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GAFAM, des entreprises privées plus puissantes que des États ?

8 mai 2021

Temps de lecture : 4 minutes
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GAFAM, des entreprises privées plus puissantes que des États ?

Temps de lecture : 4 minutes

Tout le monde n’a pas subi la pandémie de coronavirus aussi difficilement. Certaines sociétés privées s’en sont même très bien sorties avec un chiffre d’affaires et des profits explosant tous leurs précédents records. En tête : les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Il est dif­fi­cile de reprocher à une entre­prise de faire du béné­fice. En revanche, on peut leur reprocher une opti­mi­sa­tion fis­cale à out­rance qui les préserve de nom­breux impôts. Cette opti­mi­sa­tion devient scan­daleuse et immorale en leur per­me­t­tant d’exploiter les failles admin­is­tra­tives et juridiques, nationales et inter­na­tionales des lois fis­cales. On se retrou­ve  in fine  avec des sociétés dégageant des béné­fices colos­saux et ne payant pra­tique­ment aucun impôt alors qu’en France et une bonne par­tie de l’Europe les plus petites entre­pris­es sont sou­vent assom­mées fiscalement.

Une pandémie « favorable »

La pandémie est venue enfer­mer des mil­lions de gens dans leur domi­cile mais a égale­ment enrichi con­sid­érable­ment les géants de la tech­nolo­gie. Ces derniers ont en effet été les pre­miers appelés à la rescousse morale et psy­chologique des détenus du XXIè siè­cle en leur appor­tant les réseaux soci­aux, le com­merce en ligne, tout ce qui per­me­t­tait de sur­vivre sans con­tact avec le réel. Les déc­la­ra­tions de Sun­dar Pichai, le directeur de Google (récem­ment renom­mé Alpha­bet) sont éclairantes à ce pro­pos : « les investisse­ments réal­isés dans l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle et les autres tech­nolo­gies, afin de fournir des ser­vices vers lesquels les gens se tour­nent en cas de besoin, au quo­ti­di­en ou en péri­ode de crise sont la preuve de l’appréciation des dif­férents util­isa­teurs. »

Des chiffres faramineux

Ain­si Google, le géant de la pub­lic­ité en ligne, a aug­men­té ses ventes de 34% au pre­mier trimestre 2021 (55 mil­liards de dol­lars) et triplé son béné­fice (18 mil­liards de dollars).

De son côté, Ama­zon a dépassé pour la pre­mière fois les 100 mil­liards de chiffre d’af­faires trimestriel et vu son béné­fice dou­bler au qua­trième trimestre 2020, atteignant 7,2 mil­liards de dollars.

Face­book, numéro 2 de la pub­lic­ité en ligne et mal­gré un boy­cott subi l’été 2020, s’en sort remar­quable­ment en enreg­is­trant une hausse du nom­bre d’utilisateurs (+ 14%), un chiffre d’affaires aug­men­té de 22% et qua­si 10 mil­liards de dol­lars de prof­its au pre­mier trimestre 2021.

D’après une étude recen­sant les entre­pris­es les plus renta­bles au monde, datée du 11 jan­vi­er 2021 et en clas­sant par cap­i­tal­i­sa­tion bour­sière, on obtient :

  • Face­book 757 mil­liards $ 8ème place soit le PIB de la Turquie
  • Alpha­bet (Google) 1 203 mil­liards $ 6ème place ; le PIB du Mexique
  • Ama­zon 1596 mil­liards $ 4ème place ; le PIB de la Corée
  • Microsoft 1653 mil­liards $ 3ème place ; le PIB de la Russie
  • Apple 2213 mil­liards $ 2ème place, plus que le PIB de l’Italie

(Source pour les PIB, Banque mon­di­ale, 2019)

Toutes ces don­nées ne sont pas véri­ta­ble­ment encour­ageantes quand on sait la puis­sance de ces sociétés et leur capac­ité d’influence quand elles se mêlent de poli­tique.

Plus puissantes que des États

Ces entre­pris­es privées sont sim­ple­ment plus puis­santes que des États entiers mal­gré toutes leurs prérog­a­tives. Elles font plus de béné­fices quand le monde entier est à l’arrêt, tout en payant très peu d’impôt. Thomas Mer­cey, avo­cat spé­cial­isé en fis­cal­ité inter­na­tionale, déclare à ce sujet : « Toutes les entre­pris­es agis­sent pour gag­n­er de l’ar­gent. Les GAFAM utilisent les leviers les plus effi­caces, légalement. »

De son côté, l’ONG Glob­al Jus­tice Now veut mobilis­er l’opinion publique sur un pro­jet de traité inter­na­tion­al actuelle­ment en chantier, visant à con­train­dre juridique­ment les grandes entre­pris­es à respecter les « droits de l’homme ». Touchante et naïve ten­ta­tive d’humaniser ces entre­pris­es qui se sont achetées une bonne con­science en mil­i­tant pour BLM, les woke et autres com­bats pour les trans comme le notait le jour­nal­iste Glenn Green­wald que nous citions récem­ment. Le monde libéral et le monde lib­er­taire, main dans la main.

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