« On joue ! », dans la version originale : « Jatékban vagyunk » – c’est le slogan de la télévision hongroise MTV qui commença à émettre quelques semaines après la répression sanglante de l’insurrection de 1956 par les chars soviétiques.
Une télévision qui pendant de longues décennies resta la seule et unique chaîne et qui n’émettait pas le lundi. L’arrivée massive d’émetteurs privés après 1989 a totalement transformé le paysage audiovisuel en Hongrie. Mais ce n’est que ces dernières années que la télévision publique a développé son offre et amélioré la qualité de ses émissions.
Aujourd’hui, la télévision publique hongroise, ce sont 4 chaînes thématiques : M1 pour les informations, M2 pour les dessins animés et programmes pour enfants, M3 pour les films et M4 pour le sport. Il y a encore la chaîne de cinéma et de divertissement TV2 qui fait depuis des années une concurrence acharnée à la chaîne allemande RTL Klub pour le titre de chaîne la plus regardée du pays, et aussi Duna et Duna World qui s’adressent aux téléspectateurs en Hongrie et à l’étranger.
C’est la chaîne d’information en continu M1 qui joue le premier rôle dans la vie politique. Elle est considérée comme pro-gouvernementale par la gauche libérale-libertaire. Ce n’est pas faux dans la mesure où la télévision publique hongroise a toujours été pro-gouvernementale, y compris à l’époque des gouvernements de la gauche et des libéraux. La télévision publique n’avait par contre encore jamais atteint un tel niveau de qualité et de professionnalisme, et cette affirmation vaut aussi pour sa chaîne M1.
Outre le bloc des programmes du soir résumant la journée écoulée, le point fort de M1, c’est le bloc d’information qui dure 3 heures chaque matin avec notamment de courtes relations en direct des correspondants de la chaîne à Bagdad, Vienne, Paris, Washington, etc. Sans les rapports des correspondants de M1 depuis le Moyen-Orient, le gouvernement hongrois aurait sans doute réagi à la vague d’immigrants musulmans moins vite et de manière moins décidée.
M1 propose aussi de nombreuses discussions avec des experts à la fois pour les questions internationales et nationales. Par contre, les hommes et femmes politiques des partis au pouvoir et de l’opposition ne sont pas souvent invités dans les studios de M1. Et s’ils sont invités, ce ne sont pas les leaders de ces partis. Cette règle vaut aussi pour les ministres qui délèguent généralement dans les émissions de télévision leurs adjoints compétents pour les questions discutées.
Le premier ministre Viktor Orbán lui-même préfère la radio pour son interview hebdomadaire (le vendredi ou le lundi) de 30 à 60 minutes. La stratégie de communication du gouvernement, pour ce qui est de la télévision, s’appuie plutôt sur les conférences de presse de János Lázár, ministre sans portefeuille et chef du cabinet du premier ministre. Lors de ces conférences de presse fréquentes et qui durent parfois plusieurs heures, János Lázár, juriste de formation, brille généralement par sa connaissance des sujets et son habileté oratoire qui le placent largement au-dessus des journalistes qui posent les questions. Cela lui vaut de faire l’objet de spéculations sur sa qualité de successeur potentiel de Viktor Orbán à la tête du gouvernement et du parti Fidesz.
Pour revenir à la chaîne de télévision M1, une autre chose qui mérite l’attention, c’est l’annonce des informations du jour répétée plusieurs fois par heure, par blocs d’une minute à peine, avec un gros plan sur le visage du présentateur. Une autre curiosité, ce sont les informations émises entre 23h00 et 4h00 en anglais, allemand et… chinois (Duna World propose encore plus d’informations et d’émissions dans ces langues).
Si l’on ajoute à cela l’équipe de journalistes choisis non seulement pour leur présentation mais surtout pour leurs compétences, et qui sont donc d’âge moyen ou même avancé, il n’est pas surprenant que la chaîne M1 ait été regardée par 4 % des téléspectateurs en moyenne l’année dernière, ce qui est plutôt beaucoup pour une chaîne d’informations et ce qui laisse loin derrière les concurrents, HírTV et Echo.