Alors que les scandales se multiplient autour de lui, informations privées rendues publiques ou revendues, accusations d’espionnage, non-respect systématique de la vie privée, affaire Cambridge Analytica, amendes et menaces d’amendes, etc, Facebook accumule les bénéfices trimestriels autour de cinq milliards de dollars. Trop gros pour tomber disent certains, trop gros pour ne pas devoir être démantelé disent d’autres.
Emmanuel Macron en 2018
Lors d’une conférence sur l’intelligence artificielle à Paris en 2018, Emmanuel Macron avait déjà lancé une mise en garde, parlant aussi de Microsoft et de Google : « Tout d’accord ils ont une position classique de monopole. A un moment, votre gouvernement, votre peuple, vont dire réveillez-vous, ils sont trop gros ». Il faisait alors référence à ce qui est arrivé aux compagnies américaines pétrolières au début du XXème siècle. La Standard Oil qui contrôlait 90% du pétrole américain fut cassée en une dizaine d’entités plus petites en 1911. Il se disait aussi préoccupé par la limitation de souveraineté que représentaient les activités des GAFAM appelant à leur régulation.
Elizabeth Warren en mars 2019
La sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren – candidate à la nomination par son parti pour l’élection présidentielle américaine de 2020 – a lancé une bombe en appelant le 8 mars 2019 au démantèlement d’Amazon, de Google et de Facebook. La sénatrice souhaite interdire aux géants californiens de revendre des données à des tiers, ruinant leur modèle économique. A titre d’exemple une telle mesure priverait aussi bien Facebook que Google de plus de 85% de leurs revenus. Sans compter une séparation entre Facebook, WhatsApp et Instagram.
Chris Hughes, cofondateur du réseau social, appelle à son démantèlement
Chris Hughes fait partie des co-fondateurs du réseau. Sa tribune dans le New York Times du 9 mai 2019 a fait l’effet d’une bombe. Décrivant Mark Zuckerberg comme un « leader irresponsable », il ajoutait que la société est devenue trop grosse et détenait un monopole de fait sur les données personnelles. Il citait comme exemple d’intrusion, les actions du réseau effaçant les messages qu’il avait pu échanger avec des cadres de la société ou avec Zuckerberg lui-même. Et comme Warren, il appelait à son démantèlement.
Si les démocrates ne sont pas tendres avec Zuckerberg, les républicains le voient de fait comme un adversaire libertaire de la Silicon valley, peut-être de quoi s’inquiéter après 2020 quel que soit le titulaire de la Maison Blanche. Entretemps avec des bénéfices de l’ordre de 20 milliards de dollars par an, le réseau a les moyens de renverser la vapeur.