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Fake News : le vrai du faux de Frédéric Lordon

4 mars 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Fake News : le vrai du faux de Frédéric Lordon

Temps de lecture : 3 minutes

C’est grâce à l’excellent site Les Crises que nous avons déniché l’entretien de Frédéric Lordon à l’ antenne de France Culture dans l’émission La Grande table du 19 janvier 2018. Frédéric Lordon, directeur de recherche en philosophie au CNRS, marxiste grand teint, collaborateur du Monde Diplomatique est aussi l’auteur d’un délicieux opus écrit en alexandrins D’un retournement l’autre : comédie sérieuse sur la crise financière en quatre actes et en alexandrins, Paris, Éditions du Seuil, 2011. Son point de vue original et iconoclaste (au sens étymologique du terme) mérite considération.

Fake news, l’envers du décor

Lor­don dans une ten­ta­tive de déf­i­ni­tion des fake news dénonce « l’ineptie com­plète du thème, des­tiné à som­br­er dans des con­fu­sions désas­treuses ». Il dis­tingue deux plans, celui de la triv­i­al­ité et celui de la caté­gorie. Sur celui de la triv­i­al­ité les fake news ne sont que les bons vieux men­songes, les bobards, les nou­velles inven­tées ou défor­mées qui sont con­traires au sim­ple étab­lisse­ment des faits. Des phénomènes « vieux comme l’espace pub­lic », en par­ti­c­uli­er en péri­ode élec­torale. Sur le plan de la caté­gorie, la mode des fake news « tourne sur elle-même, devient folle, prend un car­ac­tère obses­sion­nel ». Si « après vérité » (post truth) était le mot de l’année 2017, « fake news » est bien par­ti pour être celui de 2018.

La coali­tion de ceux que Lor­don appelle les « décodeurs à gom­mettes » (le Decodex du Monde financé par Google), les géants du numérique, la direc­tion de l’État poussent dans le même sens : l’organisation du néant médi­a­tique au ser­vice d’intérêts financiers. « La rad­i­cal­ité du marais » ou bien « l’extrême-centre » ver­rouil­lent le débat au prof­it du statu quo ou du tou­jours plus financier.

Les décodeurs réencodent, au profit de qui ?

La « quête de la Vérité » avec un V majus­cule (comme l’empire du Bien ajou­tons-nous) des médias dom­i­nants est une opéra­tion de clô­ture, une fer­me­ture de choix. Puisque ceux qui n’en sont pas les sec­ta­teurs se trou­vent ipso fac­to du côté du men­songe. Comme le dis­ent les anglo-sax­ons sous l’acronyme TINA (There is no alter­na­tive), aucun choix n’est pos­si­ble sinon le main­tien (et l’aggravation) du désor­dre établi. S’il n’y a plus de choix il n’y a donc plus de poli­tique celle ci étant l’art de choisir entre plusieurs solu­tions pour le bien de la com­mu­nauté du peuple.

Bien plus l’opération de dénon­ci­a­tion des fake news va agir en miroir. Les chas­seurs de fauss­es nou­velles vont être les pre­miers prop­a­ga­teurs de fake news. Les anti-com­plo­tistes vont utilis­er les mêmes méth­odes que les com­plo­tistes. In fine les décodeurs réen­co­dent au béné­fice de ceux qui les finan­cent. Lor­don sig­nale que les « opéra­tions de diver­sion » ten­dent à dis­qual­i­fi­er toute cri­tique de la société telle qu’elle est, car « on met du ciment partout ». De quoi réfléchir plus sur le fonc­tion­nement des médias que sur la farce des fake news.

L’entretien com­plet ci-après

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