Lundi 21 avril 2025, le pape François est décédé d’un AVC.
Âgé de 88 ans et depuis quelques temps dans un état de santé préoccupant, il était pape depuis douze ans. Aujourd’hui, la gauche veille à reprendre à son compte son bilan et son héritage, fait assez rare quand il s’agit de la religion catholique.
Les médias ont leur pape de gauche
Après Jean-Paul II et Benoît XVI, le pape François a marqué la sphère médiatique pour des penchants qui, souvent progressistes, semblaient moins conservateurs que le précédent pape. Un trait qui permet à divers médias de le classer à gauche, un plaisir dont ils ne se privent pas. Courrier International titrera « Merci, François, pape le plus à gauche de l’histoire » et rapportera que selon Santiago Alba Rico, philosophe, « enfermées dans leur anticléricalisme, les forces progressistes ont raté l’occasion de s’appuyer sur le pape pour faire avancer leurs combats ».
La récupération d’un pape
Parce qu’un pape de gauche, c’est rare. Alors, quand il meurt, les hommages sont dithyrambiques. La Vie publie un texte de Jean-Luc Mélenchon, présenté dans le chapeau comme le « co-président de l’Institut de la Boétie ». Jean-Luc Mélenchon est aussi fondateur et leader de La France insoumise, mais cela ne sera précisé par le journal qu’en petit, en légende de la photo d’illustration. Jean-Luc Mélenchon présente donc le pape François comme celui par qui le « christianisme a cessé d’être une théorie abstraite à l’usage de la bonne conscience bourgeoise », grâce à qui il « reprenait place parmi les vertus de l’insoumission active face à l’ordre injuste qui détruit les êtres et leur écosystème. » Subtile récupération politique.
Le pape François, celui que la droite déteste souvent
Les médias le disent et le répètent : le pape François était de gauche, il était de leur camp, et d’ailleurs la droite le haïssait. La droite, c’est-à-dire pour les médias la majeure partie des catholiques. Courrier International affirme que « la droite, en particulier dans sa variante trumpiste, est désormais prête à prendre sa revanche » à l’occasion de l’élection du futur pape, et qu’elle « considérait ce pape comme un hérétique et un ennemi, l’Antéchrist qu’il fallait combattre et renverser, contre lequel elle a conspiré et continue de conspirer dans le secret des catacombes réactionnaires. » Le Point semble d’accord lorsqu’il affirme que « jamais aucun pape n’aura été soumis à autant de pressions que François ». Ni Jean-Paul II, qui subit une tentative d’assassinat, ni Benoît XVI, ni Pie XII, dont la mémoire fut et est encore souillée, ni aucun autre. Le pape François, lui, « fut placé sous le feu constant des critiques » et « fut la cible de nombreux réseaux conservateurs. »
La droite pas si élogieuse du pape François
Il faut reconnaître aux médias de gauche qu’ils n’ont pas forcément tort : les médias de droite ne sont pas si chaleureux envers le pape François. La gauche parle d’ouverture aux pauvres et aux laissés pour compte, la droite parle d’un comportement mal ajusté. On connaît la sympathie du pape François pour les populations d’Afrique et du Moyen-Orient, soit par compassion et solidarité envers les populations migrantes, soit par désir de développer le dialogue avec l’islam. Cette sympathie l’a poussé à être relativement peu acerbe envers le Hamas. Le Figaro lui reproche d’avoir multiplié « les messages de soutien aux Palestiniens », « et condamné plus souvent les bombardements israéliens contre le Hamas que les actions du groupe terroriste ». Bref, le pape François était le pape du Sud, « l’exact opposé de Jean-Paul II », qui « grâce à son courage et à la conviction qu’il fallait toujours défendre les démocraties » a, selon Le Figaro, joué un grand rôle dans la fin de la Guerre froide.
Les médias souhaiteraient que l’Église soit pauvre au service des pauvres. Ils souhaiteraient également qu’elle ne soit que cela, et qu’elle laisse aux États le soin de tout le reste. À commencer par la diplomatie. Le Figaro explique ainsi que sur la guerre entre l’Ukraine et la Russie, « François a multiplié les gaffes et les faux pas », et le compare même à Emmanuel Macron, qui n’est pas particulièrement en odeur de sainteté dans les colonnes du Figaro. Le pape François aurait ainsi « longtemps épargné de ses critiques le patriarche russe Kirill, ancien agent du KGB comme Vladimir Poutine, dont il est l’un des fidèles soutiens politiques. » Un dialogue destiné à nouer des liens avec l’orthodoxie, au prix, selon le quotidien, de l’attention que l’on devait à l’Ukraine. « Le dialogue stérile qu’il a longtemps maintenu avec le chef de l’Église orthodoxe russe fait penser à celui qu’Emmanuel Macron avait entretenu, en vain, la première année de la guerre, avec Vladimir Poutine. » Que Le Figaro taille ainsi une croupière au pape François, cela n’a rien d’étonnant. Ça l’est plus lorsque Le Monde se met au diapason et évoque « une série d’errements, d’erreurs de jugement et d’ambiguïtés de la part de Jorge Bergoglio ».
Aimé des médias de gauche, qui n’ont jamais de mots trop durs pour les catholiques, et gênant aux entournures nombre de catholiques, notamment dans les milieux classiques et traditionnels, le pape François aura été un pape tourné vers l’extérieur. « Au fond, François restera sans doute comme un pape aimé hors de l’Église, controversé en son sein », peut-on conclure avec Jean-François Colosimo, dans L’Express. À suivre.