Le conflit israléo-palestinien suscite décidément de surprenants et improbables dommages collatéraux.
Ainsi, Laurent Delpech, directeur de Franceinfo TV depuis septembre 2024, a été « mis en retrait » de la chaîne en attendant les résultats d’une enquête interne concernant des « dérapages » dans le traitement du conflit au Proche-Orient et de ses possibles conséquences.
C’est en fait un véritable psychodrame qui agite actuellement la rédaction de Franceinfo TV, celle-ci réclamant le départ « définitif » de son directeur Laurent Delpech, via une motion de défiance votée à 87 %. « Ce scrutin traduit une colère profonde face à une gouvernance qui, jusqu’ici, n’a pas su répondre aux inquiétudes et aux attentes des équipes », a ainsi indiqué la rédaction dans un communiqué. Mais quels sont les fautes reprochées à Laurent Delpech ?
Atteintes à la crédibilité de la chaîne
Selon les pétitionnaires, leur directeur aurait, par les erreurs de sa « gouvernance » et son absence de contrôle, « gravement porté atteinte à la crédibilité de la chaîne ». Une première fois, fin janvier, lors de la trêve conclue à Gaza, quand 200 détenus palestiniens libérés par Israël avaient été qualifiés « d’otages » sur un bandeau défilant à l’écran. Franceinfo s’était évidemment empressé de présenter ses excuses mais le mal était fait. Ensuite le 5 février, lorsque, sur le plateau du présentateur Julien Benedetto, des invités, dont un professionnel de l’hôtellerie, ont débattu posément et concrètement des avantages et des inconvénients de la possibilité de transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », selon l’idée-choc formulée par le président américain Donald Trump. Franceinfo et France télé avaient alors condamné « une séquence totalement inappropriée et regrettable », supprimée depuis du site de la chaîne.
Face à l’émoi suscité par ces deux « bévues » sur un sujet particulièrement sensible et « clivant », le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara, a annoncé la mise en place d’une « double validation sur l’ensemble des bandeaux » et le renforcement « des échanges autour de la validation des sujets ». On ne pourra donc désormais plus se décharger sur le « stagiaire » en cas de « dérapage », c’est-à-dire, en général, de propos contrevenant au politiquement correct et à l’unanimisme journalistique du moment.
France Télévisions piégée par le « Trumpisme » ?
Sommé de s’expliquer sur ces « affaires », Alexandre Kara s’est donc longuement confié au Figaro, arguant notamment du fait que France Télévisions était « tombé dans le piège trumpiste », celui-ci consistant à « s’engouffrer dans des déclarations à l’emporte-pièce et démultipliées, sans prendre le temps de réfléchir à savoir seulement s’il faut les commenter et si oui, avec quel regard critique ». Que le directeur de l’information du groupe public de télévision découvre enfin les méfaits des « emballements médiatiques », on ne peut que s’en réjouir et espérer que la prudence et le recul qu’il appelle de ses vœux s’appliquent identiquement à tous les sujets traités…