Créée en 1989, l’émission non-conformiste « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet ne sera pas reconduite par France Inter.
La station, qui poursuit la politique de rajeunissement mise en œuvre par Radio France, a ajouté qu’un nouveau rendez-vous hebdomadaire pourrait reprendre l’esprit de l’émission, et serait confié à une équipe plus jeune.
Dans un entretien accordé au Monde.fr, Daniel Mermet s’est scandalisé de cette décision : « Je suis consterné et j’estime que cette décision est une grande maladresse ! Les raisons avancées pour cette suppression sont fallacieuses (…) Je crois surtout que c’est une décision politique. Je ne suis pas propriétaire de l’antenne mais je pense que derrière cet arrêt, il y a de la revanche, probablement des règlements de compte. »
Au sujet de la proposition de France Inter de lui confier une série de grands reportages pour l’été 2015, Mermet estime qu’on lui propose « des carottes », mais « rien pour les cinq journalistes reporters de l’émission. » Et celui-ci de conclure : « Aujourd’hui, les dirigeants de Radio France ne sont plus des journalistes mais des gestionnaires. »
De son côté, le cofondateur de Boulevard Voltaire (et candidat Debout la République) Dominique Jamet a pris la défense de Mermet, et ce malgré leurs divergences idéologiques. « Il y a un bon moment que Daniel Mermet et son émission “modeste mais géniale” étaient dans le collimateur d’une hiérarchie qui le poussait insensiblement mais inexorablement vers la sortie », constate-t-il avant d’estimer que « c’était justement cette voix dissonante, ce discours politiquement incorrect, à contre-courant, à contre-pied d’une radio tellement comme il faut, aux antipodes du prêt-à-penser qui règne sans partage sur France Inter, qui détonaient avec le chœur des béni-oui-oui qui font couler sur les ondes, du soir au matin et du matin au soir un flot d’eau tiède et parfumée, et qui faisaient ressortir par contraste l’uniformité conformiste de l’ensemble. »
Plus loin, il s’indigne que France Inter, radio publique financée par tous les contribuables, « soit confisquée par ses dirigeants et ses journalistes et ne reflète nullement à travers ses programmes et ses collaborateurs la réalité et la diversité du pays dont elle est censée être l’émanation, qu’elle soit constamment et délibérément la négation même du pluralisme sans lequel il n’est pas de démocratie ».
Et Jamet de conclure par une petite pique contre Mermet : « Daniel Mermet est aujourd’hui victime d’un système contre lequel je ne sache pas qu’il se soit élevé comme il l’aurait dû quand il en avait la possibilité. »
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Crédit photo : Bertrand via Wikimedia (cc)