[Première diffusion le 12 juin 2020]
Pour les élections européennes de 2019, YouTube avait sorti un label permettant d’identifier les vidéos issues de médias “bénéficiant d’un financement public ou gouvernemental”. Alors que les GAFA ont montré qu’ils travaillaient désormais activement sur l’élection américaine de cette année, Facebook prend les devants en sortant un label similaire, qui semble cependant viser certains pays en particulier.
Les médias liés aux gouvernements désormais marqués au fer rouge
Annoncé par un communiqué du 4 juin, les médias “entièrement ou partiellement sous le contrôle éditorial de leur gouvernement” portent désormais une mention particulière sur leurs pages. C’est déjà le cas, entre autres, de RT et Sputnik. En revanche, du côté d’Al Jazeera par exemple, rien de notifié. Cette labellisation semble clairement faire écho à la paranoïa de 2016 autour des comptes russes qui auraient influencé l’élection présidentielle américaine.
Fin avril, le réseau social avait déjà ajouté une nouvelle fonctionnalité dans l’anticipation des élections américaines. Cette dernière permet de connaître l’emplacement géographique (comme par hasard) duquel une page Facebook est gérée.
La lente dérive de Facebook vers toujours plus de contrôle
Alors que le réseau social doit désormais lutter contre les “contenus de haine”, le fait de prendre des mesures de contrôle est devenu pour lui une habitude. D’un côté, des pages comme celles de Génération Identitaire sont abondamment censurées, un conseil de surveillance lié aux questions de contenu a été mis en place, et d’un autre, les critiques pleuvent. Au point qu’il y a quelques jours, l’Italie a condamné le réseau social pour atteinte à la liberté d’expression.
Après des phases d’accroissement du contrôle, le réseau connaît parfois des relâchements comme l’a démontré la “guerre” entre Twitter et Trump, lors de laquelle Facebook a été accusé d’être trop gentil avec le président américain. On peut imaginer que cette initiative de labellisation, intervenue seulement quelques jours plus tard, est une énième tentative de rassurer les garants du politiquement correct de la « bonne conduite » du géant américain.