Certes, la situation du troisième titre de la presse magazine français, Le Point, est loin d’être catastrophique. Reste que, pour la première fois de son histoire qui a démarré en 1972, le titre coupera dans ses effectifs. Un challenge à relever par le futur PDG, Olivier Mégean.
Avec près de trois millions d’euros de pertes en 2014 (pour 80 millions d’euros de chiffre d’affaires), Le Point est touché à son tour par les maux communs qui frappent la presse magazine depuis 2012. La diffusion est désormais baissière pour ce secteur également (DSH OJD 2013–2014 : 405 649 exemplaires, ‑4,3%). Le décrochage serait encore plus important concernant les recettes publicitaires. Au Point, elles auraient reculé de près de 10% en 2014. Mais la conjoncture n’explique pas tout.
La prise de recul fin 2013 de Franz-Olivier Giesbert, le précédent directeur, au profit d’Étienne Gernelle, semble coïncider avec un certain flottement éditorial en interne. Le Point, qui avait fait son succès jusqu’en 2012 grâce, notamment, à des couvertures accrocheuses, semble avoir perdu son inspiration. Les marronniers de la presse magazine, l’immobilier, la franc-maçonnerie, les médecines naturelles ou le classement des hôpitaux ont pris le pas sur les enquêtes et l’investigation. D’un point de vue politique, Le Point qui se classait à droite ces dernières années, s’est aussi clairement replacé au centre. Cette stratégie fait le miel de Valeurs Actuelles dont la diffusion a bondi (DSH OJD 2013–2014 : 102 967 exemplaires, +15%). L’hebdomadaire dirigé par Yves de Kerdrel a de toute évidence récupéré une partie importante des lecteurs du Point, déçus par l’eau tiède servie à longueur de colonnes par l’hebdomadaire.
Dans ce contexte où ni le numérique avec Lepoint.fr (quatre millions de VU en octobre, selon l’éditeur), ni l’événementiel (Futurapolis), ne semblent être en mesure de prendre pour l’instant le relais, la nouvelle équipe dirigeante n’a pas d’autre solution que de réduire la voilure. Ainsi, le “redimensionnement” du Point passera par des coupes de 15% dans le personnel. Les métiers liés au papier ou sans réelle valeur ajoutée seront les premiers touchés. Sur les 33 postes supprimés, neuf concerneront des assistantes, six des documentalistes et trois des réviseurs. Six postes seront en revanche créés sur les fonctions digitales. Ce plan de sauvegarde de l’emploi sera enclenché à partir du 7 janvier et pour une durée de deux mois a priori. Les départs devraient donc s’échelonner à partir de juin.
Pour autant, le titre ne devrait pas attendre six mois pour démarrer son redéploiement. Ce dernier s’appuiera sur deux jambes. La francophonie avec, notamment, une accélération sensible sur le site afrique.lepoint.fr. L’autre axe est la création d’un pôle “News” au sein du journal, abondant pour tous les supports (print, web, applications). Une documentation numérique sera créée en appui.
Crédit photo : younik via Flickr (cc)