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Football contre rugby : règlement de comptes entre Pascal Praud et Jean-Michel Aphatie

29 novembre 2024

Temps de lecture : 7 minutes
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Football contre rugby : règlement de comptes entre Pascal Praud et Jean-Michel Aphatie

Temps de lecture : 7 minutes

Le stade de France a accueilli successivement et à 48 heures d’intervalle, du football le 14 Novembre avec France-Israël, et du rugby le 16 Novembre avec France — Nouvelle Zélande. Naturellement, chacun sait que les deux événements n’étaient pas comparables ; le premier match s’est joué dans le contexte particulier que l’on sait, tandis que le second est l’une des plus belles affiches que peut produire le monde de l’ovalie. Cependant, le comportement exemplaire des équipes et du public lors du match de rugby a généré quantité de commentaires très positifs sur les réseaux, et la concomitance des dates a immanquablement fourni l’occasion d’une comparaison entre les deux sports.

Pascal Praud ouvre le feu sur CNews

Lun­di 18 au matin, CNews ouvre « l’heure des pros » sur le match de rugby :

L’Heure des Pros (Émis­sion du 18/11/2024) | CNEWS. Pas­cal Praud revient sur le match de rug­by qui a mar­qué et qui a généré quan­tité de réac­tions unanime­ment positives ;

« Une séquence a mar­qué les uns et les autres ce week­end ; l’hymne nation­al, la Mar­seil­laise, chan­tée par cha­cun des joueurs du XV de France et repris par l’ensem­ble du stade. C’é­tait Same­di soir sur TF1, avant que les bleus ne gag­nent con­tre la Nou­velle-Zélande. J’y ai vu un morceau de France, ce cher pays de notre enfance, j’y ai vu le monde d’a­vant, quand les hooli­gans ne rem­plis­saient pas les tri­bunes, quand aucun tiffo poli­tique ne per­tur­bait une ren­con­tre sportive, quand il n’y avait pas plus de policiers que de spec­ta­teurs, quand enfin des joueurs qui por­tent le mail­lot nation­al sem­blent tra­ver­sés par une émo­tion qui vient de loin, celle des enfants de la patrie quand le jour de gloire arrive. Les années passent et le rug­by garde son iden­tité pour le meilleur et aus­si par­fois pour le pire lorsque ces jeunes gens arrosent trop une vic­toire. Mais il y avait dans cette Mar­seil­laise, chan­tée à plein poumon, par des coloss­es aux pieds agiles un désir d’honor­er et de servir la France, une volon­té aus­si de partager… »

Que trou­ve-t-on pré­cisé­ment dans cette inter­ven­tion ? Une admi­ra­tion pour des rug­by­men fiers de représen­ter leur pays, et plus générale­ment une nos­tal­gie des temps passés et une émo­tion pour un sport qui reste solide­ment ancré dans le pays.  Le jour­nal­iste s’émeut des images du rug­by, et se fait ain­si l’é­cho des très nom­breux com­men­taires qui ont fleuri sur les réseaux après le match. Mais il ne dit rien de négatif sur le foot­ball. Et il ne cherche pas à analyser les dif­férences entre les deux sports, ce qui serait évidem­ment plus long et plus complexe.

Jean-Michel Aphatie prend la mouche « fachosphériste »

Ce sera sur TMC dans l’émis­sion Quo­ti­di­en du 19 Novem­bre, qui cherche à débus­quer la faute. Quo­ti­di­en, pre­mière par­tie du 19 novem­bre 2024 — Quo­ti­di­en | TMC

« Vous êtes foot ou vous êtes rug­by ? … ce débat sort d’une col­li­sion sportive tout à fait sur­prenante ; Jeu­di soir stade de France… Same­di soir… deux stades, deux ambiances ».

« le Dimanche sur les réseaux soci­aux, beau­coup de gens, plutôt fachos­phéristes » ont relevé les différences.

Ensuite sont passées des images de la Mar­seil­laise des rug­by­men, chan­tée à tue-tête et reprise par le pub­lic, et de celle des foot­balleurs, où les joueurs sem­blent pressés que l’in­ter­mède se termine.

Puis Jean-Michel Aphatie désigne Pas­cal Praud comme « le grand prêtre de cette messe-là », et com­mente ain­si les paroles de son confrère :

« L’A­cadémie française pour Pas­cal Praud ! au min­i­mum ! Voyez, rug­by la fierté Française, le monde d’a­vant, de quel avant ? On par­le de quoi ? Bon on par­le des années cinquante-soix­ante, de la France des clochers, quand la France était, je le dis comme çà parce qu’il le pense comme çà, il ne l’a pas dit mais il le pense comme çà, quand la France était blanche, après la France est métis­sée et puis il y a des prob­lèmes et puis il y a la drogue et puis il y a des vio­lences et ça c’est le foot, c’est ça le débat… ».

