Considérant que la représentation des femmes dans les médias n’est pas encore bien assurée, le collectif féministe « Prenons la Une » est allé à la rencontre des patrons de presse et journalistes.
Le groupe a ainsi rencontré Patrick Cohen (France Inter, France 5), Matthieu Croissandeau (L’Obs), Cécile Dehesdin (Buzzfeed France), Delphine Ernotte (France Télévisions), Johan Hufnagel (Libération), Edwy Plenel (Mediapart), Audrey Pulvar (i>Télé), Élisabeth Quin (Arte), Caroline Roux (Europe 1, France 5) ou encore Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde). Pour ces féministes, « la large majorité des experts sont des hommes et les femmes n’interviennent souvent que sur des sujets dits féminins : les enfants, la santé… On leur a demandé ce qu’ils faisaient pour améliorer la situation ».
Cette demande s’appuie sur une étude du Global Media Monitoring Project (GMMP) qui montre que 83 % des experts invités dans les médias sont des hommes. Aussi, le baromètre Pressedd de la Parité a dévoilé que le nombre de femmes dont parle la presse française est en baisse pour la deuxième année consécutive, avec seulement 151 femmes dans un classement de 1 000 personnalités.
Malgré la mise en place du « Guide des expertes » en 2015, un annuaire gratuit de femmes spécialistes à destination des journalistes, la situation n’a semble-t-il guère évolué, au grand dam des féministes qui rejettent toute intervention des femmes pour leur qualité… de femme. « Notre but, c’est de faire comprendre qu’il existe aussi des femmes avocates, universitaires, qui sont tout aussi compétentes que les hommes. Il suffit d’un peu de volonté pour les mettre en lumière », explique Audrey Lebel.
La journaliste Caroline Roux tempère toutefois : « Pendant des années, on invitait des femmes, mais elles ne venaient pas. » Mais pour Mme Lebel, toujours disposée à faire porter le chapeau aux vilains patrons mâles, « c’est surtout qu’on ne donne pas aux femmes la place d’être légitimes si on ne les entraîne pas suffisamment, si on ne les invite pas régulièrement. Cela engendre de nombreuses problématiques : car s’il y a un manque de visibilité ou une mauvaise visibilité, il n’existe pas de modèle féminin à qui se référer pour les petites filles. »
Autre problème abordé : « Les postes les plus hauts sont principalement occupés par des hommes, même si ça tend à évoluer. » À partir du 8 mars 2016, le CSA intégrera ainsi à son rapport un volet « représentation des femmes » pour contraindre les chaînes à « déclarer combien il y a de femmes présentatrices, animatrices, expertes, invitées sur leurs antennes, et comment elles jugent leurs propres programmes, est-ce qu’ils sont dénués de stéréotypes ou non, elles en déclarent un certain nombre dénués de stéréotypes, et chaque année, il faudra qu’il y en ait plus », a expliqué Sylvie Pierre-Brossolette. Cela promet…
Dans son manifeste publié à sa création, en 2014, l’association Prenons la Une écrivait : « Nous, femmes journalistes, ne supportons plus les clichés sexistes qui s’étalent sur les unes. Pourquoi réduire encore si souvent les femmes à des objets sexuels, des ménagères ou des hystériques ? Par ces déséquilibres, les médias participent à la diffusion de stéréotypes sexistes. » Le ton est donné ; A la limite de l’hystérie pour le coup.