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Feuilleton Obono : derniers développements, Michel Onfray au créneau

29 décembre 2020

Temps de lecture : 10 minutes
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Feuilleton Obono : derniers développements, Michel Onfray au créneau

Temps de lecture : 10 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 11/09/2020

Les médias continuent de parler de « l’affaire Obono », événement politico-médiatique né de la parution du récit intitulé « Obono l’Africaine » dans Valeurs Actuelles n°4370, daté du 27 août au 2 septembre 2020. Une affaire qui a des implications et des ramifications révélatrices de l’état de déliquescence de la vie médiatique en France.

Une déliques­cence dont le pre­mier rebondisse­ment poli­tique­ment très prob­lé­ma­tique a été mar­qué par l’éviction du directeur de la rédac­tion de Valeurs Actuelles, Geof­froy Leje­une, du plateau de la chaîne de Télévi­sion LCI où, dans le cadre de la lib­erté et de la diver­sité de la presse, il devait représen­ter son heb­do­madaire et des idées dites de droite. Mesure uni­latérale, prise dans qu’aucune déci­sion de jus­tice n’ait été pronon­cée, même si le député de La France Insoumise, Danièle Obono, née le 12 juil­let 1980 à Libre­ville au Gabon a porté plainte et si le par­quet de Paris a ouvert une enquête.

Après Tintin au Congo, c’est Obono à Paris

D’après sa biogra­phie offi­cielle, Obono, porte-parole de LFI et député depuis 2017, provient de la bonne bour­geoisie gabonaise. Elle est la fille d’Hortense Sim­bou Mbadin­ga, secré­taire à Air Gabon, et de Mar­tin Edzod­zomo Ela, écon­o­miste, cadre supérieur à la banque Paribas-Gabon de 1975 à 1979. Ce dernier a été écarté de ses fonc­tions pour son oppo­si­tion au régime d’Omar Bon­go, après avoir été can­di­dat à l’élection prési­den­tielle gabonaise de 1998. Il aurait été empris­on­né quelques jours. Obono a vécu au Gabon jusqu’à l’âge de onze ans, puis a rejoint la France au moment de son entrée au col­lège à Montpellier.

Née gabonaise, Danièle Obono a été nat­u­ral­isée française en 2011. Elle est donc Gabono-française et est dev­enue député à peine six ans après avoir été nat­u­ral­isée, un fait assez rare pour être sig­nalé – et pas unique­ment à l’échelle française. Depuis la coloni­sa­tion de l’Afrique par l’Europe, il n’est ain­si pas d’exemple d’Européens occu­pant aus­si rapi­de­ment de telles respon­s­abil­ités poli­tiques, élec­tives, dans leur nou­veau pays d’implantation. Du reste, il n’est pas d’exemples de députés français et blancs dans les assem­blées nationales des pays africains.

Il n’est ain­si pas inter­dit de trou­ver étrange d’entendre la députée de la République Obono, récem­ment française, en ter­mes de durée depuis l’acquisition de ses papiers, faire par­tie ou soutenir, cela dépend des moments et des sujets, des mou­vances proches ou liées aux indigénistes pour lesquelles la France actuelle ne serait pas seule­ment « post-colo­niale » mais « raciste » et « colo­niale ». Expli­ca­tions : la sit­u­a­tion faite aux descen­dants ou sup­posés tels des colonies, ou aux descen­dants ou sup­posés tels de l’esclavage, serait une sit­u­a­tion colo­niale actuelle­ment, et par voie de con­séquence « raciste ». Les colonies auraient été importées sur le ter­ri­toire français car les « anciens colonisés » subi­raient la même sit­u­a­tion qu’à l’époque colo­niale, cette dernière étant automa­tique­ment présen­tée comme néga­tive, un éton­nant trou de mémoire au regard des poli­tiques d’alphabétisation, d’hygiène, de médecine, d’infrastructures, de cul­ture… qui y furent menées. Obono et ses amis ou rela­tions deman­dent pour­tant de la repen­tance et des indem­nités, en sus de lois mémorielles telles que la loi Gayssot rel­a­tive à la sec­onde guerre mon­di­ale. Ces reven­di­ca­tions cachent en réal­ité une haine de la France et une volon­té de rem­plac­er la pop­u­la­tion ayant orig­ine européenne. Ain­si qu’un réel racisme anti-blanc, sou­vent asso­cié à un supré­macisme noir – les deux com­plète­ment niés par les médias officiels.