Si l’on reprend l’édi­to­r­i­al de Pas­cal Praud, il n’a rien dit de négatif sur le foot­ball. Et c’est encore Aphatie qui par­le de « France blanche », et de « France métis­sée », une chronique qui relève du procès d’intention.

Voir aus­si : Jean-Michel Aphatie, portrait

Praud reprend sur Europe 1

Mais nous pou­vons pouss­er la curiosité et nous deman­der com­ment Pas­cal Praud a traité le sujet sur d’autres médias. Un exem­ple dans sa mati­nale d’Europe 1 du même jour, où il prend un peu plus de temps pour traiter la question.

« Cela a frap­pé beau­coup de gens cette Mar­seil­laise chan­tée à capel­la par tout le pub­lic au stade, des images qui effec­tive­ment changent après France-Israël », même si pré­cise-t-il « les foot­balleurs ne sont pas respon­s­ables du cli­mat de France-Israël ».

La chronique est étayée avec une inter­ven­tion de Rudy Mana, porte-parole du syn­di­cat de police Alliance et auteur d’un tweet élo­gieux sur le pub­lic et l’am­biance rug­by, qui déclare :

« pour un polici­er aujour­d’hui, sécuris­er un match de rug­by, c’est un vrai bonheur ».

Au-delà du con­texte très par­ti­c­uli­er de France – Israël, qui est à nou­veau rap­pelé, Rudy Mana  souligne l’im­mense dif­fi­culté à sécuris­er les matchs de foot­ball en général, tan­dis qu’au rug­by, « les sup­port­ers des deux équipes boivent des canons ensem­ble, ils dis­cu­tent ensem­ble, ils échangent ensem­ble … en tant que policiers, on ressent l’an­i­mosité que l’on peut avoir sur un match de foot et la sym­pa­thie que l’on peut avoir sur un match de rugby. »

Et Pas­cal Praud de conclure :

« Même si on ne va pas faire d’angélisme, par­fois les rug­by­men notam­ment lors de la 3ème mi-temps lorsqu’ils arrosent un peu trop la vic­toire … ce n’est pas tou­jours ce qu’il faut faire, c’est vrai qu’il y a dans les valeurs du rug­by une iden­tité de partage, de com­mu­nion, d’i­den­tité très Française que l’on a vu dans cette Mar­seil­laise bien évidemment. »

Un autre point de vue par Jérôme Rothen

Un autre exem­ple sig­ni­fi­catif avec Jérôme Rothen sur RMC Sport du 18 Novembre :

Il faut pren­dre ce qu’il se fait ailleurs”, le foot doit s’in­spir­er du rug­by selon Rothen

En préam­bule, Jérôme Rothen ne veut pas com­par­er foot­ball et rug­by (pour­tant, c’est bien ce qu’il fait).

Extraits :

« Si tu me par­les de l’at­mo­sphère du rug­by, dans un stade comme ça, same­di soir c’é­tait fan­tas­tique. Ce que je reproche au foot et c’est pour ça qu’on met une petite alerte aux dirigeants du foot­ball français : méfiez-vous de ce que vous met­tez en avant et du spec­ta­cle sur le ter­rain ou dans les tri­bunes. Il faut pro­téger un peu plus le football. »

« La Mar­seil­laise reprise par 80.000 per­son­nes, je n’ai jamais vu ça, même dans le foot, dans les gros matchs, je n’ai jamais vu ça. J’en avais des fris­sons. Nous (au foot) on a tou­jours des sif­flets, des ceci et des cela. Putain, mais tout le monde chan­tait et en plus tu respectes aus­si l’ad­ver­saire, la Nou­velle-Zélande, le haka était respecté. »

L’an­cien joueur inter­na­tion­al et con­sul­tant foot­ball depuis une dizaine d’an­nées, ne cache pas son ent­hou­si­asme pour le spec­ta­cle offert par le bal­lon ovale, à la fois sur le ter­rain et en dehors du ter­rain. Il rejoint ain­si ce qui a été observé par Pas­cal Praud, et par bien d’autres. Serait-il devenu « fachosphériste » ?

Voir aus­si : Coupe du monde de foot­ball : les médias de grand chemin jet­tent un voile pudique sur les « incidents »

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