L’utilisation par la société Cambridge Analytica de données personnelles récupérées via Facebook (avec le consentement de ce dernier, implicite ou explicite ?) a déjà été analysée ici. Mais la pratique d’achats de fichiers ciblés avait été largement utilisée par les campagnes Obama comme par la campagne Macron en 2017. La Lettre A du 21 mai 2018 a bien analysé le phénomène.
Un premier tour incertain
Les sondages de début de campagne indiquaient tous Marine Le Pen en tête et soit Fillon soit Macron en deuxième position. Fillon a alors recours aux services d’Arthur Media Group (AMG) via sa filiale Optin Machine. Des adresses obtenues auprès de fichiers de lecteurs du Figaro, L’Obs, La Croix, et… Météo France sont achetées et utilisées.
Du côté Macron on s’inquiète. Malgré les campagnes autour de Pénélope Fillon, leur candidat n’est pas certain de figurer au second tour, Fillon étant alors certain d’être élu en cas de duel avec Marine Le Pen. L’équipe achète alors des fichiers de commerçants et artisans à La Poste.
Self Contact rentre en jeu
L’incertitude demeure, il faut frapper plus fort. La société Self Contact revendique un fichier qualifié de 19 millions d’adresses obtenues via les Pages Blanches et l’Insee. Après un test positif sur Marseille, un budget de 240.000 euros est négocié. Il permettra une opération de marketing téléphonique auprès d’un peu plus de six millions de personnes, employant 5000 lignes téléphoniques.
Moralité : en période électorale tous ceux qui en ont les moyens louent des fichiers quelle que soit leur provenance. La nouvelle directive RGPD (règlement général sur la protection des données) protègera partiellement le public sur l’utilisation de ces fichiers mais en cas de score supposé serré, la tentation d’utilisation massive de vos données personnelles restera grande.
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