Mimi Marchand, dont nous ignorons si elle est encore à Fresnes depuis son incarcération le 12 juin 2021, est impliquée dans une sombre histoire de fabrication de faux témoignage datant d’octobre 2020 en faveur de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du supposé financement de sa campagne présidentielle par des fonds libyens. Paris Match puis le JDD, tous deux dirigés par Gattegno, ayant donné — volontairement ou involontairement — un coup de main pour monter et/ou faire mousser le dossier, leur directeur se retrouve en première ligne.
Subornation de témoin ?
Au centre du récit le menteur professionnel Ziad Takieddine. Déclarant un jour qu’il a laissé des valises de billets au QG de Sarkozy, puis le démentant, puis démentant le démenti et on recommence. En octobre 2020 Takieddine en fuite au Liban est « retrouvé » par Mimi Marchand aidée de quelques comparses hauts en couleurs et « spontanément » dédouane Sarkozy. Mais une enquête menée discrètement avec des écoutes téléphoniques révèle que le témoignage, loin d’être spontané, aurait été mis en scène par Mimi. D’où une accusation de subornation de témoin et d’association de malfaiteurs pour escroquerie contre Mimi et de possibles complices.
Le rôle de Match et du JDD mis en cause
Hervé Gattegno pourrait être intervenu par quatre fois dans le récit. Une première en « commandant » le reportage. Une seconde en publiant rapidement le « reportage » de Mimi (accompagnée d’un photographe de Paris Match) décrivant la volte-face de Takieddine. Une troisième en relayant l’information dans le JDD. Une quatrième un mois plus tard en publiant dans Match un « document devant notaire » de 14 pages donnant le détail de la nouvelle version de Takieddine, innocentant Sarkozy et son entourage.
Rien de définitif en soi. À ceci près que Mimi aurait témoigné devant les juges que Gattegno lui aurait demandé d’aller au Liban pour « cadrer les choses », sans que l’on comprenne exactement ce que ce cadrage pourrait recouvrir. Sarkozy a lui-même déclaré dans le passé que Arnaud Lagardère, propriétaire de Paris Match et du JDD, était « son frère » et l’ancien président siège maintenant au conseil de surveillance du groupe. Gattegno ne cache pas sa proximité avec Nicolas Sarkozy. Que savait-il exactement des conditions de l’interview ? Des possibles transactions monétaires l’accompagnant ? Des différentes versions du document devant notaire qui auraient circulé ? Il lui est maintenant interdit de rencontrer les protagonistes de l’affaire, soit Nicolas Sarkozy, son avocat, Mimi et quelques comparses de moindre importance. Susceptible de poursuites, il bénéficie de la présomption d’innocence.