En bonne forme après une année d’audience au beau fixe, le groupe France Télévisions a concocté une rentée très politique où l’idéologie progressiste devrait côtoyer le pari sur des nouveautés. Au programme notamment : un homme blanc de plus de 50 ans qui fait son come-back en la personne de Thierry Ardisson et l’étoile montante Mohamed Bouhafsi plus conforme à la « diversité ».
Une année d’audiences records
La télévision publique se porte bien. Avec 82 % des français qui ont regardé la télévision publique au cours de l’année écoulée, l’audimat cartonne. Idem hors petit écran, avec les excellentes performances de la plateforme streaming France.tv, en progression de 25 % en 2020 par rapport à 2019. Une saison qui est la meilleure de la décennie écoulée.
Comment expliquer un tel succès ? Deux éléments apparaissent propices au développement de la télé publique, l’un a touché l’ensemble des supports d’information : la crise sanitaire avec ses confinements et autres couvre-feux, l’autre, également d’ordre conjoncturel, est l’Olympiade japonaise. Avec 9 français sur 10 ayant suivi les JO, difficile de passer à côté de France 2 ! Une chaîne qui a réalisé sa meilleure saison depuis 10 ans.
Une année électorale et des paris « audacieux »
L’exercice qui vient de débuter voit arriver quelques nouveautés et de fraîches collaborations. Deux arrivées sont particulièrement notables : celle de l’étoile montante Mohamed Bouhafsi et celle de Thierry Ardisson.
Le premier s’inscrit particulièrement bien dans la politique « diversitaire » insufflée par Delphine Ernotte quand le second ne rentre pas dans les critères « ernottiens », étant un mâle blanc de plus de 50 ans.
Mohamed Bouhafsi intègre deux nouvelles émissions politiques : 20h22, un entretien politique de 20 minutes diffusée dans la foulée du 20h de France 2. A ses côtés, on retrouvera Anne-Sophie Lapix et Nathalie Saint-Criq.
S’inscrivant parfaitement dans la feuille de route politiquement correct, Mohamed Bouhafsi, recrue issue des rangs de RMC où il animait avec succès une programmation tournée vers le ballon rond devrait se fondre dans le paysage audiovisuel public sans difficultés. Il a d’ailleurs déjà bien trouvé ses marques en répondant à Éric Zemmour sur la polémique des prénoms. Il officiera par ailleurs également sur France 5 dans C à Vous.
Quant à Thierry Ardisson, fraichement lourdé de Canal +, il aura pour mission de ressusciter les morts. Dans L’Hôtel du temps, il aura pour mission de mener des interviews avec… des morts ! Pas au moyen d’une poudre magique dont lui seul aurait le secret mais du procédé de « deepfake », un trucage vidéo éthiquement contestable.
Avec le télécrochet « The Artist » présenté par Nagui, la chaîne publique devrait toucher un large public.
Delphine Ernotte en campagne
Outre quelques nouveautés comme l’Eurovision junior (19 décembre) où la niaiserie et le progressisme nouvelle génération devraient dégouliner, l’exercice à venir devrait être, pour la présidente de France TV, celui du renforcement du service public.
Protégeant son bout de gras elle milite assez naturellement pour le maintien des grands évènements sportif sur le service public : JO, Tour de France, Roland-Garros mais aussi pour une recomposition contestable du paysage audiovisuel.
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Interrogée par Le Figaro elle n’a pas hésité à défendre la même position que le patron de RTL Group Thomas Rabe. Celui-ci défend l’idée d’un paysage audiovisuel « resserré » dans les pays membre de l’Union Européen avec un grand groupe privé et un grand groupe public… Une position guère rassurante pour le pluralisme. Présidente de l’UER, l’Union Européen de Radio-Télévision, Delphine Ernotte veut également donner une dimension européenne à la télévision publique. Une idée intéressante à regarder les quelques succès d’Arte (en terme qualitatif) mais aussi une idée qui a ses limites à regarder l’audience d’Arte.
Pour sa réunion de rentrée, le mardi 24 août, au pavillon Gabriel dans le riche 8ème arrondissement de la capitale elle a fait l’éloge d’une télévision sérieuse, à la tonalité légère où « l’humour et l’audace ont toute leur place ». Le fameux « en même temps » du président sans doute !
Présidentielle oblige !
C’est au rayon politique, élection présidentielle oblige, que les programmes se densifient avec notamment Anne-Elisabeth Lemoyne dans C à Vous sur France 5 qui gagne une demi-heure et inclut un « mini-fiction d’humour ». La compagne du député européen socialiste Raphaël Glucksmann, Léa Salamé a retrouvé une émission politique mensuelle : Elysée 2022 avec Thomas Sotto. La première, a été un échec avec un petit million de téléspectateurs, une faillite prévisible avec la présence le même soir d’un duel Mélenchon/Zemmour, un peu plus appétissant que l’affiche Pécresse/Darmanin.
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Léa Salamé pourra toujours se rattraper le samedi soir avec Laurent Ruquier dans une émission répondant au nom peu original de « On est en direct ».
Les visages qui donneront la réplique aux politiques et candidats ont en tout cas un pédigrée qui penche bien à gauche, ce qui pourrait d’ailleurs s’intensifier en cas d’emballement de la campagne et du succès de voix dissonantes comme celles qui s’expriment sur des chaînes comme CNews. Delphine Ernotte l’a en tout cas affirmé : nous avons besoin « d’un audiovisuel public fort » et bien dans le ton libéral libertaire.
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