Les acquéreurs avant l’été du groupe Sophia publications (L’Histoire, Historia, La Recherche, Le Magazine littéraire) pourraient attaquer le vendeur, Artemis. La filiale de Kering (Pinault), qui détient également Le Point, aurait minoré les pertes de Sophia, placé en redressement judiciaire le 28 janvier.
Avec un million de déficit prévu en 2014, pour 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, la mariée semble effectivement moins belle que prévu. Lors du rachat, en mai, de Sophia publications par un trio d’actionnaires, Thierry Verret (Ophrys), Maurice Szafran (ancien PDG de Marianne) et Gilles Gramat (Pragma capital), le budget prévisionnel pour 2014 était excédentaire de 600 000 euros…sur le papier. La bonne santé virtuelle de Sophia publications pousse même Claude Perdriel, l’ex propriétaire de L’Obs, éditeur de Challenges et de Science & avenir, à investir 750 000 euros dans le tour de table. Réalisée en deux étapes, l’augmentation de capital se monte à 1,5 millions d’euros.
Différents paramètres expliqueraient la dégradation, maquillée volontairement ou non par Artémis. En premier lieu, la baisse de la diffusion des quatre mensuels s’est accélérée en 2014. Elle a reculé, selon les titres, entre 4 et 10%. Or, ce vecteur de recettes représente à lui seul environ 80% du chiffre d’affaires total de Sophia publications. Le reliquat est généré par la publicité et, très marginalement, par le numérique. Des erreurs stratégiques de la précédente direction auraient, d’autre part, contribué à la détérioration de la situation en 2014. Le lancement au printemps du bimestriel de vulgarisation Les Clés de l’histoire a été un échec. Le titre a été rapidement arrêté en raison d’une diffusion de l’ordre de 3000 exemplaires. Sophia en escomptait 10 fois plus. Autre erreur, le passage du supplément Les Dossiers de la recherche sous forme de bimestriel indépendant. Là non plus les ventes n’auraient pas été au rendez-vous. La sortie au premier semestre 2014 des nouvelles formules du Magazine littéraire (DSH OJD 2013–2014 : 26 324 exemplaires, ‑10%) et d’Historia (DSH OJD 2013–2014 : 64 506 exemplaires, ‑7%), n’aurait pas non plus porté ses fruits. Enfin, Sophia aurait investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans de nouveaux développements digitaux, sans réels retours.
Un plan de réorganisation de Sophia publications sera présenté au tribunal de commerce fin février. D’ores et déjà, le groupe compte diminuer ses coûts en déménageant. Basé dans les locaux du Point à Montparnasse, il rejoindra courant mars les anciens bureaux du Nouvel Observateur, non loin de la place des Victoires dans le deuxième arrondissement parisien.