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Huit quotidiens du 11 mai : déconfinement à la Une !

15 mai 2020

Temps de lecture : 7 minutes
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Huit quotidiens du 11 mai : déconfinement à la Une !

Temps de lecture : 7 minutes

Lundi 11 mai 2020, après deux mois d’occupation par le coronavirus, la France et les Français sont progressivement déconfinés, la zone libre de virus ayant priorité sur la zone rouge et sa frontière avec l’Allemagne. Qu’en disent les quotidiens ? Petite revue des Unes du 11 mai.

Le ton général de l’ensemble des médias est sim­ple comme un élé­ment de lan­gage gou­verne­men­tal : les Français vont pou­voir sor­tir, grâce à l’efficacité de la poli­tique de con­fine­ment menée par des min­istres chaque matin dans les stu­dios des mati­nales des radios et chaque jour sur le front des chaînes de télévi­sion en con­tinu. Ils vont souf­fler, les Français, par la béné­dic­tion par­ti­c­ulière de la réou­ver­ture des écoles, sauf celles où les enseignants sont encore une fois un peu grognons du fait d’un pro­to­cole san­i­taire digne d’une guerre non ter­minée. En tout cas, un fait est sûr : plus aucun quo­ti­di­en n’interroge les caus­es de la fer­me­ture des écoles et du con­fine­ment (les enfants étaient alors un des vecteurs de la pandémie et de pos­si­bles vic­times). Du coup, quelles sont les infor­ma­tions mis­es à la une ? Tour d’horizon du 11 mai.

La Croix

La Croix

La Croix

La Croix, qui s’était illus­trée par son sou­tien vivace aux musul­mans durant le ramadan, après avoir oublié l’existence du carême, s’interroge sur « Ce que nous en retien­drons » en don­nant la parole démoc­ra­tique­ment à cent personnes.

Trois extraits de témoignages mis en avant : « la valeur de la vie humaine », « une aven­ture absol­u­ment incroy­able », « moins de pro­jets, plus de vie ».

Les croy­ants chré­tiens ayant per­du des proches sans les revoir, les enter­rer, tout en étant inter­dit de culte apprécieront cette cou­ver­ture du prin­ci­pal quo­ti­di­en dit catholique de France.

Aujourd’hui en France

Aujourd’hui en France

Aujourd’hui en France

Aujourd’hui en France fait le même choix édi­to­r­i­al de témoignages mais avec comme titre : « Si on redé­marre c’est grâce à eux ».

Le quo­ti­di­en donne ain­si la parole aux soignants, avec rai­son, le prési­dent ayant déclaré la guerre, ils étaient sur le front médi­cal. Il donne aus­si la parole à des témoins des autres métiers qui ne se sont pas arrêtés, sou­vent métiers de ceux dont il était dit qu’ils « ne sont rien ».

Une par­tie de la France qui se lève tôt n’est en effet pas par­tie faire la grasse mat­inée tous les jours, le télé­tra­vail ne cor­re­spon­dant pas à cer­tains métiers. Elle ne le dit pas encore mais des sources provin­ciales font remon­ter que l’idée gou­verne­men­tale de leur sup­primer les vacances cette année va mal passer.

Le Figaro

Le Figaro

Le Figaro

Le Figaro fait dans la var­iété avec des titres d’égale impor­tance ou presque : « Com­ment le télé­tra­vail s’impose dans nos vies », « Le trump­isme au révéla­teur du coro­n­avirus », « coro­n­avirus, les Français cham­pi­ons de la défi­ance envers leurs gou­ver­nants » (dont il faut rap­pel­er qu’ils voulurent enfer­mer tous les dan­gereux enfants avant de les libér­er pour cause de men­ace non avérée ; qu’ils refusèrent de mas­quer ces Français, les masques n’ayant pas, ici, de fonc­tion pro­tec­trice a con­trario de ce qui se vit au quo­ti­di­en dans toute l’Asie du sud-est ; qu’ils mirent en place une plate­forme de l’information autorisée…).

Ce sont les trois prin­ci­pales accroches. Le quo­ti­di­en de la droite libérale a l’imagination un peu en berne.

