Abus de position dominante sur le marché de la publicité en ligne. L’Autorité de la Concurrence en France a condamné la société américaine à une amende de 150M€. Ce montant est accompagné d’un appel à modifier les règles de fonctionnement de la plateforme publicitaire Google Ads.
Opacité à tous les étages
Qui n’a pas reçu un jour un courriel ressemblant à « votre post/votre image/votre publicité ne correspond pas aux standards de notre communauté et nous sommes au regret de la supprimer/refuser etc », signé Google ou Facebook ? Les « standards de la communauté » sont si opaques que les réseaux sociaux peuvent modifier l’interprétation des règles qu’ils édictent de manière imprévisible et totalement arbitraire. Le fait du prince californien en quelque sorte. Pour infléchir cet état de fait, le jugement précise que Google devra aussi mettre en place « des règles de prévention, de détection et de traitement des règles » qu’il édicte pour Google Ads.
Plus de trois ans d’enquête et un résultat encore incertain
Isabelle de Silva, la présidente de l’Autorité de la Concurrence a précisé que l’enquête a été « très difficile ». Le temps de Google et celui de l’administration ne sont pas les mêmes et les moyens dont ils disposent ne sont pas identiques. Les inquiétudes des professionnels de la publicité remontent à mai 2016. Faisons les comptes, cela fait 43 mois entre le début des investigations et la condamnation. Quel fut le bénéfice de Google France en matière de publicité sur cette période ? Oncques ne le sut, oncques ne le dit. Mais très certainement supérieur à 150M€. D’autant que le géant américain fait transiter ses bénéfices européens via des pays « complaisants fiscalement ». Une pratique pour laquelle la société est en conflit cette fois avec les autorités européennes de la concurrence.
Cette sanction peut être rapprochée d’une autre, subie par une des filiales de Google, YouTube dont nous vous avons parlé en 2019. YouTube a été condamné aux États-Unis à une amende de 170M$ pour avoir collecté des données numériques des enfants utilisateurs du service. Cette somme, qui peut paraître importante, correspond à moins de un pour mille du chiffre d’affaires annuel de la société mère.