C’est pour soutenir les personnes responsables de la mise en image des émissions de radio que certains journalistes de France Bleu avaient décidé de retirer leur droit à l’image. Une action concertée qui servait à dénoncer la précarité du statut de ces personnels.
Des emplois précaires
Les éditeurs visuels des émissions de radio, employés par le sous-traitant Eden Press, bénéficient d’un contrat en CDD d’usage. Or, cet acteur privé souhaitait ne pas renouveler les contrat des personnels qui auraient travaillé plus de trois ans pour la rentrée prochaine. Le cosecrétaire du SNJ-CGT Radio France, Mathieu Darriet, a alerté sur une disposition qui cacherait, selon le syndicat, un licenciement tacite. À l’inverse, Eden Press y voit un contrat qui « convient en général assez bien à la nature de nos activités, à leur saisonnalité et aux journalistes eux-mêmes ». Jusqu’alors, la direction de Radio France avait renvoyé la belle à ce prestataire, en indiquant ne pas vouloir « intervenir ou commenter les décisions d’un prestataire extérieur ».
À France Bleu Nord, le retrait de deux des trois intervenants de la matinale avait empêché la diffusion de l’émission. D’autres intervenants locaux ont procédé au même retrait à Paris, Bordeaux, le Mans, Limoges, Rouen ou Aix-en-Provence. Pendant près de trois semaines, les journalistes maintiendront la fronde sociale, avec des salariés de 17 stations de France Bleu qui ont retiré leur droit à l’image dans l’objectif de soutenir leur confrère. Face à une telle fronde sociale, la directrice du réseau France Bleu Céline Pigalle a renoncé. La Lettre A a ainsi révélé le mail qu’elle avait envoyé à ses journalistes, annonçant que ces CDDU pourraient être prolongés jusqu’en 2025. Un premier feu éteint pour celle qui a accédé à la direction de France Bleu depuis avril 2023.
Emploi précaire et journalisme
Cet énième épisode est révélateur de la précarité à laquelle sont cantonnés bon nombre de journalistes ; le cas du CDDU, qui s’adresse aux cachetiers, réalisateurs, les attachés de production… peut être considéré, en dépit de la liberté d’entreprise qu’il offre, comme un véritable emploi précaire. Dans cette perspective, l’emploi d’un prestataire constitue de la part de Radio France une solution facile pour ne pas employer ces différents intervenants en CDI. Cette fragilité du statut n’est pas sans danger : comme nous l’évoquions ici, elle est la cause de la multiplicité des casquettes que décident d’accumuler les journalistes les moins aisés pour arrondir leur fin de mois et peut dans certains cas mener à des ménages incestueux…
Voir aussi : Céline Pigalle, portrait