Comment faire pour tenter d’endiguer l’érosion d’un lectorat visiblement de moins en moins sensible aux jeux de mots et au ton libéral-libertaire du quotidien d’Édouard de Rotschild ?
Face à cette question, la rédaction de Libération semble avoir décidé de ressortir les vielles recettes et les panoplies élimées de « l’antifascisme » militant. Couvertures dramatisées (« Le poison FN »), appels à la vigilance, dénonciations tous azimuts… on se croirait presque revenu à l’après 21 avril 2002.
C’est sans doute sous la plume de son directeur de la publication, Fabrice Rousselot, que s’est exprimé le plus clairement ce renouveau du positionnement « combatif » face à la « montée et la banalisation de Marine Le Pen et du Front National ». En effet, dans l’édition du 13 septembre 2013, ce dernier a tenu à faire une solennelle mise au point, rappelant les « fondamentaux » de sa publication. Réaffirmant avec force le refus de publier toute entrevue des Le Pen, père ou fille, dans ses colonnes, Fabrice Rousselot admoneste également les médias qui, eux, acceptent de donner la parole aux représentants du Front National. Première cible de l’ire du directeur de Libé : TF1, accusée de complaisance envers la présidente du FN.
« On ne peut pas interviewer Marine Le Pen comme on interviewe n’importe quel autre dirigeant politique. Le danger serait alors de banaliser une extrême droite qui reste un danger pour la démocratie », écrit ainsi Fabrice Rousselot suite au passage de Marine Le Pen au JT de 20 heures de la première chaîne le jeudi 12 septembre. Qu’on se le dise, « Libé » est entré en résistance une fois de plus…