Tout le monde n’a pas subi la pandémie de coronavirus aussi difficilement. Certaines sociétés privées s’en sont même très bien sorties avec un chiffre d’affaires et des profits explosant tous leurs précédents records. En tête : les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).
Il est difficile de reprocher à une entreprise de faire du bénéfice. En revanche, on peut leur reprocher une optimisation fiscale à outrance qui les préserve de nombreux impôts. Cette optimisation devient scandaleuse et immorale en leur permettant d’exploiter les failles administratives et juridiques, nationales et internationales des lois fiscales. On se retrouve in fine avec des sociétés dégageant des bénéfices colossaux et ne payant pratiquement aucun impôt alors qu’en France et une bonne partie de l’Europe les plus petites entreprises sont souvent assommées fiscalement.
Une pandémie « favorable »
La pandémie est venue enfermer des millions de gens dans leur domicile mais a également enrichi considérablement les géants de la technologie. Ces derniers ont en effet été les premiers appelés à la rescousse morale et psychologique des détenus du XXIè siècle en leur apportant les réseaux sociaux, le commerce en ligne, tout ce qui permettait de survivre sans contact avec le réel. Les déclarations de Sundar Pichai, le directeur de Google (récemment renommé Alphabet) sont éclairantes à ce propos : « les investissements réalisés dans l’intelligence artificielle et les autres technologies, afin de fournir des services vers lesquels les gens se tournent en cas de besoin, au quotidien ou en période de crise sont la preuve de l’appréciation des différents utilisateurs. »
Des chiffres faramineux
Ainsi Google, le géant de la publicité en ligne, a augmenté ses ventes de 34% au premier trimestre 2021 (55 milliards de dollars) et triplé son bénéfice (18 milliards de dollars).
De son côté, Amazon a dépassé pour la première fois les 100 milliards de chiffre d’affaires trimestriel et vu son bénéfice doubler au quatrième trimestre 2020, atteignant 7,2 milliards de dollars.
Facebook, numéro 2 de la publicité en ligne et malgré un boycott subi l’été 2020, s’en sort remarquablement en enregistrant une hausse du nombre d’utilisateurs (+ 14%), un chiffre d’affaires augmenté de 22% et quasi 10 milliards de dollars de profits au premier trimestre 2021.
D’après une étude recensant les entreprises les plus rentables au monde, datée du 11 janvier 2021 et en classant par capitalisation boursière, on obtient :
- Facebook 757 milliards $ 8ème place soit le PIB de la Turquie
- Alphabet (Google) 1 203 milliards $ 6ème place ; le PIB du Mexique
- Amazon 1596 milliards $ 4ème place ; le PIB de la Corée
- Microsoft 1653 milliards $ 3ème place ; le PIB de la Russie
- Apple 2213 milliards $ 2ème place, plus que le PIB de l’Italie
(Source pour les PIB, Banque mondiale, 2019)
Toutes ces données ne sont pas véritablement encourageantes quand on sait la puissance de ces sociétés et leur capacité d’influence quand elles se mêlent de politique.
Plus puissantes que des États
Ces entreprises privées sont simplement plus puissantes que des États entiers malgré toutes leurs prérogatives. Elles font plus de bénéfices quand le monde entier est à l’arrêt, tout en payant très peu d’impôt. Thomas Mercey, avocat spécialisé en fiscalité internationale, déclare à ce sujet : « Toutes les entreprises agissent pour gagner de l’argent. Les GAFAM utilisent les leviers les plus efficaces, légalement. »
De son côté, l’ONG Global Justice Now veut mobiliser l’opinion publique sur un projet de traité international actuellement en chantier, visant à contraindre juridiquement les grandes entreprises à respecter les « droits de l’homme ». Touchante et naïve tentative d’humaniser ces entreprises qui se sont achetées une bonne conscience en militant pour BLM, les woke et autres combats pour les trans comme le notait le journaliste Glenn Greenwald que nous citions récemment. Le monde libéral et le monde libertaire, main dans la main.