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François Morel et Jean-Michel Salvator : Les journalistes sont formidables

18 mai 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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François Morel et Jean-Michel Salvator : Les journalistes sont formidables

Temps de lecture : 3 minutes

C’est sous ce titre provocateur et (trop ?) sympathique pour leurs confrères que deux journalistes publient un livre stimulant sur l’avenir des médias. François Morel, patron de presse à la longue carrière (Figaro, Les Échos, Le Parisien) et Jean-Michel Salvator (Europe 1, Figaro, BFM) ont uni leurs efforts pour analyser le passage du plomb au digital, et l’accélération du temps, compressé jusqu’à l’immédiateté.

Plus de changements en 60 ans qu’en 600 ans.

Dans un entre­tien (Le Figaro, 4 mai 2019) avec Marie-Laeti­tia Bonavi­ta, Sal­va­tor con­state l’accélération con­tin­ue : les sites inter­net appa­rais­sent en 1996, les appli­ca­tions de l’iPhone débar­quent en 2007, puis la 4G.

« Tout est désor­mais disponible partout et pour tout le monde ».

Cette immé­di­ateté impose le rap­proche­ment de tous les styles de presse aupar­a­vant com­par­ti­men­tés : « le texte, la pho­to et la vidéo sont désor­mais disponibles sur le même sup­port ». Les algo­rithmes, les réseaux soci­aux et l’intelligence arti­fi­cielle ren­for­cent encore la vitesse des dif­férents processus.

La presse papier pas morte

Qui aurait imag­iné dans les années 80 la dis­pari­tion de France-Soir ? Qui se sou­vient de Com­bat ? Qui aurait pen­sé que Libéra­tion passerait du gauchisme chevelu à la défense du monde libéral-lib­er­taire à la suite de rachats par les grandes for­tunes, Rot­shchild ou Drahi ? Qui aurait imag­iné que Bernard Arnault injecterait 400 mil­lions d’euros dans Le Parisien ? Et pourquoi ? Des ques­tions que le livre n’approfondit pas vrai­ment. A con­trario et à juste titre, les auteurs con­sta­tent que la qual­ité paie, don­nant l’exemple du New York Times, rede­venu prof­itable, en par­tie grâce à la mobil­i­sa­tion du camp anti-Trump mais aus­si par une poli­tique du payant. On pour­rait citer égale­ment le Guardian anglais qui a réus­si à fédér­er une com­mu­nauté de lecteurs donateurs/abonnés autour d’une vision libérale.

Réseaux sociaux et populisme

« Les réseaux soci­aux, c’est le meilleur et le pire », comme la langue d’Esope. Le mou­ve­ment des gilets jaunes est par­ti d’une sim­ple vidéo d’une anonyme inter­pel­lant Emmanuel Macron sur l’augmentation des car­bu­rants. Une manière de rétablir une sorte de démoc­ra­tie directe. On regret­tera que le phénomène des fake news/infox ne soit pas analysé sous un angle plus critique.

La con­clu­sion est en forme de vœu pieux :

« Face aux dérives des réseaux soci­aux, les bons jour­nal­istes ont un mérite : aller à la source de l’information et la véri­fi­er. Rien de plus, rien de moins ».

C’est vrai pour les bons jour­nal­istes. L’est-ce encore pour ceux qui veu­lent réé­du­quer le pub­lic plus que l’informer ?

François Morel, Jean-Michel Sal­va­tor, Les jour­nal­istes sont for­mi­da­bles, Cal­mann-Lévy, 2019, 484p, 19 €.

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