Amazon, Apple, Netflix, Starbucks, Microsoft, Sony, Walmart, que du lourd, tels sont les noms des sociétés soupçonnées d’avoir profité d’accords particuliers avec le réseau social de Mark Zuckerberg pour avoir accès à certaines informations confidentielles de ses utilisateurs. Conséquence ou coïncidence, la valse des responsables semble s’accélérer au sein de la société californienne.
Je te tiens tu me tiens par la barbichette
Cette comptine est bien connue et c’est un peu ce qui se passe quand une société est convoquée par un grand jury fédéral, une institution qui enquête sur des crimes fédéraux. Si vous voulez obtenir la mansuétude du jury (voire son absolution) vous révélez tout ce que vous savez auprès des enquêteurs. Tout en chargeant au maximum votre ancien partenaire avec lequel vous avez passé des accords réputés frauduleux.
C’est ce qui est en train de se passer. Plus d’une centaine de grosses sociétés américaines sont soupçonnées d’avoir bénéficié (moyennant rétribution bien entendu) d’informations confidentielles sur certains segments des utilisateurs du réseau social. Non seulement le nom et les références de l’utilisateur (localisation, sexe, profession, âge, etc) mais aussi la liste de ses amis (méthode dite de la cascade, ensuite on peut avoir accès aux amis des amis et ainsi de suite), mais aussi les évènements auxquels il a participé, ses connections politiques et autres. Plusieurs sociétés impliquées ont déjà été convoquées à New York. On peut s’attendre, selon la formule consacrée, à ce qu’elles déclarent « collaborer avec les enquêteurs ». Si les faits s’avèrent prouvés, Facebook risque une amende de plusieurs milliards de dollars, voire plusieurs dizaines de milliards. Sans compter le préjudice moral, pour autant que cet adjectif ait encore un sens pour le réseau social.
Et fuite des cerveaux
Au même moment la rotation des cadres s’accélère. Les fondateurs de WhatsApp ont quitté l’entreprise en juin 2018 sur fond de conflit concernant la sécurité des données privées. Les créateurs d’Instagram ont fait de même quelques mois plus tard et pour les mêmes raisons. C’est maintenant le tour de Chris Cox, présent depuis le début (il faisait partie des 15 premiers ingénieurs recrutés) et du nouveau responsable de WhatsApp Chris Daniels de quitter le navire. Plus récemment sont partis les directeurs de la sécurité, des affaires publiques et de la communication. Des départs qui ne sont pas totalement étrangers aux demandes de démantèlement de l’entreprise de certains élus démocrates et républicains.