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IA, réseaux sociaux : Křetínský et Olivennes dénoncent une menace contre le débat démocratique et les médias traditionnels

23 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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IA, réseaux sociaux : Křetínský et Olivennes dénoncent une menace contre le débat démocratique et les médias traditionnels

Temps de lecture : 4 minutes

C’est dans le cadre des États généraux de l’information que Denis Olivennes, président d’Editis et président du conseil de surveillance Czech Média Invest (CMI) et Daniel Křetínský, aux manettes du groupe CMI, ont publié une tribune dans Le Figaro pour faire part de leurs inquiétudes sur l’avenir de l’information à l’heure de l’explosion du numérique.

« Un immense dan­ger plane sur l’information. […] Il nous paraît urgent de s’alarmer et d’agir. L’Europe le peut. Si elle ne le fait pas, la France, patrie de la lib­erté, le doit. » Le ton est grave, la plume lourde de solen­nité : Daniel Křetín­ský et Denis Olivennes : dans une tri­bune inti­t­ulée : « Le vrai dan­ger qui pèse sur l’information n’est pas celui qu’on croit », ces deux habitués des médias livrent leur vision de l’état de l’information à l’ère numérique.

L’information à l’ère numérique : quel état en France ?

Pour les deux rédac­teurs, le « plu­ral­isme de l’information est garan­ti » et « toutes les sen­si­bil­ités poli­tiques, économiques, sociales, cul­turelles et con­fes­sion­nelles sont représen­tées ». Le pro­fes­sion­nal­isme des rédac­tions serait à leurs yeux assuré par les trente mille jour­nal­istes tit­u­laires d’une carte de presse, pour un quart issu des écoles de jour­nal­isme. De même, il leur appa­raît que « la respon­s­abil­ité déon­tologique et juridique des médias est solide­ment inscrite dans le droit ». Et si des per­spec­tives d’amélioration de ces points leur sem­ble pos­si­ble, notam­ment par l’intermédiaire des États généraux de l’information, ils con­sid­èrent que le « point cru­cial n’est pas là ».

La prolifération numérique : un « immense danger » pour les médias traditionnels

Face à des médias tra­di­tion­nels qu’ils sem­blent juger qua­si irréprochables (des médias « respectueux des valeurs démoc­ra­tiques et de la loi », Křetín­ský et Olivennes red­outent la pro­liféra­tion numérique, « sources agrégeant d’énormes audi­ences, présentes sur des plate­formes dis­posant de moyens financiers, tech­nologiques et humains sim­ple­ment incom­men­su­rables à ceux des médias tra­di­tion­nels et qui ne sont ni pro­fes­sion­nelles ni plu­ral­istes ni respon­s­ables ». Ali­men­tant les « pop­ulismes », atten­ta­toires à la « vie privée, répu­ta­tion ou dig­nité des per­son­nes », ces organes « saperaient » le « débat démoc­ra­tique ». Et le développe­ment de l’intelligence arti­fi­cielle, le prob­lème risque selon eux de s’amplifier, avec l’émergence de « deep fake » notamment.

Face aux dangers, quelles solutions ?

Le mil­liar­daire tchèque Daniel Křetín­ský et son acolyte directeur général de Libéra­tion Denis Olivennes ne veu­lent pas s’y résoudre : il exis­terait des solu­tions face à de telles offen­sives. L’octroi d’un statut de « qua­si-édi­teur » aux plate­formes hébergeant les con­tenus appa­raît comme une solu­tion viable aux auteurs de la tri­bune, qui bal­aient la notion de lib­erté d’expression avec l’anathème facile : « Dans une démoc­ra­tie avancée, la lib­erté des uns s’arrête où com­mence celle des autres ». Pour les réseaux soci­aux, les deux hommes de presse esti­ment que la respon­s­abil­ité des édi­teurs des plate­formes doit être engagée en cas d’atteinte à la loi et que l’anonymat des util­isa­teurs doit être levé. Ils con­sid­èrent par ailleurs que les vidéos exé­cutées par l’intelligence arti­fi­cielle doivent être sig­nalées et que les annon­ceurs publics et privés devraient pub­li­er leur part d’investissements pub­lic­i­taires dans les plate­formes et les médias.

Un phénomène à l’origine de « l’explosion du populisme » ?

Si l’on en croit les auteurs de la tri­bune, l’absence d’engagement de respon­s­abil­ité de telles plate­formes a con­duit à « l’explosion du pop­ulisme, [la] fin du débat pub­lic rationnel, [et con­stitue une] porte ouverte aux manip­u­la­tions mas­sives de l’opinion ». Une expli­ca­tion pra­tique, qui évit­era aux auteurs de s’interroger sur d’éventuelles défail­lances d’un mode de gou­verne­ment qui n’appelle qu’un intérêt lim­ité de la pop­u­la­tion. Face à ce qu’ils tien­nent pour un « dan­ger mor­tel pour nos démoc­ra­ties », ils s’en remet­tent aux États généraux de l’information. Des EGI qui auront « réus­si leur pari s’ils parvi­en­nent à dégager un con­sen­sus sur l’urgence d’une régu­la­tion forte des plate­formes, des réseaux soci­aux et de l’intelligence arti­fi­cielle ». Des EGI qui ne s’inquiètent que peu des nou­velles formes de cen­sures qui se multiplient…

Voir aus­si : Denis Olivennes, portrait

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