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France Inter : pas de vacances pour la propagande de la matinale

2 septembre 2018

Temps de lecture : 9 minutes
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France Inter : pas de vacances pour la propagande de la matinale

Temps de lecture : 9 minutes

Comme il est d’usage, cet été les programmes de France Inter étaient adaptés aux vacances. Par contre, durant sa matinale, la radio publique n’a rien changé à sa propagande pro-migrations, no border et open society.

La mati­nale de France Inter du 17 août 2018 a même été un grand moment en ce domaine. Laeti­tia Gayet était aux manettes du stu­dio, en rem­place­ment de Demor­and et Salamé, lesquels avaient besoin de repos après une année de tra­vail de sape libéral lib­er­taire. À 8 heures 20, Laeti­tia Gayet rece­vait pour un « grand entre­tien » Vir­ginie Guiraudon (ou Giraudon, selon les pages con­sultées, le site de France Inter sem­ble man­quer d’assurance), soci­o­logue poli­tique et direc­trice de recherche au CNRS (en gros, elle dirige des travaux un peu ori­en­tés d’étudiants). Ce dernier organ­isme étant en grande par­tie la source de ce qui irrigue la société française, à com­mencer par l’université, l’école et les médias. Le dis­cours tenu par madame Guiraudon per­met de com­pren­dre pourquoi notre société est à la fois binaire et sous tensions.

Florilège

« La France est un pays de bord de la Méditer­ranée mais ne se con­sid­ère pas comme un pays de pre­mier accueil » (…) « Un peu comme dans les années 30, on voit ces bateaux errer » (…) « On réduit la ques­tion des migra­tions à une crise human­i­taire (…) On attend (…) On laisse les asso­ci­a­tions human­i­taires gér­er le prob­lème tant bien que mal, alors je ne sais pas si l’honneur est sauf pour mon­sieur Macron (…)

« L’Europe n’est pas à la hau­teur car ce qui explique que les gens tra­versent de façon dan­gereuse par la mer, par­fois aus­si par la terre (…) c’est parce qu’ils ne peu­vent pas entr­er de façon légale, et ça c’est l’histoire de Schen­gen, hein, avec le ren­force­ment des fron­tières extérieures, après on a aus­si ce qu’on appelle Dublin, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de sol­i­dar­ité entre les pays européens (…) Un sys­tème qui en fait a créé les migra­tions irrégulières, c’est bien les poli­tiques européennes qui sont respon­s­ables que les gens pren­nent des risques, passent par des routes mar­itimes » (…) « Nous, on alerte… on voudrait un GIEC sur l’immigration, pour un con­stat sta­ble, posé, pour par­ler de cette dynamique, pour rap­pel­er par exem­ple que ben non ya que 246 mil­lions de migrants inter­na­tionaux dans le monde, et que la plu­part des Africains qui migrent, migrent dans un autre pays africain, que pas tant que cela veu­lent venir en Europe… » (…) « Voir com­ment il faudrait traiter ces gens pour qu’ils puis­sent s’intégrer, voilà, des dynamiques pos­i­tives pour l’immigration ».

Inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet qui, rap­pelons-le, est respon­s­able de la Mati­nale de France Inter l’été : « Par­don, ma ques­tion est, car vous avez signé cette tri­bune parue dans Le Monde en juin, est-ce que vous n’en avez pas marre de tra­vailler sur ces dossiers et qu’on ne vous écoute pas » (marre ?).

« Moi je suis chercheuse au CNRS, un étab­lisse­ment pub­lic, je suis payée par le con­tribuable, il me paraît nor­mal qu’on écoute ce que je dis ou qu’on lise ce que j’écris, moi ça fait 20 ans que j’écris sur les poli­tiques européennes d’immigration, ya un désar­roi des chercheurs car on voit la mon­tée des pop­ulismes, des lois restric­tives, alors qu’on sait que c’est pas la façon dont on peut pour les pays d’accueil, d’origine et les migrants avoir une vision pos­i­tive de l’immigration »

Inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet : « Ce serait quoi une vision pos­i­tive de l’immigration ? »

« Ben une vision réal­iste, les gens par­tent hein, c’est un phénomène social la migra­tion, c’est pas un prob­lème poli­tique, on l’a con­stru­it comme un prob­lème poli­tique (…) Avoir peut-être une vision qui est pas sim­ple­ment la migra­tion comme prob­lème pub­lic, voir prob­lème européen »

Inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet : « Ouais, je com­prends, j’entends, ça veut dire que ça peut être une richesse » (Ouais ?)

