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Fdesouche et l’affaire du “fichier” : entretien avec Pierre Sautarel

20 septembre 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Fdesouche et l’affaire du “fichier” : entretien avec Pierre Sautarel

Temps de lecture : 5 minutes

Mis à jour le 05/10/2021

Si ce que nous faisons est du fichage, c’est la fin du journalisme.

Accusé par l’extrême gauche de fichage politique [et en particulier le militant-journaliste Taha Bouhafs] — accusations immédiatement relayées par des médias de premier ordre -, le site Fdesouche est de nouveau à la une de l’actualité. En cause : un tableau Excel, reprenant un certain nombre de données publiques sur des personnalités publiques. De quoi s’agit-il ? L’Ojim est allé demander des explications à son principal animateur, Pierre Sautarel, auquel nous donnons la parole ci-dessous.

Pou­vez-vous suc­cincte­ment présen­ter “Fdes­ouche” ?

Fdes­ouche existe depuis 2005. C’est une revue de presse en ligne sur les thé­ma­tiques iden­ti­taires, sécu­ri­taires. Nous obser­vons égale­ment les rela­tions inter­com­mu­nau­taires, comme le ferait un obser­va­toire de la société mul­ti­cul­turelle et de ses con­séquences. Nous ne sommes rien de plus qu’une revue de presse : tout ce que nous voyons, sur ces thé­ma­tiques, quelle que soit la source, on le relaie. Nous faisons aus­si des recoupe­ments, en met­tant en rela­tion des infor­ma­tions entre elles lorsque cela s’avère per­ti­nent. Il y a très peu d’an­a­ly­tique, nous livrons des don­nées aus­si brutes que pos­si­bles, et c’est au lecteur d’en tir­er ses conclusions.
Nous fonc­tion­nons de façon assez hor­i­zon­tale, auto­gérée, avec une ving­taine de con­tribu­teurs réguliers. Cela fonc­tionne tous les jours, sept jours sur sept, du matin au soir. Et nous comp­tons plusieurs cen­taines de con­tribu­teurs non réguliers, qui repèrent des infor­ma­tions, assurent des tra­duc­tions, etc…

Ce n’est pas la pre­mière fois que Fdes­ouche se retrou­ve au cœur du débat public ?

En effet, nous avons mis en lumière de nom­breux faits… Je n’ai pas la mémoire exacte pour tous les “buzz” dont nous avons été à l’o­rig­ine… Le pre­mier qui me vient à l’e­sprit, il y a près de 15 ans : l’af­faire de la vidéo d’une agres­sion dans un bus de nuit, à l’époque où ce genre de vidéo ne cir­cu­lait pas, c’é­tait bien avant les smart­phones, cela avait fait la une de très nom­breux médias… Il y a aus­si l’af­faire des écrits de Frédéric Mit­ter­rand et de ses voy­ages en Asie, cela avait causé un énorme scan­dale. Un exem­ple beau­coup plus récent : l’af­faire des émeutes inter­com­mu­nau­taires à Val-de-Reuil la semaine dernière, dans l’Eure, que nous avons été les pre­miers à met­tre en lumière, forçant les médias à en par­ler. C’est très dif­fi­cile de tout citer ! Des infor­ma­tions que nous faisons remon­ter sur notre site se retrou­vent d’ailleurs de plus en plus sou­vent à la une des médias, qui font désor­mais caisse de réso­nance : cela nous fait vrai­ment plaisir.

Que s’est-il passé ces derniers jours ?

Autant je suis habitué aux con­fronta­tions, sou­vent peu cour­tois­es, avec nos opposants poli­tiques, autant je ne com­prends tou­jours pas l’o­rig­ine de l’af­faire de ces derniers jours, qui est basée “sur rien”.
D’où cela est-il par­ti ? Nous avons repris il y a deux ans la liste des sig­nataires de l’appel à la man­i­fes­ta­tion con­tre l’islamophobie du 10 novem­bre 2019. Tout cela était au cœur de l’ac­tu­al­ité, avec une grosse par­tic­i­pa­tion de l’ex­trême gauche aux côtés d’is­lamistes poli­tiques. Pour lancer cette marche con­tre l’is­lam­o­pho­bie, il y a eu une let­tre ouverte qui a été signée par quelques cen­taines de per­son­nal­ités, publique­ment, sous leur vrai nom, tout cela été relayé partout à l’époque. Nous nous sommes con­tentés de retran­scrire ces don­nées sous forme de tableur dans un arti­cle. C’est de l’in­for­ma­tion. Afin de val­oris­er cette infor­ma­tion, nous avons apporté quelques com­plé­ments : par exem­ple, sig­na­ture de “Mon­sieur Untel, maire”, nous avons ajouté “maire de telle com­mune”. Il n’y a aucune insulte, nous ne divul­guons aucun détail per­son­nel, il ne s’ag­it que d’in­for­ma­tions publiques aisé­ment acces­si­bles sur des per­son­nal­ités publiques. Deux ans plus tard, ils font pass­er cela pour du fichage de mil­i­tants de gauche… Et nous nous retrou­vons au cœur de cette polémique absol­u­ment grotesque.

Voir aus­si : Taha Bouhafs, portrait

Une polémique forte­ment médi­atisée par ailleurs.

Cela nous a vrai­ment sur­pris. À la rigueur, que l’ex­trême-gauche fasse son ciné­ma, nous avons l’habi­tude : ils essaient de se mar­tyris­er afin de mobilis­er, avec l’in­ven­tion du nar­ratif de l’ex­trême droite menaçante qui les met­tra en dan­ger, c’est un moyen de mobilis­er leurs mil­i­tants avant tout — ils les pren­nent d’ailleurs pour des cons en jouant sur leurs émo­tions — ils jouent aus­si à fond la carte de l’indig­na­tion pour avoir la supéri­or­ité morale, cela fait par­tie du jeu.

Mais cela a été repris par des chaînes comme BFMTV qui n’a par­lé que de cette non infor­ma­tion toute la soirée du ven­dre­di et la journée du same­di (17 et 18 sep­tem­bre 2021), en pleine affaire des sous-marins, en plein procès des atten­tats du Bataclan…
Si ce que nous faisons est du fichage, c’est la fin du jour­nal­isme : ces gens qui sig­nent une let­tre ouverte, publique­ment, et qui récla­ment donc de la vis­i­bil­ité, ce sont tous des per­son­nal­ités publiques. Si on ne peut plus tra­vailler der­rière et com­menter les posi­tion­nements des uns et des autres, sur qui sont ces sig­nataires, c’est la néga­tion même de l’in­for­ma­tion et du droit à l’in­for­ma­tion. Médi­a­part du souci à se faire…

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