Michel Onfray démonte l’argumentaire de la députée gabono-française

Invité sur le plateau de LCI, same­di 5 sep­tem­bre 2020, Michel Onfray aurait sus­cité « la polémique », selon l’immense majorité des médias. Ce n’est pas tout à fait exact : il a surtout réclamé la même lib­erté de la presse et d’expression pour tous les organes de presse, y com­pris Valeurs Actuelles, cela même que refuse cette même majorité des médias qui voudrait voir dis­paraître toute pen­sée autre que social-libérale dans le paysage jour­nal­is­tique. Pour le philosophe, de plus en plus clair­voy­ant quant à la réal­ité d’un sys­tème dont il fit autre­fois par­tie, de par sa présence régulière un peu partout, le réc­it est sim­ple­ment « une fic­tion ». Plus pré­cisé­ment : « Tout devient extrême­ment com­pliqué. Les gens ne savent plus ce qu’est l’ironie, ce qu’est l’esprit voltairien, ce qu’est l’humour, ce qui dis­tingue toutes ces choses-là. C’était une fic­tion ». Il est exact qu’il n’est pas plus raciste, pour évo­quer un autre philosophe des Lumières, de par­ler de l’esclavage à tra­vers d’une fic­tion met­tant en scène Obono que de cri­ti­quer l’absolutisme roy­al à tra­vers les Let­tres per­sanes ain­si que Mon­tesquieu le fit. Un sou­tien pour le moins courageux de la part d’un Michel Onfray, main­tenant sys­té­ma­tique­ment présen­té comme un « polémiste », puisque Danièle Obono a porté plainte con­tre Valeurs Actuelles, esti­mant qu’il s’agissait d’un « com­bat uni­versel con­tre le racisme ». Une action menée « pas seule­ment pour (elle), mais pour toutes celles et ceux qui ont été ren­voyés, par ce texte raciste et xéno­phobe dans son essence, à un « chez eux » imag­i­naire loin de la France. » Dans un même temps, le par­quet de Paris a ouvert une enquête prélim­i­naire pour « injure à car­ac­tère raciste ». Notons que dans le cas pré­cis d’Obono le « chez elle » ne tient guère de l’imaginaire, puisque cela s’appelle le Gabon, et que la notion de xéno­pho­bie, le mot sig­nifi­ant haine ou rejet de l’étranger, parait mal­v­enue si elle se con­sid­ère comme française. Il y a un choix clair à faire de sa part : française et donc n’étant pas vic­time de xéno­pho­bie ; étrangère et donc ne pou­vant être député de la république française.

Invité sur LCI la veille – la chaîne qui se débar­rasse de Geof­froy Leje­une –, par Elis­a­beth Mar­ti­choux, jour­nal­iste de gauche sociale-libérale en place depuis fort longtemps, dents accrochées à de nom­breux râte­liers, Michel Onfray avait tenu les mêmes pro­pos, avec d’intéressants développe­ments. Mar­ti­choux défend la lib­erté de la presse de Char­lie Heb­do mais Onfray embraye : « Moi je défends la lib­erté de la presse mais pas seule­ment de la presse de gauche ». Il défend aus­si celle de Valeurs Actuelles. La jour­nal­iste tente alors de sauter sur l’occasion : « Il n’y a pas de relent de racisme ? ». Évidem­ment non, sauf si un tri­bunal en décide en ver­tu de la loi. Onfray essaie de lui expli­quer qu’il ne porte pas plainte, n’est pas défendu par le gou­verne­ment ou le prési­dent de la république quand Char­lie Heb­do le qual­i­fie de « Dori­ot », autrement dit de « fas­ciste » ou de « nazi » – ancien leader du par­ti com­mu­niste français, député de Saint-Denis, Jacques Dori­ot fut col­lab­o­ra­teur durant la sec­onde guerre mon­di­ale et com­bat­tit sous l’uniforme alle­mand sur le front de l’Est. Réponse ? « Lib­erté de cri­tique ». Mar­ti­choux ne sem­ble pas com­pren­dre que cri­ti­quer les posi­tions de Danièle Obono sous forme de fic­tion ressort aus­si de cette même « lib­erté de cri­tique ». Cette lib­erté sem­ble donc être éton­nement ancrée à gauche.

