La liberté de ton d’un éditorialiste fait partie de son ADN. Il n’informe pas, il commente l’actualité. Mais il peut arriver que le ton déplaise à la politique éditoriale du média, c’est ce qui vient d’arriver à L’Express d’Alain Weill. Ou bien que des évènements extérieurs, la guerre en Ukraine, entraînent un départ (momentané ?), celui de Frédéric Taddeï de RT France.
Sarkozy, mon cher souci
Nicolas Sarkozy se tait, il ferait des déclarations privées plutôt désagréables pour Valérie Pécresse et plutôt sympathiques pour Emmanuel Macron, mais il ne dit rien publiquement. Va-t-il désavouer franchement Valérie Pecresse et abîmer sa campagne qui n’en a vraiment pas besoin ? Va-t-il dire quelques mots sibyllins derrière lesquels on pourra deviner une tendresse pro-Macron ? Les médias se battent pour obtenir les lumières du sphinx soi-disant retraité de la politique mais courtisé de toutes parts. Le premier qui obtiendra un entretien bénéficiera d’un joli scoop. Comme ses confrères, c’est ce que recherche L’Express, l’hebdomadaire d’Alain Weill.
François Bazin pris à contre-pied
Cette hésitation de l’ancien président, entre demi-critique de Valérie Pecresse et demi-soutien du Président sortant, c’est ce que voulait souligner François Bazin (source Lettre A) chroniqueur à L’Express depuis février 2020. Un point de vue plutôt réaliste et conforme au silence de Nicolas Sarkozy. Mais au même moment le directeur de la rédaction Eric Chol négocie patiemment un entretien avec Sarkozy. L’analyse de Bazin pourrait déplaire à l’ancien président, elle passe au panier et François Bazin, ancien responsable politique de l’Obs quitte le journal, assumant ses écrits. On ne peut que souligner la correction de son attitude, pour une fois qu’un journaliste connu respecte la déontologie du métier.
Interdit d’interdire de Taddeï suspendu
La chaîne financée par l’État russe avait connu de beaux succès en 2020, dus à une présence très forte dans l’actualité des gilets jaunes ce qui a permis de porter l’équipe à une centaine de journalistes. Une des émissions phares de RT France était sans conteste Interdit d’interdire programmée du lundi au jeudi à 19h, de Taddeï. Il avait su créer un ton de grande liberté avec des invités de qualité et ce charme nonchalant qui met les interlocuteurs à l’aise.
Il a annoncé qu’après avoir présenté une émission spéciale à l’occasion de la 47ème édition des César sur Europe 1 il suspendait son émission sur RT « par loyauté avec la France » ajoutant « je ne peux pas continuer une émission de débat contradictoire à partir du moment où mon pays se retrouve en conflit ouvert avec la Russie ». Son départ ne semble pas encore définitif et dépendra sans doute de l’évolution géopolitique des jours et semaines à venir. Un peu avant Alain Juillet s’était également mis en retrait de la chaîne.
Voir aussi : Frédéric Taddeï, l’inclassable. Portrait