Franceinfo lance régulièrement de nouveaux types de médias destinés à « expliquer » ou à donner des « clés pour comprendre » les problématiques principales de notre époque, en particulier celles qui touchent aux obsessions de l’actuel parti des médias, comme les migrations. Un module vidéo mis en ligne le 22 juillet 2019 a attiré l’attention de l’OJIM.
Du tragique avant toute chose
La vidéo est accompagnée d’un texte complémentaire et est présentée ainsi. Titre : « Traversées, noyades, sauvetages… Huit chiffres pour comprendre la tragédie des migrants en Méditerranée ». Chapeau : « Renvoyés en Libye, où les droits de l’homme sont quotidiennement bafoués à l’égard des migrants, ceux qui survivent à la traversée sont invités à errer aux portes d’une Europe de plus en plus hermétique ». La vidéo dure deux grosses minutes, est composée d’images d’animation uniquement, destinées à frapper les esprits. Le texte apparaît en sur-ajout de ces images.
Le ton est d’emblée larmoyant : « Depuis 8 ans, migrants et réfugiés tentent par milliers de rejoindre les côtes européennes au prix d’un lourd bilan humain » (formulation discutable, les tentatives étant autant le fait des ONG, ce que même le ministre de l’intérieur Castaner a reconnu, et les côtes visées sont surtout celles de l’Italie, pour des raisons politiques).
Suit ceci : « Le drame des migrants en Méditerranée en huit chiffres ». Le premier est asséné une première fois, puis répété immédiatement avec un ton incrédule : « 667. 667 personnes sont mortes en Méditerranée durant les six premiers mois de 2019 ». L’image qui accompagne représente un africain en train de couler dans la mer. Les chiffres qui suivent sont du même tonneau, ayant vocation non à informer mais à susciter la compassion. Certains sont purement propagandistes : « Les ONG revendiquent à elles seules le sauvetage de plus de 190 000 vies depuis 2015 » Il n’est de nouveau pas indiqué que les ONG sont accusées de faire le jeu des passeurs qui s’enrichissent sur la misère de ces migrants et que d’une certaine manière elles sont complices des risques pris en Méditerranée puisque les passeurs leur assurent d’avance que des gentils européens les prendront en charge sur la mer. C’est cette complicité qui a été dénoncée par le ministre de l’intérieur Castaner début avril 2019 mais qui apparaît aussi sur des vidéos diffusées par la presse et sur les réseaux sociaux. Puis « On estime à 1,9 millions le nombre de personnes ayant survécu à la traversée depuis 2014 ». Des chiffres pour frapper l’esprit : « près d’une personne sur quatre est un enfant ». Aucun esprit critique, aucune explication, uniquement des faits finement choisis.
L’auditeur découvre cependant que les migrants, qui ne sont donc plus uniquement des « réfugiés fuyant la guerre », contrairement à ce qui fut affirmé en 2015 et 2016, y compris par Franceinfo, viennent de quarante pays, dont par ordre d’information donnée la Guinée Conakry, le Maroc et le Mali. Les pays en guerre arrivent ensuite.
Heureusement ! « Durant l’été 2019, cinq bateaux affrétés par des ONG sillonnent la zone pour assurer des missions de sauvetage ».
Voir aussi : Les migrants de La Croix : culpabiliser les Européens
Culpabilisez, il en restera toujours quelque chose
Les sources utilisées par les journalistes sont 100 % sûres : « European Union Agency for fondamental right ». Rien à dire, que du neutre.
Depuis 2016, 22 navires ont « déjà assuré cette mission » mais « 14 ont déjà été bloqués ». Par qui ? On vous le donne en mille ? L’Italie !
Une fois parvenu à cette conclusion, l’auditeur reste traumatisé, complice et culpabilisé. Rien n’est mis en perspective, ni le pourquoi de ces migrations, de la majorité de jeunes hommes musulmans, les conséquences sociales et insécuritaires, les raisons pour lesquelles un pays comme l’Italie refuse d’être LE pays qui accueille toute l’Afrique sur ses côtes, pas un mot non plus sur les pays de l’est qui ne voient pas bien pourquoi elles subiraient les conséquences des politiques africaines de la France depuis le 19e siècle… rien, juste un perroquet qui répète la leçon fournie par les services de l’UE.
Quant au texte… il reprend les principales « informations », légitimant tout cela par quelques chiffres de l’ONU… mais surtout met en accusation le « résultat de la politique d’extrême droite du ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini ». Ce dernier aurait « contraint » des navires « d’accoster illégalement ». Voilà une présentation d’un acte de délinquance et d’une atteinte à la souveraineté d’un pays pour le moins originale. Il en est de même du rôle d’un ministre de l’intérieur.
Ainsi va Franceinfo quand il s’agit de sujets correspondant à l’idéologie immigrationniste au pouvoir en France et dans nombre de pays de l’UE. Par contre, auditeurs et lecteurs n’apprendront rien sur les conditions faites à ces migrants en Libye, ni pourquoi ces conditions ont pu se développer, pas plus n’auront-ils de repères concernant le lien avéré entre passeurs et ONG. Entre complices des gangsters/sauveurs et sauveurs/complices des gangsters.