Après la décision prise par la direction de France Culture, début janvier, d’arrêter la chronique de Stéphane Robert, la Société des Journalistes (SDJ) de Radio France a dénoncé une « décision brutale » tout en évoquant des raisons politiques à l’origine de cette décision.
Depuis fin août 2015, Stéphane Robert tenait, sur les ondes de la station, un billet politique chaque matin à 7h15 du lundi au vendredi. Le 16 décembre, la direction de la rédaction de France Culture lui a annoncé l’arrêt de sa chronique dès la rentrée de janvier, au motif vague que celle-ci n’était « pas assez aboutie ».
Dans un communiqué publiée le mardi 12 janvier, la Société des journalistes du groupe public a dénoncé une méthode « brutale et impréparée ». Et d’insister sur le fait que « rien n’a pu réellement alerter le journaliste » sur ce qui était reproché à ses billets, mis à part « une remarque négative formulée par le directeur de la rédaction il y a quelques jours au sujet d’une chronique (25/11/2015) qui critiquait les sondages commandés par Radio France et les sondages en général ».
En effet, le 25 novembre 2015, Stéphane Robert critiquait, sur le ton de l’ironie, les sondages commandés par Radio France au sujet des élections régionales avec un billet intitulé : « Et si on se payait une bonne tranche de sondage ? ». Des sondages « que nous sommes gentiment invités à relayer auprès de nos auditeurs » notait-il. « Ils auraient donc d’autant plus de valeur ces sondages que c’est l’argent dont nous sommes dépositaires via la redevance audiovisuelle qui les a financés. C’est assez curieux », avait-il poursuivi, qualifiant les sondages en général « d’outils d’influence » permettant « au mieux que de dégager des tendances à moyen et long terme ».
Et de conclure : « On peut bien se payer de sondages et se payer de mots, mais n’allons pas jusqu’à se payer notre tête en prétendant prédire le résultat d’une élection. » Un billet qui n’aurait pas plu à la direction de France Culture.
Cette chronique, et la remarque négative du directeur de la rédaction seraient-elle à l’origine de l’arrêt définitif du billet quotidien de Stéphane Robert ? Dans son communiqué, la SDJ n’ose « ni imaginer une forme de censure, ni une réponse à une éventuelle pression ».
Selon la société des journalistes, la décision de stopper net la participation de M. Robert est peu judicieuse. En effet, « le cœur du problème est le défaut d’accompagnement, l’absence d’un débriefing régulier et d’un éventuel recadrage de la chronique. Tout cela aurait pu éviter une décision qui apparaît in fine tardive, soudaine, surprenante, injustifiée et impréparée ». Aujourd’hui, « aucune solution n’est proposée pour la suite dans 3 semaines » et tout ceci ne va faire que créer inutilement « du trouble et du désordre au sein du service politique ».
« Il y avait d’autres façons de terminer l’année 2015 à la rédaction de France Culture », conclut la SDJ avant de souhaiter, pour 2016, « un management plus apaisé où soient réaffirmés les mots “dialogue” et “empathie” ».