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Front Populaire : beau succès éditorial, le projet politique au point mort

21 février 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Front Populaire : beau succès éditorial, le projet politique au point mort

Temps de lecture : 4 minutes

La revue Front Populaire lancée par le philosophe Michel Onfray et Stéphane Simon aura deux ans en juin 2022. Si cette initiative est un beau succès éditorial, celle menée en parallèle visant à la recomposition politique du mouvement souverainiste peine à se concrétiser.

Une intense activité éditoriale

L’activité édi­to­ri­ale de la revue Font pop­u­laire a été intense pen­dant les deux années écoulées. Les numéros thé­ma­tiques se sont suc­cédés. Ils ont été con­sacrés tour à tour au sou­verain­isme, à l’Etat pro­fond, au génie français, à l’immigration, à l’écologie, au droit à la sécu­rité, aux espèces men­acées que seraient la droite et la gauche et au bilan d’Emmanuel Macron. La qual­ité du tra­vail d’analyse des con­tribu­teurs a per­mis à la revue d’acquérir une place unique dans la presse écrite en France. L’autre ambi­tion des créa­teurs de Front Pop­u­laire, con­stituer une plate-forme poli­tique en vue des échéances élec­torales, n’a pas con­nu le même succès.

Dès septembre 2020, des interrogations

Dans un arti­cle pub­lié en sep­tem­bre 2020, l’Observatoire du jour­nal­isme s’interrogeait sur l’ambition de l’équipe de Front Pop­u­laire de fédér­er des sou­verain­istes « de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part ». Nous remar­quions que Georges Kuz­manovic, le prési­dent du mou­ve­ment République sou­veraine et ancien mem­bre du par­ti de gauche créé par Jean-Luc Mélen­chon, était le seul leader poli­tique sou­verain­iste à apporter sa con­tri­bu­tion à la revue. Moins de deux ans après la nais­sance de Front Pop­u­laire, où en sommes-nous ?

Le prési­dent du mou­ve­ment République sou­veraine apporte tou­jours des con­tri­bu­tions à la revue. Charles-Hen­ry Gal­lois, un transfuge de l’UPR, le mou­ve­ment de François Asse­lin­eau, fait égale­ment par­tie des con­tribu­teurs de Front Pop­u­laire, mais le mou­ve­ment qu’il pré­side n’a – pour le moment – pas d’ambition poli­tique. Les autres lead­ers poli­tiques sou­verain­istes sont tou­jours absents des colonnes de la revue.

L’aggiornamento au point mort

Si l’objectif des créa­teurs de Front Pop­u­laire de con­stituer le socle d’« un nou­veau pro­jet pour la France » s’est con­crétisé par la créa­tion d’une asso­ci­a­tion dénom­mée Front Pop­u­laire & Com­pag­nie, l’aggiornamento souhaité par les créa­teurs de la revue n’a pas eu lieu.

Des « réseaux pop­u­laires » avec des référents départe­men­taux ont bien vu le jour. Un cahi­er de doléances acces­si­ble en ligne ali­men­té par les mem­bres de l’association a certes per­mis d’élaborer ce qui pour­rait con­stituer le début d’un pro­gramme poli­tique. Mais les can­di­dats pour porter poli­tique­ment ce pro­gramme ne se pressent pas.

Car si les idées ne man­quent pas, c’est plus que jamais la divi­sion dans le camp sou­verain­iste. Le Rassem­ble­ment nation­al n’en fait plus par­tie depuis que Marine Le Pen a aban­don­né en 2017 toute vel­léité de sor­tie de la France de l’Union européenne. L’appel de Flo­ri­an Philip­pot en juil­let 2020 visant à une réu­nion des lead­ers poli­tiques sou­verain­istes au sein d’une « mai­son com­mune » est resté sans réponse.

Les trois can­di­dats sou­verain­istes à l’élection prési­den­tielle, Français Asse­lin­eau, Flo­ri­an Philip­pot et Georges Kuz­manovic ont annon­cé leur inten­tion de se présen­ter séparé­ment. Les sondages d’opinion leur prédis­ent un score plus que min­ime, s’ils parvi­en­nent toute­fois à récolter le nom­bre de par­rainages néces­saires pour être can­di­dats. Il est vrai que les médias de grand chemin les ignorent assez largement.

L’initiative de Michel Onfray de faire émerg­er un « nou­veau pro­jet pour la France » vient de con­naitre un nou­veau rebondisse­ment : l’assem­blée générale de l’as­so­ci­a­tion Front Pop­u­laire & Co a décidé en novem­bre 2021 la créa­tion d’une nou­velle struc­ture appelée « France Sou­veraine ». Sa mis­sion est de « créer le cli­mat prop­ice à la réu­nion du camp sou­verain­iste ». Le dynamisme et la force de con­vic­tion de son prési­dent nou­velle­ment élu, Guil­laume Big­ot, ne seront prob­a­ble­ment pas de trop pour men­er à bien cette lourde tâche. Sans compter que le sou­verain­isme doit être un sou­verain­isme pour quelque chose. On peut imag­in­er une France islamiste plus sou­veraine que la France macroni­enne, on doute que ce soit l’objectif de l’association.

En atten­dant l’hypothétique con­créti­sa­tion poli­tique qui pour­rait en advenir, Michel Onfray parait avoir tiré un trait sur les prochaines élec­tions. Il déclarait récem­ment au micro d’une radio périphérique :

« Je n’irai pas vot­er […] Je peux vous dire qui sera élu au sec­ond tour. Ce sera un can­di­dat maas­trichtien. Si ce n’est pas Macron, ce sera Valérie Pécresse. Ce ne sera sûre­ment pas Zem­mour, ce ne sera sûre­ment pas Marine Le Pen. »

Sur Paris Pre­mière le 10 févri­er 2022, Michel Onfray enfonçait le clou en indi­quant face à Adrien Quaten­nens (LFI) « ne pas voir de can­di­dat pour le Frex­it ». Voilà qui ne devrait pas ramen­er de la con­corde dans le camp sou­verain­iste déjà bien divisé…

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