Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, nombreux sont ceux qui veulent tirer les marrons du feu et parler à sa place. De nombreuses tentatives d’infiltration du mouvement proviennent de l’extrême-gauche, tant dans les manifestations des grandes villes (Nantes, Rouen, Bordeaux, Saint-Étienne, Paris, Marseille…) que dans la bataille pour le contrôle de la parole. Ainsi GJ Info, actif sur Telegram, n’a rien à voir avec les vrais Gilets jaunes et tout à voir avec l’extrême-gauche qui le contrôle.
Média « collectif »
Gilets jaunes infos se présente comme un média collectif, sans auteurs. En réalité, il est coécrit par une infirmière libérale des Landes, proche de la nébuleuse d’extrême-gauche locale, et un développeur informatique lyonnais – ces deux derniers ont écarté progressivement les auteurs originaux, qui étaient cinq, moins politisés et originaires d’Ile-de-France. Ce média n’a que quelques centaines d’abonnés Facebook et Telegram – et à peine dix fois moins sur Twitter – mais une audience plus large puisqu’il est diffusé sur une grande partie des groupes et canaux Telegram des Gilets jaunes, toutes obédiences confondues.
Conseils intéressés et orientés
Fin janvier dernier, Gilets jaunes Infos passe un communiqué intitulé « vérifier une information avant de la partager ». L’intention est louable : lutter contre les fake news/infox qui sont légion sur les réseaux sociaux, Gilets jaunes ou pas. Les conseils aussi : « identifier l’auteur, identifier le média, recouper l’info ».
Nous appelons tous les GJ à être vigilants et critiques vis à vis de l’information qu’ils reçoivent et diffusent. Une info partagée en masse n’est pas forcément une info fiable. Une information doit être préalablement vérifiée. #GiletsJaunes #tutorial pic.twitter.com/aSuQ5Rsk6O
— GJ Info (@GJInfor) January 30, 2019
Cependant, la liste des médias conseillés est monocolore : « Tous les médias indépendants ne sont pas fiables ! Voici une source de listes d’informations recommandées : l’Autre quotidien, Bastamag, Ballast, Streetpress, Le Monde Diplomatique, Reporterre, Mediapart, le Média TV, Wikipédia (bien-sur) ». La quasi-totalité penche très à gauche, le Monde Diplomatique est un peu à part. Curieusement, on ne trouve pas TV Libertés, le Média pour Tous de Vincent Lapierre, RT ou même Brut. Et il est loufoque d’y trouver StreetPress, le kebab des médias.
Agressions à sens unique
Ce n’est pas un hasard : le 21 janvier 2019 Gilets jaunes info se fait l’écho de « plusieurs accidents inadmissibles dans le cortège parisien […] plusieurs Gilets jaunes et une militante syndicale ont été agressés par des militants identitaires qui portaient eux aussi un Gilet jaune pour semer la confusion dans nos rangs ». Nous n’avons pas retrouvé trace de ces incidents. En revanche, Gilets jaunes infos est resté silencieux sur les agressions de Gilets jaunes ou de journalistes par des antifas que nous avons documentées ici et pour cause.
Les nombreuses rediffusions des messages de la Maison du Peuple de Saint-Nazaire ou de l’assemblée des assemblées de Commercy – toutes deux idéologiquement proches de la ZAD de Notre-Dame des Landes ne laissent aucun doute sur l’origine idéologique du soi-disant « Gilets jaunes infos ». Loin, très loin du message porté à l’origine par les Gilets jaunes et de la révolte de la France périphérique travailleuse. Nous aurons l’occasion de revenir sur les autres médias créés par les GJ.