Dans un article d’abord publié fin août puis mis à jour le 11 septembre 2023, le journal 20 Minutes titre, dans sa rubrique High-Tech, au sujet d’une étude selon laquelle « Les IA comme ChatGPT pourraient créer plus d’emplois qu’elles n’en détruiront ». Le sous-titre indique que « La plupart des industries ne seraient que faiblement exposées aux conséquences de l’explosion des IA génératives ».
Comme si des secteurs entiers, tels que les médias classiques, ainsi que de nombreux métiers touchant au rédactionnel, à commencer par celui de journaliste ne risquaient pas à terme purement et simplement de disparaître.
Une étude publiée par l’Organisation Internationale du Travail
L’OIT est une structure des Nations Unies (ONU). L’étude vise à analyser l’effet éventuel des différentes IA génératives et des divers chatbots sur le monde du travail. Elle procède des craintes nées du lancement de ChatGPT en novembre 2022, IA vite apparue comme une révolution. Des bots comme ChatGPT étant en mesure de produire des travaux à la place des humains, et à un rythme sans commune mesure, les craintes se sont surtout portées sur les risques de pertes en masse d’emplois. L’OIT n’est pas en accord avec cette analyse. L’opération ressemble fortement à une volonté de rassurer face à un monde, en particulier médiatique, au sein duquel plus aucune information risque de ne pouvoir être vérifiée. Un monde de fakes permanents ?
La vision de l’OIT
Bien sûr, le travail de bureau est très exposé mais selon l’étude « L’IA devrait accompagner plutôt que remplacer certaines activités ». Accompagner quoi ? Les journalistes en voie de disparition répercutant des prétendues informations produites par ChatGPT ? Elle indique aussi que « La première conséquence de cette nouvelle technologie ne se traduira probablement pas par la destruction d’emplois, mais plutôt par des changements potentiels dans la qualité des emplois, notamment l’intensité du travail et l’autonomie ». On imagine aisément la perte d’autonomie dans une rédaction.
Les conséquences de l’emploi des IA génératives seraient très variables selon les professions et les domaines d’activité, mais aussi selon les zones géographiques. Les femmes seraient en première ligne des risques, le travail dans les bureaux étant le plus menacé.
Pour les cadres et les techniciens, seule une faible partie des activités seraient touchées. Les pays riches subiraient par nature les effets les plus importants d’un développement de l’automatisation gérée par l’IA. Cependant cela ne concernerait qu’environ 5 % des emplois, et moins de 0,5 % dans les pays à faibles revenus.
Plus ou moins d’emplois et lesquels ?
La conclusion de l’article porte sur la vision optimiste de l’OIT, finalement reprise par 20 Minutes :
« parallèlement, malgré les différences entre pays riches et pays pauvres, le nombre potentiel d’emplois créés par l’IA est pratiquement le même dans tous les pays. Ce qui suggère qu’avec « les bonnes politiques en place, cette nouvelle vague de transformation technologique pourrait offrir des avantages importants aux pays en développement », selon l’OIT.
Il n’y aurait donc pas de quoi fouetter un chat… ce que ne dit pas l’OIT c’est que ces emplois seraient avant tout des emplois répétitifs, reprenant des productions rédactionnelles et visuelles non générées par des humains. Quoi de plus destructeur dans le monde médiatique et de plus dangereux pour le métier de journaliste ?