« On va avoir un nou­veau par­lement, une nou­velle com­mis­sion, avec des pays qu’on sait, vous le savez, très très anti migrants (…) On essaie de déplac­er la fron­tière le plus au sud pos­si­ble de l’Europe (…) En 2015 (…) ça fai­sait des années que les ONG comptent les morts en mer, hein, c’est pas en 2015 que ça a com­mencé »

Inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet : « Vous, qu’est-ce qu’il faudrait faire selon vous ? »

« Tout sim­ple­ment, comme je l’ai dit, repar­tir de c’est quoi le phénomène migra­toire, et il est évi­dent que l’on dit sou­vent que les gens ne veu­lent pas trop d’étrangers etc mais en fait ce que mon­trent les études c’est que les gens en fait veu­lent qu’on maîtrise les flux, ça veut pas dire zéro immi­gra­tion, et là les poli­tiques européennes, on a l’impression qu’on veut zéro immi­gra­tion »

Inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet : « Il faut une libre cir­cu­la­tion des gens sur le ter­ri­toire européen ».

« La cir­cu­la­tion est une chose, au moins se dire il y aura des gens qui arrivent, au moins qu’ils arrivent de façon légale et que le plus vite pos­si­ble ils puis­sent avoir accès à un statut, à un tra­vail, à un loge­ment, là on laisse les gens dans des péri­odes d’attente (…) ils peu­vent pas com­mencer à faire un pro­jet de vie, et aus­si, fer­mer les fron­tières, les gens ils peu­vent plus ren­tr­er chez eux, en fait on bloque les gens d’un côté, et tout cet aspect posi­tif des migra­tions n’existent plus car les gens sont coincés d’un côté de la fron­tière ».

Laeti­tia Gayet inter­roge ensuite Hélène Car­rère, mem­bre du GISTI (Groupe d’Information et de Sou­tien des Immi­grés), au sujet duquel on peut se faire une idée ici. Cette page plus pré­cisé­ment don­nant une idée de la struc­ture toute en inclu­siv­ité invitée par Laeti­tia Gayet. Ou encore celle-ci, fort par­lante. La ques­tion porte sur la « libre cir­cu­la­tion des migrants », à quoi la jour­nal­iste de France Inter paraît tenir. Réponse de la représen­tante de l’organisation mil­i­tante pro-migrants GISTI :

« Il faut d’abord savoir que cela exis­tait avant (…) Il y a eu une époque où les deman­deurs d’asile arrivaient en avion. Cela fait plusieurs années que les Etats européens se sont enten­dus pour que les con­trôles se fassent en amont (…) On a trans­for­mé des com­pag­nies d’avion par exem­ple en gardes-fron­tières, alors que quand vous êtes deman­deur d’asile vous n’avez pas for­cé­ment vos doc­u­ments avec vous, alors vous utilisez des faux pour mon­ter dans l’avion, et comme c’est de plus en plus dif­fi­cile, vous ne mon­tez pas dans l’avion, vous tra­versez la mer et éventuelle­ment vous y lais­sez votre vie (…) »

Laeti­tia Gayet : « Voilà, ok, on va pren­dre main­tenant les ques­tions des audi­teurs, mais j’ai bien enten­du votre mes­sage, et je vous poserai une autre ques­tion sur le regret que vous avez au GISTI, qui est une asso­ci­a­tion qui aide les immi­grés, sur le fait que l’État agisse tout seul ». Ce qui est dis­cutable au regard de la page indi­quant les finance­ments du GISTI, dont un financeur éton­nant : le Cen­tre Nation­al du Livre. L’association brasse de l’ordre de un mil­lion d’euros, d’après son rap­port d’activités 2017, dont env­i­ron 600 000 euros de charges de per­son­nels. Elle reçoit 360 000 euros de sub­ven­tions publiques et privées (mais de struc­tures elles-mêmes sub­ven­tion­nées publiquement).

