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Hold Up : Le Progrès de Lyon suit la mode du complotisme

6 décembre 2020

Temps de lecture : 5 minutes
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Hold Up : Le Progrès de Lyon suit la mode du complotisme

Temps de lecture : 5 minutes

Le film Hold-up est devenu sur notre site un sujet récurrent ces dernières semaines. Relayé sur les réseaux sociaux, le documentaire a été vu plus de 6 millions de fois à la date du 23 novembre 2020 selon Libération. Coup d’œil sur la presse de Lyon.

Un avis étrangement unanime

À sa sor­tie, les médias de grand chemin se sont empressés d’avertir la pop­u­la­tion sur ce doc­u­men­taire qui a eu le tort d’exposer, durant plus de deux heures, à côté de cer­taines approx­i­ma­tions, divers­es ingérences dans la crise du Covid, les exagéra­tions médi­a­tiques, les inex­ac­ti­tudes et ratés gou­verne­men­taux ; et enfin l’hypothèse éventuelle que, de cette sit­u­a­tion par­ti­c­ulière, cer­tains tir­eraient leur épin­gle du jeu…au détri­ment de beaucoup.

À Lyon comme à Paris

Le lyon­nais Le Pro­grès n’a pas hésité à se faire l’écho de l’avis unanime de la presse française.
Le 13 novem­bre 2020, le quo­ti­di­en titrait :  « ‘Hold-up’: com­pren­dre l’immense polémique sur un film con­tro­ver­sé ». Si le titre sem­ble annon­cer un arti­cle neu­tre, des­tiné à analyser les réac­tions provo­quées par le doc­u­men­taire, le pre­mier para­graphe annonce une autre couleur.

D’entrée de jeu, Le Pro­grès écrit, avec une cer­taine ironie :

«Si vous craignez Bill Gates et ses vac­cins vous implantent des puces sur fond de 5G, des euthanasies mas­sives au Riv­otril dans les Ehpad, ou encore d’être con­trôlé par un con­fine­ment inutile, le film Hold-up est pour vous. Et cet arti­cle aussi. »

Le Pro­grès pose ensuite la ques­tion : « Hold-up est-il com­plo­tiste ? ». Pos­er la ques­tion, c’est y répon­dre : « Sans aucun doute ». Hold-up est com­plo­tiste, le mot mag­ique a été prononcé.

À l’instar des médias de grand chemin, Le Pro­grès veut con­va­in­cre ses lecteurs que Hold-up n’est fiable sur aucun point. L’article dénonce les « inex­ac­ti­tudes » ou «erreurs factuelles» de ce doc­u­men­taire, esti­mant par exem­ple que «l’immunité col­lec­tive (…) reste sci­en­tifique­ment du domaine du mirage»…Ce point qui fait tou­jours débat aujourd’hui par­mi les sci­en­tifiques, trou­ve mirac­uleuse­ment sa solu­tion au Pro­grès. Hold-up remet forte­ment en cause l’efficacité et l’utilité du con­fine­ment ? C’est de la «mal­hon­nêteté intel­lectuelle» assène Le Pro­grès, alors même que cer­taines chaînes, comme LCI dans son émis­sion 24h Pujadas le 18/11/2020, recon­nais­sent que la baisse des con­t­a­m­i­na­tions est inter­v­enue avant le deux­ième confinement…

Comprendre plutôt qu’interdire ?

La ques­tion ici n’est pas de défendre à tout prix Hold-up, ni même de le faire pass­er pour la pilule rouge qui ramène Néo à la réal­ité dans le film Matrix. Cer­tains pour­ront reprocher au doc­u­men­taire de faire inter­venir des per­son­nal­ités aux pro­pos peu crédi­bles : par exem­ple dénon­cer un com­plot mon­di­al des­tiné à tuer toute une par­tie de la pop­u­la­tion. Mais de tels pro­pos alarmistes n’occupent qu’une petite frange du doc­u­men­taire, ce n’est pas le fond de l’ensemble de l’œuvre. Tam­pon­ner sous le label «Com­plo­tiste» tout le con­tenu du doc­u­men­taire est réduc­teur et le ban­nir ou le cen­sur­er ne peut que ren­forcer la méfi­ance du public.

La ques­tion serait plutôt de com­pren­dre la polémique provo­quée par Hold-up. La marée médi­a­tique cri­ant au com­plo­tisme au sujet de Hold Up, est pour­tant la même que celle qui a créé un ter­reau prop­ice à toutes les inquié­tudes. Nom­bre de jour­naux ont pub­lié des prévi­sions très/trop alar­mantes dès le début de l’épidémie. Le Monde a par exem­ple annon­cé en mars dernier que « l’épidémie de Covid-19 pour­rait provo­quer en France 300 000 à 500 000 morts ». Est-ce du com­plo­tisme ? BFMTV a fait le décompte des morts tous les soirs, affolant ses téléspec­ta­teurs. Le Pro­grès oublie (volon­taire­ment ?) que ce sont ces médias qui ont créé ce cli­mat anx­iogène, apoc­a­lyp­tique, engrais idéal pour toutes les inquié­tudes et pour l’essor de n’importe quelle théorie. Si les 500 000 morts annon­cés n’étaient qu’une chimère médi­a­tique, l’affolement et les mesures gou­verne­men­tales qui s’en sont ensuiv­ies pèsent encore lourd.

Après avoir enten­du tout et son con­traire d’une semaine à l’autre, après s’être vu inter­dit le masque puis être obligé de le porter, après avoir appris que l’étude du Lancet prou­vant la dan­gerosité de la chloro­quine n’était qu’une étude bidon­née, rares sont les per­son­nes en France per­suadées de l’entière jus­ti­fi­ca­tion des mesures imposées. Et c’est bien à cela que la doc­u­men­taire Hold-up fait référence.

Le tiroir géant du complotisme

Évo­quer l’ensemble des faits est essen­tiel pour appréhen­der la polémique pop­u­laire provo­quée par Hold Up. Une atti­tude jour­nal­is­tique clas­sique en somme, la méth­ode de base d’un jour­nal­iste. Le Pro­grès préfère s’attaquer directe­ment à cer­taines par­ties (cri­ti­quables) du doc­u­men­taire, pour jeter l’ensemble dans un seul tiroir, celui du com­plo­tisme. Ce tiroir géant où tous ceux qui s’étonnent, tous ceux qui s’interrogent, tous ceux qui sont déçus d’un gou­verne­ment ban­cal, sont éti­quetés comme naïfs, para­noïaques et finale­ment qua­si idiots. Vous n’êtes pas en adéqua­tion avec le médi­a­tique­ment cor­rect ? Vous craignez les con­séquences des mesures éta­tiques pour votre avenir ? Vous êtes un com­plo­tiste, cer­tains diraient un gaulois réfractaire.

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