Un CV vide avant d’entrer en politique, un communicant plus qu’un politique… à première vue, rien ne semble différencier Gabriel Attal de l’homme politique français moyen version moderne. Enfin, de notre point de vue. Cependant, la véritable opération de propagande qui s’est mise en branle depuis (et un peu avant) la nomination de l’ex ministre de l’Éducation Nationale n’est pas sans rappeler celle qui nous a vendu, il y sept ans, un certain Emmanuel Macron.
Des annonces et peu de réalisations
« L’homme pressé » titre Paris Match, ou, encore, Les Échos évoquent une « ascension fulgurante », suivis par France 24. Les titres de presse ne tarissent pas d’éloges concernant le plus jeune Premier ministre qu’a connu la cinquième République. Pourtant dans leur papier, Les Échos nous dressent un portrait en demi-teinte de Gabriel Attal, évoquant son passage à l’Éducation nationale comme un grand chamboule-tout sans véritable bilan du fait de la brièveté du mandat. Plus loin nous lisons qu’il y a eu « beaucoup de dossiers ouverts, aucun mené à terme ». À lire ce papier, nous comprenons surtout que Gabriel Attal est un excellent communiquant, sachant se faire un nid dans l’espace public à grands coups d’annonces, sans aller beaucoup plus loin.
Frédéric Mitterrand enamouré
Pourtant, certains voient en lui un homme politique fait d’un autre bois. Citons Frédéric Mitterrand, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui souligne au micro de RTL qu’on lui a envoyé un jeune stagiaire de l’ENA, Gabriel Attal, et qu’en une demi-heure Mitterrand a compris que ce petit jeune n’était pas comme les autres. Il en aurait « pris la mesure », regrettant même d’être nommé ministre, il aurait plutôt préféré rester avec Attal qui avait, il en est certain, plein de choses à lui apprendre. Outre le ridicule de la déclaration, notons que Gabriel Attal n’a jamais fait l’ENA contrairement à ce que dit Frédéric Mitterrand.
Un peu de chiromancie et un ange passe
Restons dans le domaine du ridicule en citant Le Point qui relate cette scène où Marlène Schiappa, adepte du tarot marseillais, a prédit à Gabriel Attal son ascension qui se ferait, selon la prédiction, grâce à une femme. Aujourd’hui nous savons qu’il s’agit d’Élisabeth Borne. Et si, finalement, la nomination de Gabriel Attal n’était pas une divine surprise pour sauver la macronie ?
Une divine surprise ? Exagéré diront certains, mais pas Christophe Barbier. L’éditorialiste s’est fendu d’une intervention sur BFMTV, où il fait une métaphore biblique de la situation, indiquant qu’en hébreu, Gabriel signifie « force de Dieu », que Dieu c’est Macron, et qu’Attal est la force qui doit protéger Dieu lors des élections européennes (sic).
L’homme à l’écharpe rouge a encore frappé : “C’est quoi le sens étymologique de Gabriel dans la Bible ? C’est la force de Dieu. C’est le bras armé de Dieu (…) Il (Gabriel Attal) est missionné pour protéger Dieu, c’est-à-dire Macron…“
Merci @BFMTV et @C_Barbier. pic.twitter.com/1XeQGdLgZR— Observatoire du journalisme (Ojim) (@ojim_france) January 16, 2024
La presse internationale réservée
Comme souvent, la presse internationale reste plus lucide. Beaucoup de titres, Le Times, La Repubblica, Der Spiegel ou encore The Economist y voient la nomination d’une pure création de Macron, dont l’homosexualité en fait l’une des personnalités LGBT les plus influentes (CNN) et qui est là pour sauver les meubles lors des européennes. Un constat loin des métaphores bibliques de Christophe Barbier.
Le Point souligne que, contrairement à la presse internationale, la France met peu en avant l’homosexualité de Gabriel Attal. Ne serait-elle pas plutôt mise sous le boisseau ? Une séquence ayant eu lieu sur le plateau de LCI le 8 janvier 2024 mettait en avant l’homosexualité d’Attal comme un facteur important – cependant non déterminant – dans sa nomination à Matignon. Selon Guillaume Roquette, qui a tenu ces propos, il incarne par son « coté gay » l’émancipation, qui est au cœur du projet macroniste. Hormis ces propos, aucun journaliste de grand chemin ne semble s’être questionné sur le lien entre l’homosexualité d’Attal et sa nomination à Matignon. Notons que la séquence impliquant Guillaume Roquette a été supprimée.
Ce branle-bas de combat à propos de Gabriel Attal, à qui les sondages prêtent une certaine popularité, lui permettra t’il d’être le sauveur de la macronie ou bien un clou de plus sur son cercueil politique ? La réponse pourrait être rapide.