Que les médias français soient majoritairement de parti pris sur le plan politique et culturel, ce n’est plus à démontrer. Il arrive cependant que le quatrième pouvoir du régime libéral libertaire en place offre des cas d’école, à ce point caricaturaux qu’ils en sont succulents.
Une caricature qui vaut cas d’école, tel est l’article de France Inter paru le 4 juin 2019 sur le site de la radio, suite au long entretien d’une heure que Marion Maréchal a donné à la chaîne de télévision LCI le 2 juin. Pourquoi un cas d’école ?
Déontologie, mon beau souci
Il est admis, et il est théoriquement enseigné dans les écoles de journalisme, qu’un média répond à divers critères de déontologie, dont, choix non exhaustif, le devoir d’informer, le respect des lecteurs, l’indépendance à l’égard des pouvoirs politiques, la rigueur, l’intégrité, l’exactitude… tous critères qui permettent de minorer les interprétations personnelles et ainsi d’éloigner le journalisme de la propagande.
À l’échelle française, la charte des journalistes insiste sur le refus de la calomnie, des accusations sans preuves, la désinformation des faits et le mensonge, considérés comme « les plus graves fautes professionnelles ». L’article de France Inter fait fi de tout cela, écrit au mépris de toutes ces règles déontologiques, les contredisant même les unes après les autres. Le journalisme ayant le devoir d’être factuel, chacun pourra vérifier en se rendant ici.
Cette lecture permet de saisir en quoi un tel article tient de l’infox à la fois par manipulation et omission.
Signé France Inter
Quelques éléments d’analyse de la caricature de l’article de France Inter:
L’article est entièrement à charge. Il est long et vise principalement à « casser » de l’adversaire.
Publié dans la foulée de l’intervention de Marion Maréchal sur LCI, l’article n’est pas signé par un journaliste mais par « France Inter ». Ce fait est extraordinaire, au sens propre du mot.
Que veut dire cette absence de signature ? Que son auteur devrait être protégé ? Auquel cas il serait « une source » ? Ce n’est pas le cas. Alors la direction de France Inter serait l’auteur de cet article, en tant qu’entité médiatique ? Une radio de service public, appartenant à l’ensemble des Français et non à un petit groupe de journalistes parisiens, a le devoir de respecter la déontologie journalistique. Ce n’est pas le cas quand France Inter exprime en son nom de radio publique une telle détestation d’une personnalité politique et culturelle. Hors de tout cadre médiatique normal, de toute normalité démocratique même, une radio d’Etat s’en prend de façon caricaturale à une personnalité qu’elle décrète comme étant son adversaire (son ennemi ?) sur le plan politique, en particulier du fait de la défense faite par Marion Maréchal de la « famille » et de « l’identité », deux mots qui sont dans le titre de l’article mais qui ne furent que deux des très nombreux éléments évoqués lors de l’entretien télévisé. En signant « France Inter », la radio se fait la voix de l’État et donc du gouvernement en place.
La voix de son maître ?
La voix de son maître, en somme. France Inter n’a été capable que d’une saugrenue reductio ad petainum lors d’une intervention où Marion Maréchal a pourtant tracé nombre de pistes neuves, y compris concernant sa propre vision politique des choses, ce qui a été reconnu par d’autres médias peu portés à la soutenir. Pêle-mêle, la nécessité non pas d’unir les droites mais de créer des « alliances », de « dépasser » le Rassemblement National tout en reconnaissant sa place, ou encore sa définition assumée d’un « conservatisme » à naître en tant que courant politique concret, comme « disposition d’esprit » fondé sur des valeurs refusant le progressisme de l’illimité du mondialisme. Conservatisme contre progressisme, limites contre illimité, nation contre mondialisation. Pourtant le journaliste nommé « France Inter » n’a rien vu. Au contraire.
Pour France Inter, Marion Maréchal ne présente que des défauts par rapport à l’idéologie libérale libertaire que diffuse quotidiennement son antenne, ce qui en fait un danger. Exemples, parmi une myriade d’infox par omission ou manipulation intellectuelle :
‣ 1er intertitre : « La remise en cause du mariage pour tous ». Ce qui n’a pourtant pas été le cas lors de l’entretien. Nous sommes en 2019, « France Inter » parle de 2013. Le sujet n’a pas été évoqué lors de l’entretien.
‣ 2e intertitre : « Dérembourser les IVG ». « France Inter » sort un tweet de 2015 à ce sujet, lors d’un débat par lequel la femme (alors) politique voulait retirer des subventions à des associations peu sociétales mais réellement politiques, agissant en militantes sous couvert d’action sociale. Le 2 juin sur LCI ? L’interviewée a clairement dit : « Je ne suis pas et n’ai jamais été pour la suppression de l’IVG ». « France Inter » ? Allo ? Silence radio.
‣ 3e intertitre : « Sa foi catholique ». La religion qui tue au 21e siècle, en tout cas qui élimine politiquement (Fillon, Bellamy). Pour « France Inter », catholique, c’est le mal, surtout en ces temps de massacres quotidiens par des fidèles d’une autre religion.
‣ 4e intertitre : « L’immigration et le grand remplacement ». Marion Maréchal n’a pas prononcé l’expression le 2 juin, parlant plutôt d’une évolution démographique, laquelle est reconnue par tous les observateurs et les médias sérieux (20 % des prénoms choisis à la naissance en France en 2018 étaient de culture arabo-musulmane contre moins de 5 % il y a 30 ans). Pour accréditer la thèse que Marion Maréchal serait influencée par la théorie du grand remplacement du grand méchant Renaud Camus, « France Inter » cite une réponse de la jeune femme à Jean-Jacques Bourdin en 2015, il y a donc 4 ans : « On n’en est pas à un grand remplacement, mais il y a aujourd’hui un effet de substitution sur certaines parties du territoire de ce qu’on appelle les Français de souche par une population nouvellement immigrée ». Ces propos ne disant pas ce que « France Inter » veut faire dire, la radio de service public se transforme de cette façon en machine à fabriquer des infox.
Il y a trois autres thèmes mis en avant, tout autant à charge. À aucun moment, France Inter ne rend compte de ce qui est pourtant apparu aux yeux de beaucoup de téléspectateurs et d’observateurs le dimanche 2 juin : une jeune femme moderne engagée en politique, sous une forme différente, claire, proposant un chemin différent pour les droites et une clarification des positionnements politiques, insistant sur divers clivages dont le clivage progressisme/conservatisme et le clivage générationnel, le tout avec un niveau de réflexion devenu peu habituel sur les plateaux de télévision. France Inter ne l’a pas vu ? Ou bien France Inter ne veut pas le voir ? Le journaliste d’État au nom inconnu France Inter bien qu’étant de « service public », a choisi son camp.