Le grand public connaît l’amour compulsif de Julien Dray pour les montres de prix, les connaisseurs des médias connaissent l’amour compulsif de Caroline Fourest pour les histoires abracadabrantes sorties de sa fertile imagination de militante LGBT tendance néo-conservatrice.
Sa carrière offre une merveille d’approximations journalistiques, d’inventions pures et simples comme celle qui lui a valu une remontrance du CSA après une intervention en direct sur France Culture révélant au public horrifié que dans le Donbass les paramilitaires russes arrachaient au couteau les yeux de leurs prisonniers ukrainiens, un fantasme certainement apprécié au Département d’État américain.
Celle que Pascal Boniface considérait en 2011 comme le « triomphe médiatique des experts en mensonge », celle que Pierre Tevanian décrit comme « fameuse pour sa remarquable capacité de mensonge », celle que Marc Godin dans Bakchich de janvier 2014 définissait comme « commissaire du peuple et flic de la pensée » a intégré la rédaction de Marianne comme éditorialiste dans le numéro du 9 septembre 2016. Et sous un titre involontairement comique « La guerre, c’est du sérieux ».
Est-ce Renaud Dély (surnommé « délit d’opinion » par certaines mauvaises langues), lequel signe désormais l’éditorial ouvrant le magazine, qui l’a fait venir pour mieux écarter Joseph Macé-Scaron (relégué en page 47) en remplaçant une icône gay par une autre ? Ou le patron Chaisemartin organisant avec gourmandise des luttes internes pour mieux les arbitrer ? D’après nos informations, la rédaction hésite entre résignation et indignation silencieuse tant la situation de Marianne est fragilisée par les luttes de pouvoir et une ligne politique brouillonne où le lecteur se perd volontiers.