Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter, quitte la station pour BFMTV, suivi de Jonathan Curiel, directeur des programmes, parti pour RTL. Ces départs inattendus secouent la radio publique, déjà fragilisée par les débats sur la réforme de l’audiovisuel et les restrictions budgétaires.
Un départ rapide moins de deux ans après son arrivée
L’onde de choc a traversé France Inter ce lundi 24 mars 2025. Marc Fauvelle, journaliste radio et directeur de l’information depuis moins de deux ans, a officialisé son départ pour BFMTV, où il animera un nouveau rendez-vous d’information. Cette nouvelle, révélée par Le Parisien le week-end précédent, a pris de court une rédaction encore sous le coup du départ de Jonathan Curiel, directeur des programmes, annoncé vendredi pour rejoindre RTL.
Pour beaucoup, ce double transfert vers le privé illustre une fragilité croissante du service public. Lors d’un comité de rédaction, Marc Fauvelle a expliqué son choix par une forme d’épuisement dans un poste de direction qui, selon lui, ne lui convenait plus pleinement, et par son envie de retrouver l’antenne, avec en ligne de mire la présidentielle de 2027. Un argument qui peine à apaiser les tensions internes, alors que la station reste en tête des audiences.
Le privé attire, le public s’interroge
Ces départs s’inscrivent dans un mercato agité pour l’audiovisuel. À BFMTV, Marc Fauvelle rejoint Jean-Philippe Baille, ex-patron de France Info, dans une opération de recrutement ambitieuse menée par la chaîne, rachetée par Rodolphe Saadé. Après une vague de départs liée à une clause de cession à l’automne 2024, BFMTV entend changer de « cap éditorial », et mise sur des figures expérimentées pour regagner du terrain face à CNews, qui lui a ravi la première place des audiences. De son côté, Jonathan Curiel retourne au groupe M6, où il a fait l’essentiel de sa carrière, avec la mission de redresser RTL, en perte de vitesse.
À France Inter, ces mouvements ravivent les critiques sur les allers-retours entre public et privé. « Il y a une fatigue des recrutements externes », confie un journaliste, déplorant que des cadres formés au service public partent sans toujours défendre ses valeurs. Adèle Van Reeth, directrice de la station, a désormais la lourde tâche de remplacer deux piliers de sa direction.
Voir aussi : France Inter n’est ni de droite ni de gauche, vraiment ?
Une radio publique sous pression
Ces départs surviennent dans un contexte tendu pour Radio France. Le projet de réforme de l’audiovisuel public, porté par Rachida Dati et inscrit à l’agenda parlementaire pour le 10 avril, cristallise les inquiétudes. Face aux restrictions budgétaires et à la menace d’une fusion sous une holding, les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève pour le 1er avril. Par ailleurs, les radios France Info et Ici (ex-France Bleu) se sont mises en grève le 20 mars 2025 pour protester contre les coupes dans le budget de l’audiovisuel et la réforme en cours.
Si France Inter maintient pour l’instant ses programmes, l’ambiance est lourde. Adèle Van Reeth devra non seulement trouver des successeurs à Marc Fauvelle et Jonathan Curiel, mais aussi préparer la grille de rentrée dans un climat social et politique incertain.
Voir aussi : Au secours ! Patrick Cohen de retour sur France Inter !
Rodolphe Chalamel