En passe de quitter les micros, l’équipe actuelle de la matinale de France Inter semble s’en donner à cœur joie. Sur le plan du militantisme politique et idéologique. La revue de presse d’Hélène Jouan témoigne de cette ambiance délétère qui lasse nombre d’auditeurs. La revue du 28 juin 2017 apparaît exemplaire de ce qu’est devenu le « journalisme » de service public.
Où sont les femmes ?
7 heures 40, Hélène Jouan s’interroge : « Comment mieux accueillir les femmes dans l’espace public ? Des événements récents, notamment dans le quartier parisien de La Chapelle Pajol, ont remis en lumière la question de la place et de la sécurité des femmes dans les villes ». Jouan explique que depuis plusieurs années nombre de personnes « réfléchissent à la manière d’aménager l’espace pour que les femmes s’y sentent plus à l’aise, au-delà même de la seule question de la sécurité ». L’auditeur attentif aux événements survenus dans le quartier de La Chapelle Pajol tend l’oreille. Rappel : en mai 2017, des femmes du quartier ont initié une pétition pour dénoncer le harcèlement et même les agressions sexuelles récurrentes. Les témoignages sont nombreux, les actes délictueux quotidiens. En cause ? La forte présence de migrants dans le quartier. Ce sont ces derniers qui provoquent les femmes, les insultent, parfois les agressent. Pour Hélène Jouan ? La question est plutôt, par exemple, que « les skate parcs sont vécus comme réservés aux garçons. Alors, pour que les filles les investissent, eh bien, la commune de Malmöe, en Suède, a décidé de leur consacrer cet espace un jour par semaine ». Jouan ne précise pas si la journée non mixte est divisée en plusieurs créneaux. L’un, par exemple, réservé aux femmes musulmanes voilées.
Et les migrants ?
Et de se féliciter : « La question de l’aménagement des squares et des places publiques commence à être intégrée dans les plans de rénovation malgré quelques réticences de la part des élus quand il s’agit de poser les politiques publiques en termes de genres ». Après avoir omis d’indiquer que les événements de La Chapelle Pajol ne concernent pas seulement « la place des femmes dans l’espace public » mais bien des agressions perpétrées par des migrants considérant les femmes comme des « salopes », Hélène Jouan pose ses termes du débat : la question est celle du genre. Pas de fake news de sa part, un simple oubli : le mot « migrants », jamais prononcé. « Rien n’est simple, rien n’est binaire », conclut-elle cependant.
L’heure où Hélène Jouan “Rugy”
La question est celle du genre, c’est dit. Et pas seulement dans ce quartier. Pareil à l’Assemblée Nationale : « Là, pas besoin de designers pour reconfigurer le perchoir qui échoit de nouveau et comme d’habitude à un homme, vous, François de Rugy ». Car le président de l’Assemblée, récemment élu, est l’invité de France Inter. Interlude : Jouan évoque un tweet « amusant du Figaro, dont ce n’est pas l’habitude ». Intervention de Patrick Cohen : « Ah oui, quand c’est amusant c’est le Gorafi, quand c’est pas amusant c’est Le Figaro ». En instance de départ pour Europe 1, Cohen a depuis plusieurs jours du mal à se contenir. L’auditeur le sent au bord du dérapage. Hélène Jouan, reprise : « Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire la presse ce matin vous concernant François de Rugy, je vous cache pas qu’elle est assez sévère à votre endroit, voire carrément violente parfois ». La preuve : « Michel Soudais, sur le site de Politis titre Un parjure à la présidence de l’Assemblée ». François de Rugy comprend alors qu’il est tombé dans un traquenard et réagit : « La grande presse, ah oui ? Grand public ». Jouan insiste, « Un parjure, un parjure ». François de Rugy : « Non, écoutez, c’est une presse militante. Il faut le dire. D’extrême gauche ». Hélène Jouan, visiblement énervée d’être interrompue, insiste, citant toujours Politis et accentuant le mot « déloyal ». Appuyé sur d’autres Unes, le portrait est entièrement à charge, méprisant (« avec votre petit score aux primaires socialistes »). Très vite, l’auditeur comprend que François de Rugy a quitté le studio, préférant attendre dans un des couloirs de Radio France que la lionne de la revue de presse en ait terminé.
Un menu boboland à haute teneur en aigreur
Arrive la question de la Loi Travail et des ordonnances. Les journalistes de La Matinale de France Inter ont semble-t-il compris que leur soutien éhonté en faveur du candidat Macron n’est pas récompensé par les premières salves du président ou du gouvernement. Boboland ne reconnaît plus son soldat Macron. Hélène Jouan ne s’attarde pas, passant directement aux « révélations du Canard Enchaîné » au sujet des soupçons pesant sur le voyage d’Emmanuel Macron, alors ministre de la Justice, à Las Vegas. Voyage qui fut organisé par l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud, semble-t-il au mépris des usages relatifs aux appels d’offres. Hélène Jouan : « Et au chapitre pas facile d’avoir eu une vie avant, Le Canard Enchaîné en remet une petite couche sur l’affaire Richard Ferrand ». Il s’agit de la jeune compagne du proche du président, embauchée comme directrice du personnel des Mutuelles de Bretagne alors qu’elle avait 25 ans et qu’elle était étudiante. « Un job d’étudiant pour 80 000 euros ». Macron, de Rugy, Ferrand. France Inter et Hélène Jouan semblent saisir combien ils ont été floués par les personnalités qu’ils ont aidé à accéder au pouvoir à grand renfort de journalisme militant. Il y a de l’aigreur derrière les micros. Hélène Jouan ne quittera cependant pas le studio sans avoir épinglé Le Figaro et Etienne de Montéty, coupables de ne pas être à 100 % en faveur de la PMA. Le Figaro ? « Mots pour mots, les arguments de LMPT ». Retour au point de départ : les droits des femmes sont menacés, selon Jouan. Toujours pas par les migrants de La Chapelle Pajol. Par Le Figaro.
Écouter la revue de presse signée Hélène Jouan, c’est un peu comme se procurer des exemplaires de La Pravda sur un marché aux puces de Berlin. C’est vintage.