Pour avoir diffamé l’ancien responsable du bureau de presse de l’armée française à Kaboul, le journaliste Hervé Guesquière, otage en Afghanistan de décembre 2009 à juin 2011, a écopé d’une amende de 2 000 euros avec sursis, a décidé le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
Le tribunal a également condamné le directeur de publication des Échos du Touquet – groupe La Voix du Nord –, qui avait publié l’entretien. Les deux hommes ont été condamnés à payer solidairement 5 000 euros de dommages et intérêts et 2 500 euros au titre des frais de justice.
Me Riglaire, l’avocat du directeur de publication des Échos du Touquet, a d’ores et déjà annoncé à l’AFP son intention de faire appel en estimant qu’il était « impensable qu’un journal ne puisse pas ouvrir ses colonnes à un ex-otage, quoi qu’il ait à dire ».
Hervé Guesquière avait, dans l’entretien en question, qualifié le lieutenant-colonel Jackie Fouquereau de « lâche ». La discorde provient des accusations contre les deux journalistes lors de leur enlèvement en 2009, Hervé Guesquière et Stéphane Taponier, accusés d’imprudence, d’irresponsabilité, et de mettre en danger la vie des soldats français. Le président Sarkozy avait pour sa part parlé d’« imprudence vraiment coupable ». Selon Hervé Guesquière, c’est Jackie Fouquereau qui était à l’origine de ces discours entendus jusqu’au sommet de l’Etat.
Pour l’écriture de son livre (547 jours, Albin Michel, 2012), Guesquière avait souhaité rencontrer Jackie Fouquereau, à l’origine selon lui de ces attaques, ce que ce dernier aurait refusé, d’où le qualificatif de « lâche ».
La Voix du Nord et le journal Armée d’aujourd’hui devront rendre compte du jugement.
Pour en savoir plus sur les rapports conflictuels entre les médias et l’armée, voir le dossier que l’Ojim a consacré à ce sujet.
Photo : Campagne de RSF pour la libération d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Crédit : leo gonzales via Flickr (cc)