La dernière semaine de l’année 2021 a été marquée une nouvelle fois par des violences commises par des migrants à Calais. Les fêtes de fin d’année s’annonçaient pourtant bien : le quotidien régional La Voix du Nord n’invitait-il pas en couverture de l’édition du 25 décembre ses lecteurs à un « Noël partagé avec des migrants » ?
En fait de convivialité, ce sont surtout des violences qui ont été « partagées » par des migrants à Calais. Nous saisissons cette occasion pour revenir sur la manipulation de l’opinion publique visant à présenter l’accueil des migrants comme un impératif moral, « quoiqu’il en coûte ».
L’accueil des migrants, un impératif moral
L’Observatoire du journalisme a présenté à plusieurs reprises le militantisme invariablement pro-migrants du service « public » de radiotélévision. Pour ne donner que quelques exemples parmi d’autres :
- « La crise des migrants vue par Arte : les bons et les méchants », en juillet 2017,
- « France Inter : pas de vacances pour la propagande de la matinale », en septembre 2018,
- « France info ou la propagande par les larmes », en août 2019,
- « France Culture : la promotion de l’immigration au cœur de l’information », en février 2020.
Certains titres de la presse quotidienne régionale ne sont pas en reste. La couverture pro-migrants du quotidien régional La Voix du Nord le jour de Noël ne doit rien au hasard. Ce type de militantisme a de nombreux soutiens non seulement au sein des médias de grand chemin, mais également au sein de l’Église : pour le pape comme pour de nombreux évêques, le migrant est la nouvelle figure du pauvre que l’on doit non seulement aider, mais également accueillir inconditionnellement.
Le pape contre les Européens
Le journaliste et essayiste Laurent Dandrieu a brillamment analysé, notamment lors d’une conférence donnée en 2017 et dans un livre intitulé « Église et immigration : le grand malaise », le discours actuel du pape et de certains évêques sur la question de l’immigration. L’impératif de charité chrétienne impliquerait selon eux l’accueil de tous les migrants, indépendamment de toute considération politique, religieuse et culturelle.
Le sociologue Philippe d’Iribarne a souligné dans un article paru dans Le Figaro en novembre 2020 que l’encyclique Fratelli tutti prônant un accueil inconditionnel de l’étranger ne prend appui que sur l’une des deux figures de l’étranger présentes dans la Bible.
Ce courant tant idéologique que religieux aboutit à ce que la déferlante migratoire majoritairement issue de pays musulmans, qui menace l’identité de l’Europe, bénéficie d’une grande bienveillance.
C’est dans ce contexte que les médias de grand chemin doivent, souvent à contre cœur, se résoudre à couvrir des violences commises par des migrants. Et en ce mois de décembre à Calais, il y a de la matière.
Un chauffeur poids lourd « victime d’une altercation »
Le journal La Voix du Nord a le plus grand mal à décrire les migrants comme des agresseurs. Le quotidien nous apprend le 19 décembre, qu’un « chauffeur routier a vu que des migrants tentaient de monter dans sa remorque », quand il s’est garé, selon le procureur de la République du tribunal de Boulogne.
Les migrants étaient « entre deux et cinq, selon les témoignages », ajoute le procureur. « Le chauffeur est descendu de sa cabine. L’un des migrants lui a porté un coup à la tête. Tous se sont enfuis. Le chauffeur routier est remonté dans le camion. Son collègue s’est aperçu, cinq minutes après, qu’il était victime d’un malaise ». Il est mort peu après.
Quel titre le quotidien régional a‑t-il donné à l’article consacré à cet événement ? « Des migrants agressent un chauffeur poids lourd qui décède » ? Vous n’y pensez pas. Ce sera le 20 décembre « Une enquête ouverte après la mort d’un chauffeur poids lourd sur l’aire de l’Épitre ». Peu importe les déclarations du procureur de la République qui ne sont pas au conditionnel.