Suit un échange avec les audi­teurs. La pre­mière auditrice demande à ce que « sys­té­ma­tique­ment on garde les migrants » et que les répar­tir entre les pays devi­enne une « oblig­a­tion ». Il faut aus­si « arrêter d’expulser les gens avant qu’ils ail­lent au tri­bunal ». Réponse du GISTI : « C’est absol­u­ment inhu­main de laiss­er les gens atten­dre en mer (…) Dublin est une cat­a­stro­phe (…) ». Madame Car­rère ne dit jamais « migrants » mais tou­jours « deman­deurs d’asile ». Elle pré­cise que la poli­tique migra­toire est « un argu­ment de sou­veraineté », c’est « ce qu’on nous racon­te ». « Nous avons pro­posé des États Généraux de l’immigration, pas de réponse de Macron. Ils fonc­tion­nent tout seul » (inter­ven­tion de Laeti­tia Gayet : « Voilà ! »). Le deux­ième audi­teur con­sid­ère que nous tuons des migrants. Vir­ginie Guiraudon et Laeti­tia Gayet (pour­tant jour­nal­iste) d’une même voix : « La France qui devait en accueil­lir 30 000 en a accueil­li dix fois moins (ricane­ments de la jour­nal­iste en fond). Les gens ne peu­vent pas choisir leur pays (…) du coup ils n’ont pas envie d’être for­cés d’aller dans un pays ». Ils ne « veu­lent pas être bal­lotés comme cela » (la chercheuse du CNRS n’interroge à aucun moment ce que veu­lent ceux qui sont som­més d’accueillir). Le troisième audi­teur demande pourquoi les migrants de l’Aquarius veu­lent aller dans des pays européens. Réponse du GISTI : « parce que juste­ment les per­son­nes qui sont sur ces bateaux, qui sont sauvées, ont fui des pays non européens, ont fui la Lybie ». Refus de « ren­voy­er les gens aux lieux qu’elles ont voulu fuir ». Le dernier audi­teur voudrait savoir « pourquoi les gou­verne­ments ne s’organisent pas pour que ces gens que l’on tue, que l’on rejette soient aidés dans leurs pays ». Réponse de Guiraudon : « Il y a des secteurs entiers en Europe où il y a essen­tielle­ment des immi­grés, tout ce qui est l’aide à domi­cile, le bâti­ment, la restau­ra­tion (…) Si on donne de l’argent aux pays des migrants, est-ce qu’il y aura moins de migrants. Ben non, c’est exacte­ment le con­traire, ce sont des pays qui sont en développe­ment, il y aura plus de migra­tions ».

Fin de l’entretien

Un con­stat : pas un invité con­tra­dic­toire et pire, pas un audi­teur s’exprimant con­tre les migra­tions. Dans un pays où la majorité des habi­tants se sont exprimés con­tre les migra­tions, au sens où les deux invitées et la jour­nal­iste, les souhait­ent, cela ne manque pas de sur­pren­dre. Audi­teurs sélec­tion­nés ? Filtrés ?

Aucun moment de jour­nal­isme sur France Inter en ce matin du 17 août 2018. Unique­ment un mes­sage poli­tique claire­ment pro-migra­tion et no bor­der à faire pass­er, par la voix d’une chercheuse au CNRS, salarié de l’Etat, du GISTI, sub­ven­tion­né à 40 % et d’une jour­nal­iste au salaire payé par des fonds publics.

Un entre­tien de 23 min­utes, tout de même. Évidem­ment, l’auditeur aimerait avoir un autre son de cloche, par exem­ple une autre invitée (ou même… un invité, sait-on jamais ?) qui serait aus­si chercheur au CNRS et aurait une vision autre que de gauche des ques­tions migra­toires (cela n’existe pas au CNRS, ah bon ?) et qui serait inter­rogé par un jour­nal­iste de France Inter qui ne serait pas de gauche (ah bon, ça n’existe pas chez Radio France ?).

Elles ont cepen­dant rai­son sur un point, Gayet, Car­rère et Guiraudon : cela fait 50 ans que nos sociétés sont dom­inées cul­turelle­ment par une même con­cep­tion du monde, la leur. Ce qu’elles ne com­pren­nent pas ? Que c’est juste­ment cette con­cep­tion du monde, leur volon­té de détru­ire les iden­tités, qui est à la source de l’état de ces mêmes sociétés et du drame migratoire.

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