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France Télévisions : une rentrée très présidentielle pour le service public

7 octobre 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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France Télévisions : une rentrée très présidentielle pour le service public

Temps de lecture : 5 minutes

En bonne forme après une année d’audience au beau fixe, le groupe France Télévisions a concocté une rentée très politique où l’idéologie progressiste devrait côtoyer le pari sur des nouveautés. Au programme notamment : un homme blanc de plus de 50 ans qui fait son come-back en la personne de Thierry Ardisson et l’étoile montante Mohamed Bouhafsi plus conforme à la « diversité ».

Une année d’audiences records

La télévi­sion publique se porte bien. Avec 82 % des français qui ont regardé la télévi­sion publique au cours de l’année écoulée, l’audimat car­tonne. Idem hors petit écran, avec les excel­lentes per­for­mances de la plate­forme stream­ing France.tv, en pro­gres­sion de 25 % en 2020 par rap­port à 2019. Une sai­son qui est la meilleure de la décen­nie écoulée.

Com­ment expli­quer un tel suc­cès ? Deux élé­ments appa­rais­sent prop­ices au développe­ment de la télé publique, l’un a touché l’ensemble des sup­ports d’information : la crise san­i­taire avec ses con­fine­ments et autres cou­vre-feux, l’autre, égale­ment d’ordre con­jonc­turel, est l’Olympiade japon­aise. Avec 9 français sur 10 ayant suivi les JO, dif­fi­cile de pass­er à côté de France 2 ! Une chaîne qui a réal­isé sa meilleure sai­son depuis 10 ans.

Une année électorale et des paris « audacieux »

L’exercice qui vient de débuter voit arriv­er quelques nou­veautés et de fraîch­es col­lab­o­ra­tions. Deux arrivées sont par­ti­c­ulière­ment nota­bles : celle de l’étoile mon­tante Mohamed Bouhaf­si et celle de Thier­ry Ardisson.

Le pre­mier s’inscrit par­ti­c­ulière­ment bien dans la poli­tique « diver­si­taire » insuf­flée par Del­phine Ernotte quand le sec­ond ne ren­tre pas dans les critères « ernot­tiens », étant un mâle blanc de plus de 50 ans.

Mohamed Bouhaf­si intè­gre deux nou­velles émis­sions poli­tiques : 20h22, un entre­tien poli­tique de 20 min­utes dif­fusée dans la foulée du 20h de France 2. A ses côtés, on retrou­vera Anne-Sophie Lapix et Nathalie Saint-Criq.

S’inscrivant par­faite­ment dans la feuille de route poli­tique­ment cor­rect, Mohamed Bouhaf­si, recrue issue des rangs de RMC où il ani­mait avec suc­cès une pro­gram­ma­tion tournée vers le bal­lon rond devrait se fon­dre dans le paysage audio­vi­suel pub­lic sans dif­fi­cultés. Il a d’ailleurs déjà bien trou­vé ses mar­ques en répon­dant à Éric Zem­mour sur la polémique des prénoms. Il officiera par ailleurs égale­ment sur France 5 dans C à Vous.

Quant à Thier­ry Ardis­son, fraiche­ment lour­dé de Canal +, il aura pour mis­sion de ressus­citer les morts. Dans L’Hôtel du temps, il aura pour mis­sion de men­er des inter­views avec… des morts ! Pas au moyen d’une poudre mag­ique dont lui seul aurait le secret mais du procédé de « deep­fake », un trucage vidéo éthique­ment con­testable.

Avec le télécro­chet « The Artist » présen­té par Nagui, la chaîne publique devrait touch­er un large public.

Delphine Ernotte en campagne

Out­re quelques nou­veautés comme l’Eurovision junior (19 décem­bre) où la niais­erie et le pro­gres­sisme nou­velle généra­tion devraient dégoulin­er, l’exercice à venir devrait être, pour la prési­dente de France TV, celui du ren­force­ment du ser­vice public.

Pro­tégeant son bout de gras elle milite assez naturelle­ment pour le main­tien des grands évène­ments sportif sur le ser­vice pub­lic : JO, Tour de France, Roland-Gar­ros mais aus­si pour une recom­po­si­tion con­testable du paysage audiovisuel.

Voir aus­si : Del­phine Ernotte et France Télévi­sions, la diver­sité comme fil rouge

Inter­rogée par Le Figaro elle n’a pas hésité à défendre la même posi­tion que le patron de RTL Group Thomas Rabe. Celui-ci défend l’idée d’un paysage audio­vi­suel « resser­ré » dans les pays mem­bre de l’Union Européen avec un grand groupe privé et un grand groupe pub­lic… Une posi­tion guère ras­sur­ante pour le plu­ral­isme. Prési­dente de l’UER, l’Union Européen de Radio-Télévi­sion, Del­phine Ernotte veut égale­ment don­ner une dimen­sion européenne à la télévi­sion publique. Une idée intéres­sante à regarder les quelques suc­cès d’Arte (en terme qual­i­tatif) mais aus­si une idée qui a ses lim­ites à regarder l’audience d’Arte.

Pour sa réu­nion de ren­trée, le mar­di 24 août, au pavil­lon Gabriel dans le riche 8ème arrondisse­ment de la cap­i­tale elle a fait l’éloge d’une télévi­sion sérieuse, à la tonal­ité légère où « l’humour et l’audace ont toute leur place ». Le fameux « en même temps » du prési­dent sans doute !

Présidentielle oblige !

C’est au ray­on poli­tique, élec­tion prési­den­tielle oblige, que les pro­grammes se den­si­fient avec notam­ment Anne-Elis­a­beth Lemoyne dans C à Vous sur France 5 qui gagne une demi-heure et inclut un « mini-fic­tion d’humour ». La com­pagne du député européen social­iste Raphaël Glucks­mann, Léa Salamé a retrou­vé une émis­sion poli­tique men­su­elle : Elysée 2022 avec Thomas Sot­to. La pre­mière, a été un échec avec un petit mil­lion de téléspec­ta­teurs, une fail­lite prévis­i­ble avec la présence le même soir d’un duel Mélenchon/Zemmour, un peu plus appétis­sant que l’affiche Pécresse/Darmanin.

Voir aus­si : Raphaël Glucks­mann, portrait

Léa Salamé pour­ra tou­jours se rat­trap­er le same­di soir avec Lau­rent Ruquier dans une émis­sion répon­dant au nom peu orig­i­nal de « On est en direct ».

Les vis­ages qui don­neront la réplique aux poli­tiques et can­di­dats ont en tout cas un pédi­grée qui penche bien à gauche, ce qui pour­rait d’ailleurs s’intensifier en cas d’emballement de la cam­pagne et du suc­cès de voix dis­so­nantes comme celles qui s’expriment sur des chaînes comme CNews. Del­phine Ernotte l’a en tout cas affir­mé : nous avons besoin « d’un audio­vi­suel pub­lic fort » et bien dans le ton libéral libertaire.

Voir aus­si : Léa Salamé, portrait

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