Le prisme déformé des médias sur l’insécurité n’est pas l’apanage des télévisions ou journaux nationaux. On s’en doutait, mais on en a eu, très récemment, une nouvelle preuve avec France Bleu Drôme-Ardèche.
Le 14 mars dernier, la police municipale de Bollène (Vaucluse) prend en chasse une voiture recherchée. Visiblement, il ne s’agit pas de « petits » délinquants, puisque les occupants n’hésitent pas à lancer des fumigènes derrière eux pour échapper à la police ! La course poursuite se termine mal. Deux voitures de police sont accidentées, sur le territoire de la commune voisine de Pierrelatte. Un policier a une clavicule cassée, tandis que les deux véhicules sont bons pour la casse. Le fait divers fait la une des journaux locaux le lendemain matin.
Le 15 mars, dans son journal du 8 heures, France Bleu Drôme-Ardèche consacre un reportage (à partir de 1,57) d’à peine plus d’une minute, à cet accident. La moitié est une charge contre les policiers municipaux : « mais cet accident entre policiers municipaux pose quelques questions. Que faisaient ces agents de la ville de Bollène à plus de quinze kilomètres de leur zone de compétence ? Pourquoi deux voitures se sont-elles lancées dans cette poursuite et pour quelle raison ? Car les policiers municipaux doivent intervenir s’ils voient se produire sous leur yeux un crime ou un délit. Était-ce le cas hier ? Ils ont aussi l’obligation de prévenir les forces de l’ordre, police nationale ou gendarmerie, lors du flagrant délit. Cela a‑t-il été fait par les agents de Bollène. L’enquête devra le déterminer ».
En bref, pour Nathalie De Keyzer, la journaliste, les policiers municipaux semblent être en tort. Les méthodes classiques de désinformation sont là : suite de questions orientées, ton suspicieux, etc. Le fond de l’affaire, lui, n’est pas commenté. Seul le comportement des policiers est disséqué.
A 10h40, la même Nathalie De Keyzer publie une dépêche sur le site de la station : les policiers sont clairement mis en accusation, sous ce titre : « Accident Pierrelatte : le directeur de la police municipale de Bollène entendu aujourd’hui ». On ne précise pas qui entend ce fonctionnaire, mais on devine qu’il s’agit de la Justice. Le coupable est tout désigné, et c’est forcément le policier, puisqu’il est « entendu » le jour même. Le ton de l’article est affirmatif. Aucun doute n’est permis. Et la journaliste de continuer : « la question est posée ce matin : ces policiers municipaux avaient-ils prévenu de leur intervention dans un département voisin ? […] Le directeur de la police municipale va donc être entendu aujourd’hui ». (capture d’écran)
Moins d’une heure plus tard, l’article est retiré du site internet. L’url de la page renvoie à « cette page est introuvable ». Pourquoi ? Très certainement parce que le directeur de la police municipale n’a pas été entendu par la Justice, comme l’a confirmé à l’OJIM, le service communication de la mairie de Bollène. Celle-ci se défend vigoureusement dans un communiqué : « toute cette action s’est déroulée, bien entendu dans le cadre de la loi et des procédures, contrairement à ce qu’ont laissé entendre certains médias n’ayant pas pris soin de s’informer correctement ».
Est-ce Nathalie De Keyzer qui est ainsi visée ?
Source : France Bleu Drôme-Ardèche