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France Inter : Baptiste Beaulieu contre les hommes

3 avril 2020

Temps de lecture : 5 minutes
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France Inter : Baptiste Beaulieu contre les hommes

Temps de lecture : 5 minutes

Baptiste Beaulieu est un médecin généraliste né au milieu des années 80. Jusque-là, tout va bien, rien que d’anodin. Mais Baptiste Beaulieu se prend aussi pour un écrivain et une grande conscience publique, sans doute ferait-il mieux de s’occuper de ses malades. Spécialisé en addictologie et en violences conjugales, il en a tiré une vision noire de la société et particulièrement des relations entre les hommes et les femmes. Il faut toujours se méfier des médecins qui veulent écrire : Rabelais, Léon Daudet ou Céline avaient au moins un grand style et une immense culture, même s’ils étaient humainement plus ou moins supportables.

Inculture et dictature

Bap­tiste Beaulieu, lui, n’a pas de style et n’a lu aucun livre. Hélas, il en a com­mis qui se sont bien ven­dus. Depuis, il est invité sur France Inter et fait pro­fes­sion d’insulter les hommes, tous les hommes, tous menteurs, vio­lents, haineux envers les femmes.

Que nous racon­tait-il le 9 mars 2020, pour chang­er ? « J’en ai marre des mecs, mais marre, marre, marre… ». Le pub­lic aus­si en a marre, surtout des col­la­bos d’une sorte d’utérisation du monde d’un côté (on devrait dire hys­téri­sa­tion, mais c’est plus clair ain­si) et des racailles sans édu­ca­tion de l’autre, qui, elles, mar­tyrisent les femmes et les insul­tent – sauf leur mère évidem­ment. Mais ce n’est pas de ces « mecs » là que nous par­le Bap­tiste Beaulieu. Lui nous par­le du macho blanc européen du quo­ti­di­en, du misog­y­ne ordi­naire, de Dupont-la-joie qui men­ace l’harmonie du monde par son unique présence qui infecte la terre.

France Inter, radio haine ?

Sur France Inter, dev­enue ce matin-là la radio de la haine du Français, sub­ven­tion­née par les Français, M. Beaulieu enta­mait ain­si sa dia­tribe au mois de mars de l’an de grâce 2020 :

« Si vous saviez comme j’en ai marre de nous, de nos petites lâchetés, de nos petites trahisons, de nos petits égos de coq, tou­jours mal placés, de nos angles morts per­ma­nents, et de nos orgueils démesurés… »

Ça aurait pu com­mencer autrement : sci­en­tifique, argu­men­té, mesuré, dialec­tisé. Ah non, par­don, on est sur Radio France : il n’y a jamais rien à prou­ver, seule­ment à assén­er, puisque les chroniqueurs ont préal­able­ment été sélec­tion­nés sur leur bon­té naturelle, qui les sépare du reste du monde, qu’ils doivent d’ailleurs con­ver­tir et élever jusqu’à eux, pour nous réé­du­quer en quelque sorte.

Le médecin-romanci­er-chroniqueur Beaulieu pour­suit en dis­ant qu’il n’a pas du tout envie de par­ler des hommes – ces raclures – puisqu’on est au lende­main de la journée de la femme, mais tout de même il ne peut résis­ter au plaisir de leur foutre un plomb en pas­sant – les abrutis. Il nous entre­tient donc durant cinq min­utes de prob­lèmes d’infertilité mas­cu­line et des injus­tices qui en découlent. Car, non con­tents d’être inca­pables de se repro­duire, Dieu mer­ci, les­dits hommes – ces jean-foutre – se ven­gent sur leur chère com­pagne, for­cé­ment. C’est un médecin qui le dit depuis son petit cab­i­net de Toulouse, voilà la vérité sur radio haine.

Caricatures

Et d’enchaîner les exem­ples : Mon­sieur G. qui a mal durant les rap­ports accuse sa femme, l’envoie con­sul­ter, alors que c’est lui – le pau­vre type – qui « urine du pus ». Mon­sieur R. insulte sa femme qui n’arrive pas à enfan­ter alors qu’elle a déjà eu des enfants aupar­a­vant d’un autre homme – le crétin. Mon­sieur L. expédie sa femme avorter pen­dant que lui joue à la Playsta­tion. Après avoir aligné les cas gênants, voire à vom­ir, de cet acabit, dont rien ne nous prou­ve qu’ils ne soient pas nés dans son esprit fer­tile d’idéologue, le gen­til Beaulieu conclut :

« Être une femme hétéro­sex­uelle, c’est quand même devoir choisir par­mi un cageot rem­pli de fruits pour­ris celui qui vous pèsera le moins sur l’estomac. Alors oui, je sais on va me dire “pas tous les hommes”, eh bien je m’en fous : tant qu’il en restera un seul de pour­ri, il en sera de la respon­s­abil­ité des autres de l’écarter le temps qu’on lui inculque ce qu’il faut de respect et de dignité ».

Tant que l’homme hétéro­sex­uel, européen s’entend, n’est pas entière­ment réé­duqué selon les critères qu’il a seul choi­sis Bap­tiste ne déposera pas les armes. Notons que ces crimes et dél­its ne le con­cer­nent pas lui-même, sans doute un cas à part. M. Beaulieu illus­tre à mer­veille l’art con­tem­po­rain européen de bat­tre sa coulpe sur le cœur des autres. Et parce que des hommes défail­lent, pêchent, il faut tous les abat­tre. Les khmers nou­veaux de France Inter ont réha­bil­ité les procès col­lec­tifs, sans autre preuve que leurs témoignages. Ils croient se débar­rass­er de la vio­lence avec les hommes blancs hétéro­sex­uels. Ils récolteront pis, mais avec bonne con­science. Joli temps en France pour les Fouquier-Tinville radio­phoniques, et pour France Inter alias radio haine.

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