Le 30 décembre, 40 policiers blessés : « Tensions entre CRS et migrants à Calais Marck »
Le 30 décembre, des CRS ont voulu procéder à l’évacuation d’un campement illégal près d’une voie ferrée à Calais. Un campement parmi de nombreux autres des migrants qui attendent leur heure pour gagner clandestinement le Royaume-Uni.
Comment le quotidien régional a‑t-il présenté l’agression des migrants qui a abouti à 40 CRS blessés ? Il faut aller chercher à la 4ème page de l’édition du 30 décembre du journal pour trouver un court article intitulé : « Tensions entre CRS et migrants : quarante policiers blessés ».
Une nouvelle fois, il semble moralement inacceptable de désigner les agresseurs, les migrants, et les agressés, les CRS. La forme indirecte permet d’éviter de présenter une réalité sans doute trop crue : « Des affrontements ont éclaté et se sont prolongés dans ce quartier résidentiel. Parmi les projectiles, des morceaux de ballast, provenant de la voie ferrée à proximité ». Qui a lancé les morceaux de ballast ? Mystère, on en connait simplement les conséquences : 40 policiers blessés. Un grand exercice de contournement du récit factuel et sans détour de l’agression des CRS par des migrants dont la Voix du Nord ne dit également à aucun moment qu’ils occupaient illégalement un terrain.
France Bleu, plus cru
La radio France Bleu est beaucoup moins pudique pour décrire les événements :
« Un affrontement “d’une violence inouïe” entre des CRS, des gendarmes et des migrants a fait “au moins 15 blessés” ce jeudi matin à Calais. Les CRS disent avoir été attaqués par une centaine de personnes armées de pierres ». Le bilan de la journée est éloquent : « Au moins 15 CRS ont été hospitalisés selon une source policière pour des contusions, des plaies et un policier aurait une jambe cassée. Plusieurs migrants ont également été blessés dans l’affrontement ». Le contraste avec la couverture de La Voix du Nord est saisissant. Les journalistes des deux médias ont-ils assisté au même événement ?
La maire de Calais agressée par un « sans-abri »
Le 29 décembre, la maire de Calais, Natacha Bouchart, a voulu se rendre dans une agence bancaire de la ville. Selon un article de l’édition du 30 décembre de La Voix du Nord, elle « a été agressée par un sans-abri. (…) L’une des clientes qui sort, enceinte, tombe en essayant d’éviter les sacs dans l’entrée. L’élue ôte les sacs du passage, l’un des hommes s’approche et lui porte un coup du plat de la main sur l’épaule ».
Le quotidien Nord Littoral est un peu plus précis sur le groupe auquel l’individu ayant agressé la maire de Calais appartient : « un groupe de SDF originaires d’Europe de l’est ». Aurait-il été incongru pour La Voix du Nord de désigner ces individus comme des « migrants » ? Ou ce terme ne doit-il être qu’associé à des événements positifs ?
En 2015, la maire de Calais ne tarissait pas d’éloges vis-à-vis des migrants lors d’une interview à Valeurs actuelles : « il faut vivre avec la problématique des migrants «dans les meilleures conditions possible», car «ça peut être une richesse culturelle exceptionnelle […] et les Calaisiens pourront s’enrichir encore plus de ces populations migrantes ».
Si les Calaisiens peuvent apprécier chaque jour l’enrichissement qu’apportent les migrants, parmi les médias de grand chemin, La Voix du Nord est bien placée pour en gommer toutes les aspérités.
L’OJIM a consacré d’autres articles à la couverture médiatique en mode discret des violences commises par les migrants à Calais :
- Routiers et policiers à Calais : les oubliés des tribunes dans les médias
- [Rediffusion] Calais : Un journaliste agressé et son interprète violée par trois afghans
- Calais : Trois journalistes anglais violemment attaqués par des clandestins
- Dossier : Calais, le peuple en angle mort [rediffusion]
- Calais : Nord littoral a‑t‑il tenté de masquer un lynchage commis par des clandestins ?