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Fake news : toujours plus fort, la Malaisie prévoit dix ans de prison aux contrevenants

30 mars 2018

Temps de lecture : 2 minutes
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Fake news : toujours plus fort, la Malaisie prévoit dix ans de prison aux contrevenants

Temps de lecture : 2 minutes

Décidément l’humeur répressive des diverses autorités, privées comme publiques, ne faiblit pas. Alors que l’Allemagne a installé une loi liberticide pour la liberté d’expression à partir du 1er janvier 2018, alors que la France discute d’une adaptation de cette loi vers le mois de mai, alors que la Dilcrah veut renforcer sa vocation répressive avec la création d’une sorte de RAID ou GIGN antiraciste, la Malaisie ne souhaite pas être en reste.

Une dépêche Reuters apprend que le Pre­mier Min­istre de la Malaisie, Mon­sieur Najib Razak a déposé le lun­di 26 mars 2018 sur le bureau du Par­lement, un pro­jet de loi met­tant hors la loi les Fake News, mod­erne ver­sion des clas­siques Bobards. De lour­des amendes sont prévues ain­si que des peines de prison pou­vant aller jusqu’à dix ans.

Scandale financier et loi opportune

Le pro­jet est élaboré à quelques semaines d’une élec­tion générale, à un moment où Najib Razak lui-même est empêtré au milieu d’un scan­dale financier touchant le fonds d’Etat 1MDB (1Malaysia Devel­op­ment Berhad). Plus de trois mil­liards de dol­lars auraient été détournés, prof­i­tant à l’entourage du Pre­mier Min­istre (voire au min­istre lui-même), dont une par­tie aurait financé entre autres, le film Le loup de Wall Street avec Leonar­do di Caprio (sic). Si des plaintes sont en cours en Suisse et aux Etats-Unis, aucune enquête n’a été déclenchée en Malaisie.

Silence, on vote

La loi inti­t­ulée Anti-Fake News 2018 bill tombe à pic pour les autorités. Pour « pro­téger le pub­lic de la pro­liféra­tion des fauss­es nou­velles, et assur­er ain­si la lib­erté de parole et d’expression sous la garde de la Con­sti­tu­tion Fédérale », la loi cou­vre les pub­li­ca­tions dig­i­tales, les médias soci­aux, les vidéos, les enreg­istrements audios. Elle s’appliquera aux con­trevenants en Malaisie ou en-dehors de la Malaisie (y com­pris aux étrangers) si la Malaisie ou un de ses ressor­tis­sants est en cause. Le gou­verne­ment souhaite aider « le pub­lic à être plus respon­s­able et pru­dent dans le partage des infor­ma­tions ». Tout esprit un peu lucide com­pren­dra le véri­ta­ble objec­tif de la loi : musel­er l’opposition et faire le silence sur les affaires déli­cates et poten­tielle­ment coû­teuses sur le plan élec­toral. Un proces­sus dan­gereux, auquel l’exemple alle­mand ressem­ble curieuse­ment. Nous y revien­drons dans quelques jours avec une analyse de fond de la loi alle­mande (dite Net­zDG), de sa procé­dure d’adoption, de ses pos­si­bles con­séquences, des réac­tions des médias alle­mands, sans oubli­er le silence assour­dis­sant des médias français sur le sujet.

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