Onfray insiste, comme sur BFM, en redis­ant que « c’est une fic­tion ». Con­cer­nant la ques­tion suiv­ante, « On a le droit de représen­ter une élue de la république en forme d’esclave ?», Michel Onfray donne un argu­ment qui porte : Obono, Dial­lo, Tra­oré etc, patronymes en vigueur dans l’Afrique fran­coph­o­ne (grâce à la coloni­sa­tion ?), répè­tent à satiété qu’ils ne seraient que des descen­dants d’esclaves, qu’ils ne seraient de ce fait que des vic­times (oubliant au pas­sage de sig­naler qu’ils sont peut-être des descen­dants d’esclavagistes). Selon Onfray, ils devraient donc être sat­is­faits qu’un organe de presse con­ser­va­teur accède à leur prin­ci­pale reven­di­ca­tion en les recon­nais­sant pour ce qu’ils pré­ten­dent être, des esclaves réin­car­nés en France en plein 21e siè­cle. Valeurs Actuelles ne fait que dire ce qu’ils affir­ment : « C’est quand même étrange que des gens dis­ent nous sommes des descen­dants d’esclaves, cela nous donne des droits, mais quand c’est dit dans un jour­nal de droite, et sous forme de fic­tion, c’est inter­dit ». Notons qu’Elizabeth Mar­ti­choux regarde étrange­ment Michel Onfray, ne sai­sis­sant pas la logique pour­tant évi­dente de son pro­pos. Argu­ment de Mar­ti­choux : « Le par­quet a ouvert une enquête, on ver­ra ». Réponse de Michel Onfray : « Moi, quand on me dit que je suis Dori­ot, est-ce que le par­quet ouvre une enquête ? ». Argu­ment impa­ra­ble d’Onfray : « Il faut accepter la cri­tique. En poli­tique, on donne et on prend des coups ».

Europe 1, la queue de la comète ?

L’intolérance de la « gauche » libérale lib­er­taire peut tuer pro­fes­sion­nelle­ment. Ain­si, com­plète­ment en dehors de cette « affaire », le jour­nal­iste et ancien rédac­teur en chef adjoint de Valeurs Actuelles Louis de Raguenel avait été nom­mé respon­s­able du ser­vice poli­tique d’Europe 1 début sep­tem­bre 2020. Immé­di­ate­ment, « les représen­tants du per­son­nel » de la radio se sont opposés à cette nom­i­na­tion, organ­isant même une assem­blée dite générale le 7 sep­tem­bre afin de vot­er le rejet de cette nom­i­na­tion. Un rejet qui a obtenu le résul­tat suiv­ant : 114 pour, 3 con­tre. Un vote sovié­tique pour s’assurer qu’un jour­nal­iste de droite ne puisse plus exercer sa pro­fes­sion. C’est sans doute cela que les jour­nal­istes français, mas­sive­ment libéraux lib­er­taires, appel­lent la tolérance, la lib­erté d’opinion ou la lib­erté d’expression. Le crime de ce jour­nal­iste ? Avoir… tra­vail­lé à Valeurs Actuelles. Ce même reproche lui a été fait par le Syn­di­cat Nation­al des Jour­nal­istes… cen­sé tout au con­traire et juste­ment défendre les jour­nal­istes. Peut-être ce syn­di­cat sent-il la néces­sité de défendre toute la pro­fes­sion con­tre l’ancien jour­nal­iste de Valeurs Actuelles ? Un homme dan­gereux ? Les médias de grand-chemin aiment la lib­erté de pen­sée, à cette seule con­di­tion : penser tous dans le même sens.

Deux poids deux mesures

Sur CNews, dans l’émission L’heure de pros, Char­lotte d’Ornellas, jour­nal­iste de Valeurs Actuelles, édi­to­ri­al­iste invitée de l’émission, don­nait son sen­ti­ment sur cette affaire :

« Mon sen­ti­ment est que cela dépasse l’entendement (…) on peut cri­ti­quer le texte, mais des jour­nal­istes dont le méti­er est d’expliquer une sit­u­a­tion ont voulu faire croire que Valeurs Actuelles avait de la sym­pa­thie ou trou­vait que l’esclavage était mar­rant (…) On peut dis­cuter de l’idée de cette fic­tion mais per­son­ne ne l’a fait. Ce procès n’a aucun sens. Dans la France de Char­lie, il y en a qui ont le droit, il y en a qui n’ont pas le droit (…) Au mois de juin, il y a eu un mou­ve­ment met­tant l’occident au ban des accusés, or Obono fait par­tie de cette frange idéologique qui pré­tend que la France est coupable de tout ». Elle cri­tique la mau­vaise foi du monde médi­a­tique. Pour elle, 99 % des com­men­ta­teurs n’ont pas lu la fic­tion et le dessin est sor­ti de son con­texte. Dans cette fic­tion, « il n’y a pas de doute que l’esclavage est abom­inable. Soit on a le droit dans le pays de Char­lie et tout le monde a le droit, soit on a pas le droit ».

Char­lotte d’Ornellas aurait pu ajouter que le dessin cri­tiqué est tout sim­ple­ment une reprise d’un dessin présent dans nom­bre de manuels sco­laires de 4e, lesquels dénon­cent évidem­ment l’esclavage. Une dénon­ci­a­tion très forte­ment présente en France dans le cadre sco­laire, ce que nient juste­ment Obono et ses amis, néga­tion­nistes de la réal­ité his­torique. Par esprit de col­lab­o­ra­tion, le sys­tème médi­a­tique et poli­tique en place, minori­taire dans le pays mais ten­ant les lieux de pou­voirs, fait leur jeu.

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