Les Échos

Les Échos

Les Échos

Les Échos ose titr­er, avec en fond une pho­to de l’Arc de Tri­om­phe, « Une nou­velle ère ». L’hyper-libéralisme se car­ac­térise aus­si par son humour involontaire.

Six sous-thèmes : risque pour le gou­verne­ment, sec­onde vague pandémique, entre­pris­es, trans­ports, écoles, dettes européennes.

Deux autres accroches : « Le plan d’Air France pour réduire rapi­de­ment ses effec­tifs » (façon libérale lib­er­taire de dire « fiche des vies par terre ») et « L’arsenal des ban­ques français­es face à un choc sans précé­dent » (ce qui s’appelle « Une nou­velle ère » pour Les Échos, celle des ban­ques à sauver). L’éditorial ne s’en cache pas : « L’État a fait le job, à nous de pren­dre le relais ».

Dans les pages des Échos, il n’y a aucun doute : un autre monde n’est pas possible.

Libération

Libération

Libéra­tion

Libéra­tion con­tin­ue de s’amuser avec la France coupée en rouge et vert, illus­tra­tion appuyée par un titre à la Libéra­tion : « Décon­fine­ment : retour à l’anormal ».

La rédac­tion n’a pas osé “para­nor­mal”.

Comme dans d’autres quo­ti­di­ens, Libéra­tion est « allé son­der l’état d’esprit du pays, soulagé mais tou­jours inqui­et… ».

C’est un enseigne­ment impor­tant de la sit­u­a­tion médi­a­tique française durant la crise san­i­taire : radios, télévi­sions et presse don­nent tant la parole à une pop­u­la­tion choisie avec « finesse » que le jour­nal­isme réel et l’information ont disparu.

Le Monde

Le Monde

Le Monde

Le Monde, daté du 12 mai quant à lui, quo­ti­di­en du soir oblige, met en cou­ver­ture une accroche ras­sur­ante : « La nou­velle phase d’une crise appelée à dur­er ».

Comme le dit un proche du quo­ti­di­en, Emmanuel Macron, il va y avoir de pro­fondes « évo­lu­tions sociales », ce que le prési­dent nomme « réin­ven­tions ».

La pho­togra­phie prise dans le métro ne manque pas d’humour : deux femmes asi­a­tiques masquées, sta­tion Franklin-Roosevelt.

Au cœur du peu­ple, Le Monde se prendrait-il à rêver de démoc­ra­ties à l’asiatique ?

L’Opinion

L’Opinion

L’Opinion

L’Opinion fait sem­blant de s’inquiéter, sans doute par volon­té d’être au dia­pa­son de ses quelques cen­taines de lecteurs : « Les Français décon­finés mais défi­ants ».

L’éditorial de Marie-Cather­ine Beuth ne le cache d’ailleurs pas, il y a mal­heureuse­ment « une petite musique » qui en appelle aux « chimères du monde d’après ».

Après avoir appelé le gou­verne­ment à réformer à tout va depuis 2017, L’Opinion fustige ceux qui voudraient réformer sous peu.

Une ligne édi­to­ri­ale en forme de pen­sée complexe.

L’Humanité

L’Humanité

L’Humanité

L’Humanité pour­suit son tra­vail de refon­da­tion en appelant à « penser un homme nou­veau », con­cept qui pour­ra laiss­er pan­tois les per­son­nes d’un cer­tain âge ayant survécu au stal­in­isme puis aux EHPAD.

Le prin­ci­pal titre est d’ailleurs en forte con­tra­dic­tion avec l’histoire du com­mu­nisme, sous la forme défendue par le quo­ti­di­en tout au long de son his­toire : « en lib­erté sur­veil­lée ».

De mau­vais­es langues pour­raient se deman­der si ce n’est pas la Une d’un jour­nal clan­des­tin hon­grois des années 50 du siè­cle passé.

Un élé­ment n’aura échap­pé à per­son­ne dans toutes ces Unes : la cri­tique du gou­verne­ment et de son action ou inac­tion, de son incom­pé­tence, ne fait plus les gros titres.

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