsi que du « manque de forces de l’ordre pour encadrer ces retours forcés ». Et si les expulsions étaient coûteuses parce qu’elles sont compliquées et qu’il manque de moyens humains pour les organiser et les mener à bien ?
Le problème est abordé sous le seul angle du coût financier de l’expulsion des clandestins et non de celui de leur séjour. Pourtant, entre l’aide médicale d’état, les minimas sociaux, les allocations diverses, etc., le maintien d’un clandestin qui ne travaille pas sur le territoire a un coût certain, probablement bien supérieur à son expulsion.
Effet d’aubaine de l’aide au retour
Pas un mot sur l’afflux de déboutés du droit d’asile en Allemagne qui arrivent massivement en France, comme le relate TV Libertés, et qui pourraient profiter de l’effet d’aubaine de l’aide au retour payée par le contribuable. Sans compter l’appel d’air que cela pourrait créer dans d’autres pays européens.
Pas un mot non plus sur les moyens de mettre fin à l’arrivée de clandestins, ce que des pays d’Europe centrale bien moins riches réussissent à faire. Pas un mot sur les demandes d’asile parfois utilisées comme subterfuge pour rester sur le territoire.
Le démantèlement de filières d’immigration illégale a explosé ces dernières années, dont certaines « visent à maintenir les illégaux sur le sol français » selon Le Figaro du 21 mai 2019.
Quelques jours plus tard, le 10 juin, Le Parisien consacrait un article à une filière d’immigration clandestine de Géorgiens liée au milieu de la criminalité. Des individus seraient guidés par les passeurs vers la Préfecture pour y faire une demande d’asile ou vers des hôpitaux pour une prise en charge.
Que pèsent la méthode bisounours et les « retours volontaires » face à ces stratégies organisées ? On attend avec impatience des réponses dans les pages du Parisien…