Début 2019 sortait en librairie un livre intitulé « Histoire de l’islamisation française 1989–2019 », qui fera peut-être date. Il ne portera pas à la postérité ses auteurs, puisqu’il est écrit par un collectif anonyme. Voilà qui en dit long sur le climat de guerre civile qui sévit désormais en France, où il faut penser à sa protection physique quand on émet quelques doutes sur le dogme du vivre ensemble.
Une analyse année par année
Le contenu de cet ouvrage mérite qu’on s’y attarde avec attention. Tout au long des 674 pages et des 40 chapitres, les auteurs nous présentent et analysent des événements représentatifs, un par année, de l’islamisation de la France de 1979 à 2019.
Dans le processus qui a profondément transformé la société française – notamment en changeant des comportements, en créant des interdits et en bridant la liberté d’expression – les médias de grand chemin ont pris toute leur part. Ils ont accompagné ce changement par ignorance, conviction ou lâcheté (à vous de choisir). Les exemples cités dans le livre de ce que le recul de l’histoire permettra très probablement de qualifier d’aveuglement collectif sont nombreux. Nous nous en limiterons à quelques-uns.
Des exemples un peu anciens
Dès 1979, c’est la révolution menée par l’Ayatollah Khomeini qui bénéficie d’une étrange bienveillance. Dans Libération, on apprend qu’en Iran, les murs sont « gauchistes » et le voile « un symbole de lutte ».
En 1985, c’est le journal « Science et nature » qui donne la parole à Tobie Nathan, un professeur de psychologie, qui explique que face au traumatisme de l’immigration et de l’assimilation que vivent les petites filles africaines, « seul le rituel de l’excision permet de les soigner et de les reconnaitre ».
C’est aussi Le Monde en 1986 qui après les remous causés par le livre de Salman Rushdie « Les versets sataniques » donne la parole à un professeur d’histoire à la Sorbonne, Mohamed Arkoun. Commentant les réactions à la publication du livre, il affirme : « l’Occident n’est pas du tout préparé à entendre la voix de l’islam comme elle s’exprime ». « Des paroles glaçantes et trop claires pour être entendues », selon les auteurs.
Et de plus récents
En 2004, alors que le port du voile se développe, c’est Jean-François Khan qui dénonce dans Marianne une « hystérie répressive » lors de débat sur la loi l’interdisant dans les écoles.
En avril 2000, les auteurs de l’ouvrage nous rappellent que c’est L’Express qui a lancé médiatiquement Tariq Ramadan, en lui accordant un entretien publié sur plusieurs pages, avec forces qualificatifs louangeurs.
En 2005, la fermeture emblématique du Musée national des arts et des traditions populaires a lieu alors que certains médias l’ont déjà enterré, symboliquement. Pour Libération dès 1991, c’est un « musée des arts et traditions populaires étouffé par ses racines », sans doute trop franchouillardes…. Le Monde estime un peu plus tard que c’est « un établissement échoué à la lisière du bois de Boulogne ». Le musée changera de vocation et sera transféré à Marseille, le MUCEN a désormais un arrimage fort à la Méditerranée….
L’attaque du camion fou à Nice en 2016 est l’occasion de divagations vaguement psychologisantes : Dans Le Point, un éditorialiste parle d’un « complexe nord-africain » à propose de l’auteur de l’attentat. Les auteurs évoquent une « désislamisation » du djihadisme, en particulier quand Aude Lancelin explique que « chez les musulmans européens, on sait que la pratique religieuse décline aussi ».
On pourrait multiplier les exemples. Chaque page apporte son lot de découvertes. Un motif de consolation : les médias alternatifs, dont l’OJIM, se sont développés ces dernières années et permettent une plus grande variété des sources d’information. Aux lecteurs de choisir.
« Histoire de l’islamisation française 1989–2019 », Editions L’Artilleur, 2019, 688p, 25 €